Jayaprakash Satyamurthy avec son récit et son usage particulier de la langue, réussit à rendre plus que palpable ses personnage dont une femme et un homme Il met en mots le refus des assignations et de leurs inscriptions corporelles, « C’est plus facile dans la chair d’un garçon. C’est pourquoi elle a cessé de penser, non sans hésitation, aux garçons dont elle aime peut-être la chair pour se consacrer aux garçons dont elle aimerait porter la peau (pas ((?)) littéralement) », les chaînes de la vie et les moyens de les briser, le visible et le souhait de se rendre invisible, la « peluche culturelle qui s’accroche à un cerveau après l’autre », le fondamentalisme et ses effets, les petits gestes de résistance au quotidien, les bénéfices de la masculinité, les effets de la parole, « Maintenant, ils ont parlé. Elle a une meilleure idée des perspectives »…
L’auteur mêle au récit des sons et des musiques, des rêveries, « Elle voudrait être un oiseau, une créature ailée qui peut fendre les airs et être là en un battements d’ailes », des éléments de mythologie d’origines diverses, le sens de la bifurcation, des allégories, des revendications en termes de droits humains, l’écoulement du temps, « Le vieux jour passe. Change le décor, soulève le rideau. Il est temps d’entrer en scène – », les couleurs, les courants forts et les étincelles, « Il se précipitèrent dans l’orage, dans un monde incertain, vers un futur inconnu », des noms et des visages…
« Une simple pensée, comme un galet détaché du flanc d’une montagne, a rebondi, pierre après pierre, gagnant de l’élan et des compagnons, jusqu’à ce qu’une avalanche change véritablement le paysage de nos pensées »
Jayaprakash Satyamurthy : La force de l’eau
Traduction Lise Capitan
Les Moutons Électriques – Courant alternatif 2021, 126 pages, 15 euros
Didier Epsztajn