Quand la pression est trop grande ?

À l’arrivée des 30 ans (ou plutôt même un peu avant) les questions ont commencées à fuser :

Alors 8 ans ensemble ? Et les bébés vous y pensez ? Ça serait chouette iel aurait des cousins.es de son âge ?

Angoisse ultime, un bébé pourquoi pas ? Mais, et si ça marche pas ? Et si ça marche et que quelque chose ne va pas ? Et si ça marche, comment le dire au boulot ? Et le sport ? Et les copains ?

Avant même de lancer les essais, l’angoisse de la gestion d’une grossesse s’est posée…

La grossesse

Dès le début d’une grossesse, je ressens une pression : intérêt de se tenir à carreaux, de faire de mon corps un temple, d’arrêter l’alcool, le café, le fromage, etc. Des âmes bien intentionnées expriment aussi leurs désaccords et leurs propres inquiétudes… Il me faudrait arrêter le vélo et les balades sur la neige dans le Jura à deux mois de grossesse.

Petit à petit le ventre s’arrondit et devient visible. Alors les conseils fusent, parfois bien reçus s’ils sont sollicités, beaucoup moins lorsqu’ils sont spontanés et non demandés. Apparemment, le ton péremptoire est de mise avec les nouvelles mères. Que ce soit sur la prise de poids, ce que l’on mange ou même combien de temps nous avons prévu de prendre avec le futur enfant.

Les annonces effectuées au boulot se font sans problème. Comme quoi l‘intériorisation de certaines normes sociales supposées peut être fortement erronée. Je prépare mon congé maternité. Mais encore des pressions, surtout si vous êtes français dans un monde allemand/suisse-allemand. Les français trouveront votre congé maternité (trop) long (~16 semaines) et les allemands pourront, dans certains cas, vous dire qu’on ne fait pas des enfants pour les faire élever par d’autres (#truestory) et que 1 an (non payé en Suisse allemande) est un minimum…

Le post-partum

Cette pression extérieure s’est énormément concrétisée à la naissance de ma fille. J’avais lu beaucoup de choses en fin de grossesse sur la bienveillance, la parentalité positive, les activités à effectuer : hygiène naturelle infantile, langue de signes, motricité libre, diversification menée par l’enfant, cododo, maternage proximal, allaitement prolongé. J’avais réussi, avant la naissance, à exclure certaines choses véhiculées comme « super » mais que je ne voulais pas faire, par exemple:

  • Pas de langue des signes : je suis francophone mais ma fille commencera la crèche à 5 mois où les auxiliaires de puériculture parlent en anglais et en allemand et ne pratiquent pas la langue des signes.
  • Pas d’hygiène naturelle infantile : je n’était pas convaincue de l’effort nécessaire et ne voulait pas être la seule personne à mettre cela en place chez nous.

Ces musts, tant prônés par les réseaux sociaux, m’ont laissée dans un état de stress et de pression tel que j’étais très peu fonctionnelle et sombrais petit à petit dans un état léthargique tant émotionnel que physique. De plus, ma mère est psychologue de la petite enfance, formée avec la pédagogie Pikler Loczy (mais pas que). Un autre tas d’injonctions et de manières de faire, intégrées dès ma plus tendre enfance, remontent donc de ma propre éducation.

Mais d’où viennent toutes ces normes ? Et le reste ? Pourquoi d’un seul coup devoir suivre cela, la langue des signe par exemple ? Que puis-je adapter à ma propre parentalité et celle de mon conjoint ? Jusqu’où s’impliquer ?

Je comprends maintenant grâce à de long mois difficiles, des réflexions un peu plus avancées que j’ai vite cédé à la culpabilisation omniprésente des réseaux sociaux et de l’entourage.

Ce sont les mêmes personnes qui disent renoncer à une éducation violente pour les enfants […] que les leviers de la peur et la menace sont de mauvais leviers éducatifs dont il faut se débarrasser et qui vont utiliser ces mêmes leviers dans l’éducation qu’ils proposent aux parents

SHOCKING ! #18Éducation positive ? Vraiment ? – avec Béatrice Kammerer

Cette phrase, entendue dans un épisode du podcast Méta de choc (que je vous invite a écouter), résonne en moi. Qui ne veut pas éduquer au mieux son/ses enfant.s ? Pourquoi certain.e.s d’entre nous sommes immédiatement plongé.e.s dans cette culpabilisation consistant à se dire que tout geste/élévation de la voix ou choix parental casse ou abîme l’enfant immédiatement ? Attention, je ne parle pas ici de maltraitances avérées qui nécessitent des placements et la protection de l’enfance. Et enfin pourquoi n’y aurait-il qu’une seule recette optimale pour l’éducation des enfants, recette qui change donc à chaque génération, mais pas pour chaque enfant ?

Enfin pourquoi est-ce à moi de réfléchir autant à comment élever ma fille ? Quid de mon conjoint ? Comment allons NOUS la rendre heureuse ? Quels sont nos objectifs ? Comment m’y retrouver, survivre à cette explosion de sentiments, demandes, pressions ?

Lors de mon congé maternité, je décide petit à petit de me laisser porter. Je suis convaincue (personnellement) aussi de la curiosité de l’enfant par défaut pour son environnement en soi et décide de privilégier nos interactions mais de la laisser aussi explorer doucement sans activités dédiées, ce qui pourrait parfois être appelé le jeu libre.

La révélation

Et je tombe plus tard sur un article de blog de Mme Captain qui transmet je crois une grande partie de ma frustration ressentie et des problèmes actuels. La lecture de son billet, 1 an et demi après la naissance de S. a énormément résonné en moi. Mme Captain a d’autres problématiques que les miennes mais son article, que je vous invite à lire, explique aussi très bien les injonctions des réseaux sociaux (car qui ne veut pas le meilleur pour ses enfants ?) et la culpabilisation qui en résulte.

Quelques pistes additionnelles

Pour décompresser

Je ne peux que vous conseiller le compte Instagram d’Ophélie Bourgeois – @gardetesconseils

Pour explorer les injonctions actuelles sur les parentalités et la fondation de certains dogmes

Méta de Choc – SHOCKING ! #18
Éducation positive ?– Vraiment ? avec Béatrice Krammer

« Quel parent ne souhaite proposer à son enfant un cadre qui lui permettra de devenir un adulte épanoui, capable d’identifier et d’exprimer ses besoins, ses désirs et ses talents ?

Ces 20 dernières années, l’éducation positive a fait son chemin dans nos esprits, jusqu’à devenir une notion incontournable du paysage de la parentalité. Si cette pratique semble aujourd’hui tomber sous le sens, il m’est apparu important d’aller justement la questionner, la scruter dans ses recoins parfois obscurs, pour que celles et ceux qui y ont recours le fassent en connaissance de cause, hors d’une adhésion de principe à ce qui, il faut bien l’admettre, flirte finalement assez souvent avec les injonctions et le dogme.

Pour ce faire, je suis allée à Lyon, rencontrer Béatrice Kammerer, journaliste scientifique, spécialiste de l’éducation.« ​

Épisode 55 – Sois Sage et Parle Fort
Madam Captain : le dogme de la parentalité bienveillante, j’étais tombée en plein dedans (partie 1/2)

« J’ai réalisé que la parentalité bienveillante et respectueuse telle que je m’évertuais à l’appliquer était d’une violence inouïe pour mon enfant, mais surtout pour moi, maman. » Madeline alias Madam Captain sur les réseaux sociaux est une femme avec un grand F qui parle fort. Maman de 2 enfants et enseignante dans la vie, elle écrit sur l’internet sous le pseudo Madeline. Son article “aliénation des mères 2.0 adieu” mérite d’être lu, et il a eu l’effet d’une bombe sur moi, alors même que je ne suis pas mère.
Madam Captain écrit autant sur la parentalité que sur la libido, le burn-out parental ou la neuroatypie de Mini Captain, les stimulateurs de clitoris ou les théories complotistes, mais surtout sur la mouvance sectaire de l’éducation bienveillante. Il n’est pas un jour sans qu’un contenu parentalité parle de méthode Montessori, portage naturel, coopération avec l’enfant, ou technique pour s’assurer du développement cognitif de son petit. Le genre d’article qui indique de ne pas dire NON, d’expliquer tout à l’enfant, d’initier à la médiation dès 3 ans ou de pratiquer le cododo pour respecter l’instinct naturel.
Problème : ce courant a priori bénéfique a ses gourous et prend aussi des tournures de secte, culpabilisant toujours plus les parents et a fortiori les mères. Qui oserait aller à l’encontre d’une mouvance qui promeut le meilleur pour les enfants ? Madam Captain en a été victime, comme beaucoup. Elle a décidé de parler fort et dénoncer.
– L’origine : neurosciences et sources nébuleuses
– Dolto, Filiozat, Montessori et le reste : #moneymoneymoney
– Course à la perfection, peur de mal faire et culpabilité permanente
– Mouvance sectaire : dénoncer les excès et le burn-out parental
– Le chaudron de l’amour : l’enfant a besoin de limites et d’amour
– Réseaux sociaux, coachs en parentalité, biais de confirmation : danger
Un épisode qui s’adresse à tous : l’éducation et la parentalité est un sujet éminemment politique et intrinsèquement lié à la société patriarcale dans laquelle nous vivons. Merci à @madam_captain et suite de l’épisode dans la partie 2 à venir. Ecris-moi à @marie_la_graine et laisse une note ou un commentaire sur ton application de podcast ! »

Épisode 56 – Sois Sage et Parle Fort
Madam Captain : les déviances de la parentalité positive sont la conséquence d’un problème sociétal (partie 2/2)

«  »Je le répète encore et encore : ceci est ton rappel hebdomadaire pour te dire que tu es une bonne mère. »

La partie 1 de l’épisode semble avoir fait l’effet d’une révélation à certain.es, d’un soulagement pour d’autres : réaliser qu’ils.elles n’étaient pas seul.es, mais que peu osaient en parler.

Je suis à la fois très heureuse d’avoir pu donner voix à Madeline, et à la fois très inquiète. Je n’imaginais pas un instant toute la souffrance que peuvent traverser les mamans (et papas) perdus. Enfermés dans des croyances rigides, soumis à des injonctions culpabilisantes et toujours plus convaincantes. Face à tous ces témoignages de parents en burn-out, épuisés de la course à l’éducation parfaite, honteux de se mettre en colère, de perdre patience, de mettre le petit devant un écran, culpabilisant de s’octroyer un moment pour soi …

Mais la dérive de la parentalité positive et ses excès ne sont-ils qu’une « tendance » malsaine de plus sur les réseaux sociaux ? En réalité, non. Les abus de la parentalité positive sont avant tout la conséquence d’une société profondément patriarcale, validiste, classiste et dans une dynamique d’oppresseur.

Dans cet épisode :
– Réseaux sociaux : vices d’instagram, clans, influenceurs « famille positive »
– Parents : face aux injonctions, méfiez-vous
– L’éducation bienveillante : questions politiques, problématiques structurelles
– Respect de l’enfant : quelle limite ?
– Les solutions : se protéger, ne plus se sacrifier

Madeline et moi le savons: pour se permettre de l’ouvrir, il faut aussi être un peu sage. Un peu. Pour parler encore plus fort. N’oubliez-pas de venir nous dire ce que vous en avez pensé par message et de partager l’épisode autour de vous. Retrouvez Madeline sur instagram @madame_captain et moi-même sur @marie_la_graine »

Article relu par @bebatut et @mamaorhum. Image de Francesca Zama depuis pexels


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