C’est une habitude qu’avait perdu Renaud Lavillenie depuis quelques temps. Voilà près de 5 ans que le perchiste français n’avait pas franchi la barre symbolique des 6 mètres en compétition. À Tourcoing, l’anomalie a été résolue au terme d’un concours qui a vu un trio français monter sur le podium.

La peur du COVID

C’est une autre habitude à laquelle, cette fois, on aura toujours du mal à s’y faire. C’est dans des conditions sanitaires strictes que s’est déroulé « Perche en Or » à Tourcoing, deuxième étape nationale du Perche Elite Tour. Pas de public, masque obligatoire et toute la litanie de mesures bien connue désormais. Mais du côté des organisateurs, on profite de maintenir un tel événement : « L’organisation a été compliquée depuis le début en juillet. Depuis quelques semaines, on espérait quotidiennement qu’il n’y ait pas d’annonces nous empêchant de maintenir le meeting. »  explique Adèle Debast, une des organisatrices du meeting.

Crédit Photo : Eloi Thouault

Au final, rien de tout cela mais le COVID aura tout de même impacté la startlist, empêchant entre autre le champion du Monde 2011 Pawel Wojciechowski de venir concourir dans le Nord. « Les mesures sanitaires nous ont empêché d’accueillir tous les athlètes étrangers qui souhaitaient venir ». Même soucis pour quelques athlètes américains et anglais, refroidis à l’idée de rester à l’isolement en pleine saison indoor.

Qu’importe, la place privilégiée dans le calendrier, à un mois des Championnats d’Europe et à 10 jours du meeting de Liévin, a permis au meeting d’accueillir tout de même de beaux noms.

La surprise Ethan Cormont

Avec Renaud Lavillenie, les Américains Chris Nielsen (record à 5,95m), Jacob Wooten et Matt Ludwig (record à 5,90m), peu de monde auraient misé sur un podium d’Ethan Cormont, jeune espoir de 20 ans. Après avoir passé 5m28 en deux tentatives, le perchiste de Maisons-Alfort passe sans soucis 5m43 puis 5m53. Mais le jeune Français se crispe à 5m63. Il passe finalement cette barre à sa troisième et dernière tentative, un véritable soulagement : « J’ai galéré sur cette barre mais j’ai eu un déclic dans ma tête quand je l’ai passée. Je me suis dit qu’il fallait que je débranche le cerveau pour aller encore plus haut » raconte sourire au lèvre le benjamin du concours. Mission d’autant plus réussie pour Ethan Cormont puisqu’ils sont nombreux à avoir quitté le concours à cette marque à l’instar des frères Collet ou, plus surprenant, de Chris Nielsen et Jacob Wooten

Ethan Cormont s’est hissé à la troisième de « Perche en or » validant ainsi son billet pour les championnats d’Europe. Crédit Photo: Eloi Thouault

Le jeune Français a ensuite sauté à 5m72 validant ainsi sa place aux championnats d’Europe en mars prochain : « C’était un objectif personnel car j’ai un projet olympique. Pour cette année, il reste encore une place, c’est faisable ». À 5m80, Ethan Cormont a manqué de fraîcheur pour battre une nouvelle fois son record personnel : « J’ai pris le risque de commencer bas pour poser des bases solides, après un dernier meeting compliqué pour moi ». L’espoir tricolore termine ainsi sur le podium au côté des frères Lavillenie après avoir battu deux fois son record personnel.

Ekaterini Stefanidi a remporté ce dimanche le concours féminin de « Perche en Or ». Crédit Photo : Eloi Thouault

Autre belle surprise française, la performance d’Elina Giallurachis dans le tableau féminin. La protégée de Philippe d’Encausse a amélioré de 12 cm son record personnel, en passant une barre placée à 4m32. Une performance pleine de promesses pour la Française de 19 ans, mais toujours loin évidemment de Ekaterini Stefanidi. La championne Olympique en titre a tremblé jusqu’au bout pour s’imposer. Au terme d’un duel passionnant avec la Néerlandaise Femke Pluim, la Grecque a effacé une barre à 4m61 pour s’assurer définitivement la victoire.

Et Lavillenie entra en piste

La particularité des champions est cette capacité à attirer la lumière en en faisant le moins possible. Et Renaud Lavillenie n’a pas exempté à la règle pendant les 3h du concours. 3h pour 4 petits sauts. Une entrée très tranquille à 5m63 histoire de réchauffer le complexe Léo Lagrange. Puis, un saut à 5m80 pour s’assurer la victoire. Suit alors une discussion avec Philippe d’Encause, son entraîneur, et le jury pour placer la barre à 6m02, soit un petit centimètre au-dessus des 6m01 réalisé par son rival Armand Duplantis quelques heures auparavant en Allemagne.

Ranaud Lavillenie en pleine discussion avec son entraîneur Philippe d’Encause avant son saut à 6,02 m. Crédit Photo : Eloi Thouault

Sûr de lui, le Clermontois efface pour la première fois depuis son titre mondial indoor en 2016 une barre supérieure à 6m. C’est même la 20ème fois de sa carrière que le Français de 34 ans réalise une telle performance en compétition. « Je sentais que tout se mettait en place dans mon corps. Mais entre le sentir et le faire c’est autre chose. Et puis voilà, on a un construit un groupe extraordinaire et le résultat est là : 3 français sur le podium. C’est juste un putain de kiff ! » 

Grâce à son succès à 6m02, le Clermontois est le meilleur performeur mondial de l’année devant un Armand Duplantis qu’il retrouvera au meeting de Liévin le 9 février prochain. Le point d’orgue de ce duel entre les deux perchistes aura lieu en Pologne, le 5 mars pour les championnats d’Europe indoor. Avant une échéance olympique à Tokyo, toujours maintenue à l’heure actuelle.

Crédit photo : Eloi Thouault
Matthieu Heyman

 

Une réponse à « Meeting gagnant pour Renaud Lavillenie »

  1. Bravo ! beau reportage photos et commentaires

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