L’appel de la sirène n’a pas faibli


Baie de Sagone (Corse-du-Sud)

Qui a dit que les sirènes n’étaient que des séductrices infidèles ?
Celle qui fredonne à mes oreilles est toujours là. Infatigable, une fois encore, elle m’appelle. Elle semble s’offrir en avril, comme les oranges douces se laissent cueillir en mars.

Cela fait bien longtemps qu’elle est sortie de l’hiver. Les sarments d’un vert cristallin courent déjà sur les vignes. Les glycines ornent les terrasses que les insulaires affectionnent. Hier sec et brûlé, aujourd’hui teinté de nuances de blanc, de jaune, de rose et de pivoine, le maquis se fait plus accueillant. Il laisse les parfums éclater en capsules délicieusement capricieuses. Et puis, dans une délicate attention à l’égard des premiers baigneurs, la grande bleue sort de son hypothermie hivernale.
À l’abri du chaos du continent, tout ici invite à l’apaisement et à la patience. Aucune agressivité. Ici, même les couleurs se font douces. Après l’abondance des flocons et des pluies, les sources jaillissantes de l’arrière-pays font renaître l’âme de la Corse.

En parcourant des lieux familiers, je prends des nouvelles des uns et des autres. Il se dit que Toto et Anna-Maria, jusqu’alors retirés dans leur village natal, se prépareraient à descendre sur le littoral. On me parle de celles et ceux que je ne retrouverai pas. Il se dit aussi que Ghjulia aurait choisi de travailler à la ville, et que Orso se serait perdu sur le continent. Et je fais de nouvelles rencontres. Julien, Manuel, et Doumé le philosophe… Si typiquement différents, et si corses à la fois.

Et moi, dans tout cela ? Vais-je rester, sourd tel Ulysse, assoiffé devant un mirage, ou pire encore, idiot tel une alouette devant son miroir ?
Vais-je oser franchir le Rubicon, et me précipiter dans les bras grands ouverts de ma sirène ? Ou bien vais-je encore attendre que … Mais diable, que quoi ?
Je me sens ballotté comme peut l’être le passager d’une voiture ayant pris le départ d’un rallye réservé à des furieux.
Il serait grand temps que je me saisisse du volant, et que je ne me pose plus autant de questions !

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Cette semaine, Didier Regard nous gratifie de 4 tercets et d’un haïku …

Beau zététicien
Naufragé sur son chemin
Le choix est son bien

C’est en aveugle
Et sans sa canne blanche
Qu’il verra demain

Une mer à franchir
S’échapper des souvenirs
Un lieu où finir ?

Parfum de cistes
Grandissant sur les sols secs
Même en fleurs fanées

Spectacle divin
Pour un humble écrivain
Sur son GR 20

Découvrez les poèmes de Didier Regard et aussi ses tercets

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