Infiniment – Louise Roullier

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J’aime bien les éditions Mille Cent Quinze. Je l’avais dit déjà à l’occasion des chroniques des textes de Nicolas Le Breton, Les jardins du feu et du vide, d’Emmanuel Quentin, Céder la place, d’Arnauld Pontier, Sur Mars, et plus récemment de Lionel Davoust, Contes hybrides. La jeune maison d’édition lyonnaise s’est entichée du format court et publie, depuis 2016, nouvelles et novella d’auteurs français. On ne le répétera jamais assez, le format court est la quintessence de l’art en SF, parce que parfois il n’est nul besoin d’en faire tout un monde pour exposer une idée. Dans le meilleur des cas, il est même possible de planter une idée dans un monde en quelques pages. Et même parfois, de raconter une histoire. On ne saurait donc que se réjouir de voir se multiplier, en dehors des anthologies, les collections dédiées à ce format.

Infiniment est un texte de 32 pages de Louise Roullier, publié par 1115 le 23 Octobre 2019 dans leur collection ChronoPages. De formation littéraire classique, l’autrice a publié trois romans mythologiques : Les tribulations amoureuses de Poseïdon (2012), Dionysos le conquérant (2014), et Apollon, désolantes passions (2018). Rien de tout cela ne laissait présager l’écriture d’une novella de science-fiction, si ce n’est qu’à la lecture d’Infiniment on se trouve emporté ni plus ni moins que dans la création d’un récit mythologique à portée cosmique, avec en son centre un immortel.

« Rien n’est stable. Tout bouge. »

Le récit débute au XXIVe siècle dans un laboratoire où la rencontre de la physique des matériaux exotiques et de la médecine permet la conception in vitro d’un être humain à l’ADN synthétique, conçu pour être le premier immortel. Mais le temps de l’infini n’est pas celui des hommes, et l’embryon se développe au ralenti, comme figé dans le temps. Lorsqu’il naît enfin,  Athan est seul, dans un monde qui va trop vite pour lui, qu’il ne peut comprendre, avec lequel il ne peut interagir. Il va ainsi, en une trentaine de pages, grandir pendant plus de quatre milliards d’années, et vivre en spectateur figé de l’histoire du monde et du cosmos, telle la statue d’un dieu d’une époque antique.

Le début du texte est assez conventionnel, avec de-ci de-là quelques petites maladresses imputables probablement à la jeunesse de l’autrice dans les terres science-fictives. Louise Roullier a le désir de trop bien faire et force le trait scientifique à coups de « thaumaston matter physics » ou de « particules élémentaires artificielles », comme autant de tentations hard-science inutiles pour soutenir un récit qui au final s’approche plus de la voix d’Olaf Stapledon que de celle de Stephen Baxter. Une fois passé ce moment d’installation, Infiniment prend de l’ampleur et gagne son originalité. Le texte de Louise Roullier se fait prose dans laquelle s’exprime l’infinie solitude cosmique de l’humanité à travers le regard mélancolique tourné vers les étoiles d’Athan prisonnier de sa lente immortalité.

Infiniment confirme le caractère de singularité observé dans les textes publiés jusqu’ici par les éditions 1115. Décidément une maison à suivre.


D’autres avis : Le maki, Le chien critique,


Titre : Infiniment
Autrice : Louise Roullier
Collection : ChronoPages
Editeur : éditions 1115
Publication : 23 Octobre 2019
Nombre de pages : 32
Support : papier et ebook


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