PRÉSENTATION DU LIVRE
⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧ |
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● Titre : Gris comme le cœur des indifférents |
● Autrice : Pascaline NOLOT |
● Éditeur : Scrineo |
● Parution : 02 Mars 2023 |
● Pagination : 102 |
● Prix : 14,90 € |
★ Young Adult ★ |
« Hier, Papa a frappé Maman. C’était un jour banal, plombé seulement par la couleur du ciel et les hurlements. Un jour gris. Gris comme le cœur des indifférents. »
EXTRAIT
CHRONIQUE
Intrigue | ∎∎∎∎∎ | Rythme | ∎∎∎∎∎ | Créativité | ∎∎∎∎∎ |
Écriture | ∎∎∎∎∎ | Personnages | ∎∎∎∎∎ | Sentiments | ∎∎∎∎∎ |
J’ai découvert la plume de Pascaline Nolot en 2019 à travers son roman « Sur l’écorchure de tes mots », qui m’avait séduite tant par la poésie de ses mots que par le réalisme des situations et de ses personnages. Le genre d’ouvrage dont on ne ressort pas indemnes et qui reste accessible à tous. Avec « Gris comme le cœur des indifférents », l’autrice a de nouveau choisi un thème fort. Ici, les violences domestiques.
On retrouve ainsi la jeune Lyra, quinze ans, dans les couloirs d’un hôpital. Assommée par la stérilité des lieux, du blanc omniprésent et du drame qu’elle vient de subir aux côtés de sa mère, sa mémoire lui joue des tours et lui fait revivre dans l’attente des soignants les moments-clés qui les ont amenées là où elles en sont aujourd’hui. Toutes les fois où Lyra a dû se terrer dans la salle de bain avec ses jeunes frères pour les protéger d’un père qui s’acharnait sur leur mère pour des raisons bêtes et méchantes. À travers son regard, qui change au fil des années qui s’écoulent et des œillères qui tombent, on découvre tout ce que cette famille a enduré sous le joug d’un homme égocentrique et avide de contrôle. De héros en zéro, il peut par moment n’y avoir qu’un pas, et comme Lyra le souligne si bien : « Nous savons que les monstres existent. Ils vivent à nos côtés, avec nous. Parfois, ils se font même appeler « Papa ». Les contes de fées n’ont rien inventé ». Lyra est une adolescente ordinaire de prime abord. Pourtant, elle est rongée par un mélange de terreur, de colère, de culpabilité et d’impuissance.
Du point de vue stylistique, la plume de Pascaline Nolot est très agréable à parcourir, et j’ai à nouveau trouvé une certaine poésie dans ses phrases. Elle met ses personnages à nu, les confronte à la dureté de la vie dans un cadre on ne peut plus réaliste. Et comme dans son précédent roman, elle a su me prendre par surprise par un retournement de situation que je n’avais pas vu venir, qui m’a laissé le cœur un peu plus en miettes. J’ai aussi beaucoup apprécié comment chaque chapitre tournait autour d’une couleur précise. Cela donne une identité propre à son récit, une originalité où la beauté se mêle à l’horreur la plus profonde.
Non seulement Pascaline Nolot évoque les violences faites aux femmes, mais elle nous montre également les victimes collatérales de ce qui fait trop souvent la une des faits divers. Le calvaire vécu par la famille tout entière, l’injonction à se taire, à plier l’échine alors qu’un être cher se fait battre comme plâtre sous nos yeux, à détourner le regard des rares mains tendues par peur des représailles. Et comme le titre le démontre, un appel au secours universel, pour que les victimes soient entendues par les forces de l’ordre dès la première plainte déposée, plutôt que classée en simple main courante. Pour que le voisinage cesse de minimiser ce dont ils sont témoins, craignant de s’attirer des problèmes, sous le prétexte du chacun fait bien ce qu’il veut chez soi. L’autrice en appelle à notre conscience individuelle et collective pour faire bouger les choses, pour arrêter d’énumérer les vies brisées chaque année à travers le monde entier. On en parle, mais encore faut-il se donner les moyens d’agir, de contrer enfin ces terribles statistiques.
Une œuvre au format court – une petite centaine de pages – qui porte cependant un message militant fort, qui tristement nous concerne toutes et tous à un moment ou à un autre de notre vie.
Je partage ton avis sur ce court roman tellement important dont tu évoques avec de très beaux mots la force.
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Sans le faire exprès, je viens d’enchaîner trois lectures évoquant les violences conjugales. Et les trois, j’ai aimé la façon dont l’autrice traitait le sujet. Même si pour le dernier titre, ça reste en second plan.
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Il y a parfois des thèmes comme ça qui s’imposent dans nos lectures …
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