La fois où nous avons troqué notre auberge jeunesse pour une villa à Bali

En tant que backpackers, notre quotidien à l’étranger est plus souvent qu’autrement composé du trio valeur « auberge jeunesse, bouffe de rue et transport en commun ». Réduire ainsi nos dépenses de tous les jours nous permet de voyager plus souvent, plus longtemps ou plus loin. De plus, ce sont des environnements qui favorisent les rencontres avec d’autres voyageurs d’un peu partout dans le monde. Que ce soit à bord d’un autobus ou dans la pièce commune d’un hostel, on se questionne mutuellement sur d’où on vient et où on va. Parfois même, on s’accompagne pendant quelques jours sur un tronçon commun de nos itinéraires respectifs. Mais ce que je préfère dans le fait d’être une nomade économe, c’est pouvoir être témoin de la routine des gens de la place, au jour le jour: un mardi matin dans un tramway, une visite au supermarché avant le souper, un après-midi à la buanderie. Tous ces moments, aussi banals soient-ils, sont comme des petites fenêtres ouvertes sur la vie réelle des locaux. Ça nous donne accès, le temps d’un instant, à une réalité exotique plus ou moins proche de la nôtre, selon la destination. Une réalité peu visible lorsqu’on se déplace uniquement en transport privé, qu’on dort dans de grands hôtels et qu’on mange dans des restos où le menu est traduit en 5 langues.

Évidemment, ce style de voyage n’a pas que des avantages. Des fois, multiplier les nuits en dortoir de 16 lits, c’est épuisant. Surtout quand ta communauté de co-chambreurs est un amalgame hétéroclite de fêtards nocturnes et d’enthousiastes lèves-tôt. Des fois, faire 8 heures de transport dans un bus pas de toilettes, c’est dur sur la vessie. Pis, des fois, on se tanne de manger assis sur une chaîne de trottoir, à répétition. Dans ces moments-là, on dirait pas non à un peu de luxe.

À la fin de mes études, j’ai fait un long voyage en Asie du Sud-Est avec mon complice de voyage depuis toujours (ou presque), mon époux. Pour ceux qui ne sont pas au courant, cette région d’Asie est le paradis du backpacker, notamment en raison du coût de la vie très bas. En 2 mois, nous avons visité la Thaïlande, le Laos, le Vietnam, la Malaisie, Singapour et une partie de l’Indonésie. C’était en 2011 et je me souviens encore très bien d’une voyageuse britannique avec qui nous avons passé une soirée dans une auberge sur l’île de Sumatra. Georgia qu’elle s’appelait. Elle passait son gap year à se promener avec son sac à dos un peu partout en Asie du Sud-Est. Nous avions longuement discuté de tout et de rien. Ou plutôt, de voyage, d’éducation et de punaises de lits! Georgia était étonnée d’apprendre que nous avions, jusqu’à date, un parcours « bed bug free ». Elle nous avait alors dit (sans nous le souhaiter) qu’on en rencontrerait presque assurément d’ici la fin de notre voyage, parce que le contraire lui paraissait impossible. Son discours ne nous a pas trop inquiétés puisque nous savions que nous allions bientôt délaisser les hostels et autres établissements considérés plus à risque d’être contaminés pour quelque chose d’un peu plus haut de gamme.

En effet, nous avions prévu passer les derniers jours de notre marathon sur l’île paradisiaque de Bali, question de profiter de ses plages et de son ambiance décontractée. Par le plus grand des hasards, des membres de notre famille étaient aussi présents à Bali en même temps que nous (je dis « membres de la famille » de façon générale parce que je ne pense pas qu’il existe un mot pour désigner les frères-de-la-conjointe-du-beau-père-et-leurs-enfants). Notre passage sur l’île de Bali concordait avec la fin de leur séjour de trois semaines pendant lequel ils avaient loué une belle villa à Seminyak et ils nous ont généreusement invités à se joindre à eux. Après 8 semaines à dormir dans des chambres d’hôtel toutes moins confortables les unes que les autres, cette petite escale balinaise s’annonçait pour nous doublement paradisiaque. D’autant plus que, pour nous y rendre, nous avons dû faire 2 jours d’autobus à se nourrir exclusivement des Pop Mie (équivalent asiatique du Cup-a-soup) et de Pringles aux saveurs étranges.

À notre arrivée à la villa, il était assez tard et plusieurs d’entre eux étaient déjà couchés. L’un de nos « oncles par alliance » nous a demandé si nous voulions manger, prendre une douche ou aller nous coucher. Ce à quoi nous avons répondu: « toutes ces réponses! ». Après une bonne nuit de sommeil, nous avons eu droit à notre meilleur déjeuner depuis longtemps. Il faut dire qu’en Asie, le déjeuner n’a pas de statut différent des autres repas, alors chaque matin était comme un mini-choc culturel pour nos papilles de nord-américains. Puis, après avoir joué quelques parties de Uno avec les enfants, nous sommes allés à la plage tous ensemble jusqu’au coucher de soleil. Le soir venu, nous avons mangé un festin de plats traditionnels balinais préparés par la cuisinière; mie goreng (nouilles frites), nasi goreng (riz friz) et sate (brochettes de poulet). C’était la dernière soirée avant que nos hôtes retournent au Québec. Comme ils devaient quitter tard le soir, la villa leur était réservée jusqu’au lendemain matin. Donc, cette nuit-là, nous avons eu cette grande demeure à nous deux. C’était plus de luxe que nous n’espérerions et je pense qu’à ce moment-là, nous n’aurions pu être plus reconnaissants envers eux.

Le lendemain, à contrecœur, nous avons laissé la villa et ce fût un dur retour à la réalité. Ces quelques nuitées « sur le bras » ayant ménagé notre budget, nous avons opté pour un peu plus de confort qu’à notre habitude et avons choisi un hôtel plutôt respectable (3 étoiles!). Mais nous avons rapidement réalisé que nous n’étions pas seuls dans cette chambre privée. Ce soir-là, la prophétie de Georgia s’est accomplie.

Villa, Bali
Jardin et piscine privée de « notre » villa
Villa, Bali
Salon ouvert sur le jardin

 

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