Cher.e.s Ami.e.s,

Le CCFD-Terre Solidaire, SOS Nicaragua France et le Collectif de Solidarité avec le Peuple du Nicaragua (CSPN) ont le plaisir de vous inviter à une réunion publique le vendredi le 13 mars à 19h, en présence de Juan Carlos Arce et Marta Maria Blandon du Collectif Nicaragua Nunca Mas et de Lizeth Davila Orozco et Josefa Meza, de l’association Madres de Abril. Cette réunion se tiendra au CCFD-Terre solidaire, 4 rue Jean Lantier, 75001 – Paris

Le Collectif Nicaragua Nunca Mas a notamment été formé début 2019 par une partie de l’équipe du CENIDH en exil au Costa Rica. Il s’est attaché à documenter les violations des droits humains sur les prisonniers politiques, et également les assassinats de paysans perpétrés l’année dernière. L’association Madres de Abril regroupe des mères des jeunes et étudiant.e.s tués par les forces de sécurité pendant les grosses mobilisations d’avril et mai 2018. Elles ont aussi mis en œuvre en 2019 le Musée de la Mémoire, en hommage à leurs enfants disparus.

La réunion sera précédée d’une réunion inter-associative le même jour à 16h avec les mêmes invité.e.s. Si vous souhaitez participer à cette réunion inter-associative pour y représenter votre organisation, merci de prévenir auparavant Emmanuel Cochon :   e.cochon@ccfd-terresolidaire.org

A l’occasion de cette venue, le Collectif de Solidarité avec le Peuple du Nicaragua vous propose cette note d’information qui fait le point sur la situation au Nicaragua.

Nicaragua : deux ans après, rien n’est normal

Dans un peu plus d’un mois, deux années se seront écoulées depuis les manifestations monstres qu’avaient déclenchées la sauvage répression, le 18 avril 2018, d’une manifestation contre une réforme des retraites introduite par le gouvernement de Daniel Ortega à la demande du FMI.

Il s’en était suivi plusieurs mois d’une véritable insurrection civique dans tout le pays. Tabassages, tirs à balles réelles, utilisation de snipers et de supplétifs équipés de matériel militaire, la répression utilisée par le régime contre ce soulèvement fut terrible. Elle fit près de 400 morts et 2 000 blessés, et contraignit plus de 80 000 Nicaraguayennes et Nicaraguayens à l’exil, pour la plupart au Costa Rica voisin.

Depuis l’été 2019, le Nicaragua est sorti des unes de la presse, et le gouvernement de Daniel Ortega et Rosario Murillo s’efforce de convaincre que la situation s’est normalisée.

Répression en sourdine

Tous les médias d’opposition, journaux, chaînes de radios et de télévision ont été soit frappés d’interdiction soit, plus fréquemment, repris en main ou empêchés de paraître. Le papier pour leur impression était bloqué par la douane, le Nuevo Diario a dû tout simplement cesser sa publication. Quant à La Prensa, elle dû renoncer un temps à son édition papier et ce n’est que très récemment que l’embargo sur le papier a été levé.  

Grâce à internet et aux réseaux sociaux la mobilisation citoyenne a pris le relais et continue de mettre en évidence la répression que le gouvernement veut dissimuler : le harcèlement des opposant.e.s  par la police ou des groupes de fanatiques du régime, l’interdiction et la répression de tout rassemblement, les séquestrations et arrestations arbitraires. Fin novembre 2019, la répression policière s’est abattue contre les mères des prisonnier.e.s politiques en grève de la faim et par l’arrestation suivie d’une incarcération pendant 45 jours de quinze personnes venues les soutenir. Parmi les faits les plus préoccupants (et les moins visibles) , il faut mentionner les assassinats ciblés dans les régions rurales (près de 40 recensés),  ou encore  l’attaque d’une communauté indigène Mayangna, dans la réserve Bosawas, qui a fait plus de 6 morts, Très récemment, les obsèques d’Ernesto Cardenal, poète, prêtre, révolutionnaire de la première heure et depuis les années 1990 et ancien ministre de la Culture, opposant au gouvernement d’Ortega, ont été perturbées par les « turbas », comme on nomme les groupes de choc au service du FSLN. Ces manifestations dans l’enceinte de la cathédrale et le tabassage de plusieurs journalistes venus couvrir l’évènement (trois d’entre eux ont dû être hospitalisés), reflètent de façon symptomatique le climat de terreur et l’absence totale de l’Etat de droit au Nicaragua.

Des libertés en miettes

Le régime ruse avec l’opposition et avec la communauté internationale. Pour échapper à des sanctions, il accepte régulièrement de libérer des prisonniers.e.s, qui restent cependant sous arrêt domiciliaire et sous la menace permanente d’une réincarcération en cas de récidive. De plus, les Nicaraguayens et Nicaraguayennes qui rentrent de l’exil sont souvent menacé.e.s et cibles d’attaques. Aucune des libertés fondamentales n’est aujourd’hui respectée.

Confusion politique

Décapitées par la répression, les forces vives de la contestation populaire peinent à s’organiser. Malgré tout, les tentatives de formation d’un front large d’opposition se sont succédées : à l’Alliance civique, avec laquelle le régime s’est livré à une parodie de négociation, vite avortée, s’est ajoutée en octobre 2018 l’Union nationale bleu et blanc (les couleurs du drapeau nicaraguayen) et tout récemment une Grande Coalition qui représente l’union de l’opposition au gouvernement d’Ortega. Si cette coalition accueille désormais certains des partis traditionnels aux dirigeants très corrompus, divers mouvements sociaux (dont l’Articulation des mouvements sociaux, qui rassemble les mouvements populaires et citoyens d’opposition) s’y sont également intégrés, en particulier le mouvement paysan. Ce dernier, bien que solidaire du soulèvement dès la première heure, a été souvent tenu à l’écart des négociations. La Grande Coalition s’est aujourd’hui donnée un objectif : exercer une pression sur le gouvernement afin d’obtenir des réformes électorales convaincantes.

Dans ce contexte, il est urgent de soutenir les militant.e.s qui se battent pour que l’exigence de justice (libération des prisonniers politiques, enquête sur les des crimes commis) et de rétablissement des libertés publiques (d’information, de manifestation) ne soit pas reléguée au second plan. C’est justement à cela que s’emploient l’Association des mères d’avril (AMA, association des mères de victimes assassinées par le gouvernement) et le Collectif Nicaragua Plus Jamais (Nicaragua Nunca màs, organisation de droits humains fondée au Costa Rica) qui seront en visite à Paris le 13 mars prochain.

Le Collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua (CSPN), créé en juillet 2018 sur la base d’un appel signé par près de 400 personnes, apporte son soutien à ces organisations ainsi qu’à la réunion publique qui se tiendra le 13 mars 2020 à 19 heures dans les locaux de CCFD Terre Solidaire, à Paris – 4, rue Jean-Lantier – 75001 Paris.

Le CSPN, le 8 Mars 2020.