Le chien avant l’humain

Un couple québécois faisait les manchettes à LCN pour avoir sauvé et rapatrié au pays un chien blessé en Inde le 2 avril. Cette «nouvelle» soulève certaines réflexions sur les valeurs que nous choisissons de véhiculer et d’admirer.

Par Léo Gagnon

Le couple de la Montérégie était fier d’avoir fait les démarches pour sauver le chien percuté par une voiture, en plus d’avoir déboursé un total de 4000$ en frais médicaux et en frais de transport. Attention, cependant, une campagne de financement a été lancée pour couvrir ces frais.

LA MISÈRE ANIMALE PLUTÔT QUE LA MISÈRE HUMAINE

Vous avez bien lu, nous finançons maintenant les soins de santé d’un chien frappé par un véhicule dans un pays où la misère humaine est plus que présente. Dans un pays comptant plus de 300 millions de personnes vivant avec moins de 2,50$ CAD par jour. Dans un pays où la mortalité infantile est élevée, où tous les jours des enfants meurent de maladies comme la rougeole ou encore la faim. Dans un pays où 65 millions de personnes vivent dans des bidonvilles, dans des déchets… En visite, entouré de cette misère, le couple a choisi de sauver un chien blessé.

QUELLES VALEURS VÉHICULÉES ?

Des journalistes ont fait de ce geste une nouvelle. On traite ces gens comme des héros et on se prosterne devant leur générosité. Suis-je le seul à penser à tout ce que des familles indiennes dans la pauvreté auraient pu faire avec ce 4000$?

Après tout, devrais-je être surpris? Nous sommes au Canada où nous sommes prêts à sacrifier la sécurité de nos rues (et de nos cours) pour avoir le «droit» de posséder un pitbull; où la moitié des élèves d’une classe de philosophie affirment sans gêne être prêts à jeter un humain à l’eau plutôt qu’un chien s’ils avaient à faire le choix.

C’est bel et bien l’image du Canada que nous projetons aux Indiens. Un pays où l’on sauve les chiens avant les pauvres humains, et où le premier ministre se déguise.

Rassurez-vous, je ne bats pas des chiens dans mes temps libres. Au contraire, je les aime bien et je ne leur fais aucun mal. Je crois, par contre, qu’une réflexion s’impose, car, pour moi, l’humanité n’a pas atteint un niveau de luxe où l’on peut se permettre de sauver un chien considérant que des milliers d’humains meurent de faim chaque jour.

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