Rentré à Lyon de résidence Portugaise, je poursuis là , le travail d’écriture autour du paysage sonore, commencé in situ, à Sabugueiro, Serra de Estrela.
Je fais maintenant le point sur différentes zones géographiques spécifiques du village, qui, au cours de mes promenades ou points d’ouïe statiques m’ont permis de mieux comprendre une topologie sonore locale, celle qui m’a guidé, tant pour trouver des lieux d’enregistrement que pour repérer un PAS – Parcours audio sensible publique, le jour de la World Listening Day. Mais également celle qui m’aidera pour le montage audionumérique en chantier, à construire le paysage environnant autour des sons.
J’ai au final relevé quatre zones, périmètres ou parcours d’écoute assez différenciés, tout en restant dans le village de Sabuguerio, ou dans une proximité qui arpente des cheminements piétonniers à partir du centre du village.
Zone 1
Rue des commerces
La première zone est naturellement la rue principale, celle qui traverse le village de bas en haut, ou inversement, selon d’où on arrive. Rue assez pentue, bordée de part et d’autre de commerces touristiques, vendant des produits locaux, des hôtels, bars, restaurants.
Des voitures, mais pas trop invasives
Des voix dans les commerces et bars
Des chiens, des chenils
Une fontaine/lavoir, encore en activité, et de multiples sources le bord de la route.
Zone 2
Le vallon de la rivière Fervença
En contre-bas, tout au pied du village, une petite rivière, Fervença, enchâssée dans un vallon de verdure.
Une aire de pique-nique
Une aire de baignade aménagée
Des sentiers qui relient la rivière au villages
Des jardins accrochés à la colline entre le village et la rivière.
Des sons d’eau courante , des oiseaux, baigneurs, promeneurs, des jardiniers sur le chemin du haut, des chiens dans le lointain, et un poulailler…
Possibilité d’une jolie boucle pédestre, entre jardins et sources, rivière en contrebas.
Zone 3
Le cœur du vieux village historique
A l’écart de la rue principale, un village de pierres granitiques aux rues étroites, pentues et tortueuses.
Des fontaines et lavoirs, une église.
Une belle place ombragée et des bancs, point d’ouïe idéal et aussitôt exploité en tant que tel.
Des voix de l’eau ruisselante, des chiens, encore, mais aussi des chats, une cloche, quelques voitures et motos, motoculteurs, un troupeau de chèvres ensonnaillées, des enfants, toute une vie de village tranquille.
Zone 4
Les montages alentours
Dés que l’on quitte le village, on monte vers un ligne de crêtes, souvent assez abruptes, cernant le village de sommets décharnés et rocailleux, tout en offrant de magnifiques points de vue.
Oiseaux, cigales sur le peu d’arbres ayant échappé aux incendies des dernières années, souvent des rafales de vents bruissonnant dans les taillis, le rythme de pierres roulant sur les chaussures, parfois quelques sonnailles de chèvres souvent invisibles. Sons d’altitude estivale.
Quatre zones qui tentent donc de tracer une géographie globale, en même temps que zoomée prenant comme centre/cible l’écoute, avec des marqueurs sonores spatio-temporels, des spécificités, des ressentis tout à fait subjectifs, des récits parmi tant d’autres, des formes d‘écritures croisées, en chantier.
S’immerger dans une vie sonore, dans ce village de montagne, ou dans d’autres lieux, en prenant le temps de les arpenter, d’en mesurer leurs rythmes d’en saisir le centre et les alentours, tout en restant dans un mode de déplacement pédestre, demeure toujours une expérience, solitaire collective captivante, d’où l’on ne ressort pas indemne, mais fortement marqué par de nouvelles expériences sensorielles, sociales, esthétiques…
Métropoles, villes, villages, espaces naturels, peu importe la taille de ces derniers, à partir du moment où l’oreille nous connecte au lieu, à humain, au(x) monde(s) environnan(s), les géographies sonores deviennent captivantes .
En écoute