Actualité·TRIBUNE DES MEMBRES

La France périphérique a besoin de protection et de permanence

À voir aujourd’hui le Front national en lambeaux, on en a oublié qu’il a pourtant réalisé, lors de cette présidentielle, le meilleur score de son existence. Et à observer Emmanuel Macron si sûr de lui, on pourrait également oublier que son élection et celle de sa majorité reposent sur une base sociale étroite, le tout sur fond d’abstention de masse et de classe ahurissante.Mais pourquoi écouter ces citoyens qui ont eu le mauvais goût de ne pas voter pour vous, à commencer par ces indisciplinés de la France périphérique ? Parce que le rôle des responsables politiques est d’agir pour la collectivité, toute la collectivité ? Parce la France périphérique, malgré ce nom de baptême qui suggère qu’il s’agirait là d’une marge, d’une frange, d’un à-côté, est en fait une majorité qu’il serait idiot – au moins tactiquement – de négliger ? À quoi bon s’en préoccuper ?, semble néanmoins se dire Emmanuel Macron, qui a réussi là où Hillary Clinton a échoué : être élu en s’adressant principalement aux métropoles et aux territoires les plus intégrés.

Tribune parue dans les pages « Débats » du Figaro du 5 décembre 2017. Lire la suite sur son site.

 
Gérald Andrieu, auteur de Le Peuple de la frontière. 2 000 km de marche à la rencontre des Français qui n’attendaient pas Macron, Éditions du Cerf, 2017.

4 réflexions au sujet de « La France périphérique a besoin de protection et de permanence »

  1. Macron déroule le programme pour lequel il a été élu et c’est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratie. Je n’ai pas voté pour lui mais la majorité des français qui se sont déplacés ont validé cette ligne politique et donc il faut l’accepter. Cela n’empêche pas, bien au contraire, de préparer les prochaines élections sans outrance et sans violence avec des arguments nouveaux tirés des échecs de ce quinquennat.

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  2. Macron a été élu par défaut, sans majorité réelle loin sans faut, c’est un paquet de lessive qui a été vendu avec toutes les astuces marketing afférentes à la commercialisation d’un tel produit.
    Et après ? rien, En marche, comme d’habitude ou avant, avec un président sans pouvoir, dont le leitmotiv est le mot « réforme(s) », qui ne sont que transposition d’un droit et de directives exogènes.
    Macron c’est la glorification d’un système anglo-saxon, la société n’est pensée que par le prisme économique, une société techniciste et utilitariste, ce qui serait encore recevable si les lignes directrices étaient décidées et avalisées par le peuple, mais le peuple de Macron se réduit à une élite auto proclamée en défense de ses seuls intérêts, l’un promulguant l’autre qui sert les intérêts du premier.
    Le peuple est devenu un gros mot, post Brexit, beaucoup ont démontré à quel point il détestaient ce maudit peuple, les pro Brexit furent taxés : d’ivrognes, d’incultes, voire de vieux par ce cher BHL, certains allant jusqu’à invoquer l’instauration d’un vote censitaire.
    Plus aucun parti politique ne représente le peuple et les rares qui s’enorgueillissent de le faire sont des usurpateurs. Le FN est l’idiot utile d’un vote à un tour, ce parti parle tellement mal du peuple qu’à lui seul il en dégrade l’image. La France Insoumise de Macron parle elle à un peuple dans un peuple, notamment une partie importante de la population issue de l’immigration africaine ou subsaharienne, comme le démontre Michèle Tribalat.
    La France périphérique n’a aucun besoin particulier, aborder les problèmes par un tel biais c’est la sanctuariser définitivement, pourquoi pas tant qu’on y est, ouvrir des musées régionaux dans lesquels seraient exposés des représentants de ce peuple old school ? Les autres, où du moins ce qu’il en reste, comme dirait Luc Besson ex réalisateur et aujourd’hui seulement fumiste : « on ne pourra pas tous les sauver ».
    Cet article fait écho à celui abordant la « souveraineté », autre mot d’exclusion, traduit par la police de la pensée comme : rance, faisandé, moisi, sectaire, raciste, xénophobe, vieux, vieux blanc…
    Le peuple hors sol est un fantasme, la diversité est seule garante de la vie, l’unicité, surtout sous le totalitarisme des chiffres, c’est l’assurance d’un effacement total de notre espèce.
    Ce n’est pas tant la France périphérique qu’il faut sauver mais la France dans son entier et par extension le monde (pas le journal, meuh non).

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    1. Je partage votre analyse globale mais ne suis pas d’accord au sujet de La France Insoumise. Le choix du nom et la passion pour Mélenchon du concept de nation républicaine laisse clairement entendre qu’il ne s’adresse pas aux Français d’origine subsaharienne ou maghrébine en tant que tels mais en tant que Français. Par ce fait, il considère les Français dans leur globalité. Si certains militants du mouvement – je pense à une député de la France Insoumise, par exemple – sont versés dans cet identitarisme, très à la mode, d’anciens colonisés, je ne crois pas que la grande majorité des membres du mouvement puisse être ainsi catégorisée. Je crois que, au contraire, ce mouvement vise à redonner le goût de la France à ceux de ses habitants qui la trouvent, plus souvent à tort qu’à raison, insipide ou exécrable.

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