Tôgen Anki T.1&2 – Ce sera sang moi

Tôgen Anki

Le bal des nouveautés 2022 a commencé, et Tôgen Anki fait partie des premières grosses cartouches de Kana. Le titre étant un shonen nekketsu pur jus, le genre roi, l’éditeur doit avoir confiance dans le potentiel commercial de la série, qui a déjà des premiers retours positifs. J’étais donc assez curieux, appréciant plutôt le genre, et l’éditeur m’ayant envoyé ces deux premiers volumes (un grand merci pour ça), j’ai pu m’y frotter… L’occasion de constater que cette entrée en matière n’aura clairement pas su me fouetter le sang.

Tôgen Anki est la première série de Yura Urushiba, prépubliée depuis 2020 dans le Shonen Champion de l’éditeur Akita Shoten, magazine plus confidentiel que les cadors du domaine, mais qui a quand même accouché de plusieurs chefs d’œuvre absolus avec Prisonnier Riku, Beastars et Full Ahead ! Coco, entre autres. La série compte déjà 7 tomes parus au Japon, et débarque chez Kana avec ses deux premiers tomes sortis conjointement, et est traduite par Aline Kukor (je vais essayer de préciser les noms des personnes qui traduisent désormais, suite à l’article de mon estimée camarade du blog Ombre Bones).

On est face à un shonen nekketsu tout ce qu’il y a de plus classique sur son pitch et son entrée en matière, respectant vraiment le sens premier de nekketsu, à savoir « sang chaud ». Car en effet, cette relecture de la légende de Momotaro (dont je ne parlerais pas, n’y connaissant rien, mais comme les personnages en parlent, autant le citer) nous présente la lutte entre les Oni (=les ogres/démons) et le clan Momotaro. Cependant, c’est du point de vue des Oni qu’on nous raconte cette histoire, puisque l’on suit le jeune Shiki, descendant des Oni, qui va découvrir sa véritable nature alors que lui et son père adoptifs sont attaqués par un membre du clan Momotaro.

Bagarre contre l’adversaire, Shiki s’énerve et se transforme en bestiole sanguinolente, le papa se sacrifie en disant la vérité au fiston qui chiale, une organisation secrète vient le chercher, fin du premier chapitre (que vous pouvez lire ICI d’ailleurs !) avec la promesse d’un entrainement pour apprendre à maitriser son pouvoir et venger le daron.

Ce n’est donc pas avec ce titre qu’on aura droit à du sang neuf, ce qui n’est en aucun cas un problème me concernant. Je vantais les mérites du classicisme de Four Knights of the Apocalypse il y a quelques jours, expliquant en gros que tant que la formule marche et que la magie opère, ce n’est pas un souci en soi. Sauf que voilà, si Suzuki arrive à tout de suite me faire entrer dans son univers, ce n’est clairement pas le cas ici. Au contraire, malgré mes efforts, je suis resté totalement extérieur à ce qui est raconté dans ces deux premiers volumes, la faute à une écriture qui manque grandement d’efficacité.

Si j’apprécie le fait que l’auteur nous plonge rapidement dans le bain (dès la fin du premier tome, on nous présente les autres jeunes avec qui Shiki va vivre et « étudier » pour apprendre à contrôler son pouvoir, et on a une épreuve toute droit issue de Dragon Ball avec un soupçon de Naruto pour avoir notre dose d’action), le fait est que je n’ai à aucun moment réussi à éprouver d’empathie pour Shiki, ni pour les autres personnages rencontrés. On peut facilement me cueillir avec la classique scène du papa qui meurt dans les bras de son fiston, mais rien n’y a fait, aucun afflux de sang pour faire battre mon cœur.

Shiki

Et la particularité du système de pouvoir, élément ô combien important dans le genre, n’y change rien. Les personnages matérialisent des armes ou autres éléments plus surprenants avec leur sang, Shiki créant par exemple des flingues. Ceci permet à l’auteur des petits délires visuels, qu’on imagine aller de plus en plus loin, mais rien qui n’ait réussi à réellement me faire dresser les poils, la faute à une implication émotionnelle dans le récit dramatiquement absente me concernant.

Car si le trait est propre, il ne fait pas non plus spécialement d’étincelles, et surtout, cela ne suffit pas à compenser une écriture insuffisante. Si j’ai dit en début d’article que le classicisme n’est pas un problème pour moi, je pense que mon principal souci est que l’auteur n’arrive pas à valoriser cette structure classique et l’investir réellement. Pour dire les choses plus simplement, je ne sens pas cette histoire vraiment habitée, et j’y vois plus un mangaka calculateur qui essaie de cocher les cases du shonen d’action classique, plutôt qu’un auteur vraiment investi dans son récit, et trouvant les clés pour nous investir en tant que lecteurs. D’où un sentiment d’être extérieur à cette entrée en matière, où l’auteur n’arrive pas à délivrer ce qu’il faut pour me faire rentrer dedans.

Ainsi, s’il est compliqué parfois d’expliquer pourquoi la magie a opéré ou non, vous aurez compris que me concernant, Tôgen Anki n’aura pas su après deux volumes m’intéresser ou me faire ressentir le moindre frisson. De ce fait, noyé dans la masse des sorties, que ce soit dans le genre du nekketsu ou dans tout ce qui nous arrive en mangas en général, le titre a déjà laissé passer sa chance de me séduire.

22 commentaires

  1. Je suis ravie de lire que tu as renseigné la traduction 😜 bravo !

    Quant à ce titre j’avais lu le premier chapitre mais je n’avais pas accroché, j’ai tout de suite eu le sentiment que ce serait un nekketsu tout ce qu’il y a de plus classique. Et donc pas ma came. Tu me confirmes que j’ai bien fait de ne pas l’acheter !

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  2. Moi, je connais la légende de Momotaro. Je vais donc la résumer : un jour, une vieille dame faisant sa lessive dans la rivière voit dériver une grosse pêche géante. Intriguée, elle remporte cette dernière à la maison où l’attendait son mari.

    Un jour, un bébé sort de la pêche et les deux vieillards décident de prendre soin de ce dernier. En grandissant, leur fils adoptif devient très fort. Il devient ami avec un chien, un singe et un faisan, et tous quatre partent affronter des démons sur l’île d’Onigashima.

    Bien plus tard, ils vécurent heureux en compagnie des deux vieillards.

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  3. Merci pour ton article.
    La légende de Momotaro fait partie de cette culture populaire du japon qu’on ne connais pas trop par chez nous. Ce qui fait qu’on est déjà moins impacté que eux quand un titre y fait une revisite vue que c’est moins encrée dans noter culture.
    Vue comment tu le décrit ça à l’air de ressemblé à un shonen très classique. J’ai déjà acheter les 2 premiers tome dans un pack donc je verrais à la fin de ma lecture si j’ai le même ressentie que toi. Mais je comprend tout à fait que tu continue pas au vue de toute les sorties manga par semaine

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  4. La présentation du titre par Kana m’avait bien hypé avec son concept de base (des pouvoirs de sang, c’est plutôt cool) et quelques jolis planches mais la lecture des deux tomes m’a refroidi. Je suis d’accord avec toi, le fait que ce soit classique n’est pas un problème en soi, c’est pour ça qu’on lit du Nekketsu après tout mais j’ai eu une impression de déjà-vu trop prononcée (Naruto) sans déceler quelque chose de plus derrière… Je ne sais pas encore si je lui donnerai une chance de plus, généralement pour ce genre de mangas j’aime bien lire 3 tomes pour me faire une idée définitive, ou si je vais lâcher l’affaire tout de suite :/

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