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Palmesel ou anes des Rameaux

Ceci n’est pas un jouet d’enfant mais un « Palmesel »…

Palmesel signifie « âne des Rameaux » en allemand. Il s’agit d’une sculpture en bois figurant le Christ chevauchant un âne, fixée sur une planche à roulettes. Ces « sculptures à roulettes » étaient tirées par les pèlerins lors des processions organisées au Moyen-âge le dimanche des Rameaux pour célébrer l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem.  Les célébrations du dimanche des Rameaux existent depuis le IVe siècle. Au départ, la sculpture représentant le Christ à dos d’âne est posée sur un char. Puis à partir du XIIIe siècle, en Allemagne du Sud, en Alsace et en Suisse, on a l’idée de la monter sur des roulettes. Ces sculptures rencontrent un grand succès. Elles ont l’avantage de rendre très vivante et concrète la liturgie des Rameaux.

Les sculptures animées destinées à mettre en scène la Passion du Christ sont fréquentes dans l’art médiéval tardif (XIIIe au XVe siècle). Outre les ânes des Rameaux, il existait des sculptures du Christ avec des bras articulés afin de pouvoir recréer les différentes étapes de la Crucifixion, de la Déposition et de la Mise au Tombeau. Le vendredi Saint, une sculpture du Christ était déposée dans un tombeau en bois et à l’Ascension, on élevait à l’aide d’une corde une sculpture du Christ ressuscité jusqu’à la voûte de l’église, où il disparaissait dans une grande ouverture.

Cependant, cela ne va pas durer. La Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique vont avoir raison des ânes à roulettes. Les protestants interdisent la vénération des images religieuses et détruisent les ânes de Rameaux qui provoquent une telle idolâtrie. Ils sont bientôt imités par les catholiques qui interdisent les Palmesel en 1782 considérant que la procession des Rameaux est un moment de recueillement qui annonce la mort prochaine du Christ et non un défilé de carnaval ! Les ânes des Rameaux déclarés hérétiques sont donc détruits, brulés, découpés et même noyés par le population !… Heureusement une cinquantaine d’entre eux réussissent à échapper à la destruction, soigneusement cachés ou oubliés dans des remises et greniers. C’est le cas de celui-ci qui a été acheté en 2005 par le musée national du Moyen-âge. La sculpture en tilleul polychrome mesure 1,20 m de haut et représente le Christ vêtu d’un manteau de pourpre, bénissant de la main droite et tenant la bride de l’âne sur la main gauche.