La RSE est-elle l’avenir de la philanthropie?

J’ai récemment été contacté par le journal Sens & Finances. Il m’a été demandé si je pouvais consulter leur dernier numéro, consacré à la RSE, et réagir par rapport à son contenu. Je ne suis rémunéré d’aucune manière pour cet article.

En lisant le #18 de Sens et Finances, j’ai tout de suite été attiré par l’article en première page, par Jacques Attali. Frappé même, car il y parle de RSE sans parler de RSE.

Son postulat d’entrée est que la responsabilité première d’une entreprise est envers ses salariés, « financeurs » et consommateurs. Une position à peine plus élargie que celle de Friedman en 1970. Ce n’est qu’une fois assurée cette mission qu’une entreprise peut, doit s’occuper de la société.

J’ai un vrai problème avec le 2e paragraphe, où Jacques Attali nous explique « qu’une action de RSE coûte moins cher qu’une campagne de publicité et peut être plus efficace ». Pour lui, les activités de RSE de la plupart des entreprises consistent à « consacrer une partie de leurs profits à une cause humanitaire, ou même de donner un produit à un défavorisé pour tout produit acheté par un consommateur solvable ».

Il y a là une confusion. Confusion entre RSE et philanthropie d’entreprise. Ce que décrit Jacques Attali dans ce paragraphe, c’est de la philanthropie d’entreprise, rien de plus. Par la suite, certes, il apporte des propositions intéressantes quant à ce que devrait être selon lui la RSE – ce qu’elle est déjà selon moi – notamment avec la nécessité de prendre en compte les générations futures (mais les Iroquois le faisaient déjà il y a bien longtemps).donations-1041971_640

Cette confusion est une erreur fréquente, d’accord, mais qui ne devrait plus être faite depuis bien longtemps. Comment, par exemple, atteindre les Objectifs de développement durable – et notamment le 17e – si l’on persévère en 2015-2016 à confondre RSE et philanthropie d’entreprise?

Sens & Finances est un journal sur la « philanthropie d’avenir ». Et la philanthropie est une très bonne chose, qui mérite d’exister en tant que telle. L’article de Jacques Attali pose la question – involontairement – de savoir si la philanthropie d’entreprise doit évoluer en une RSE axée sur le core business de l’entreprise. Je ne crois pas, non. Les deux ont un apport qui leur est propre. Il ne faut simplement pas les confondre et les mélanger.

2 réflexions sur “La RSE est-elle l’avenir de la philanthropie?

  1. Tout-à-fait d’accord avec votre analyse critique. La philanthropie est la solution la plus simple et la moins efficace en termes de durabilité. C’est à la fois mieux que rien et un modèle que je trouve dépassé. La RSE en une étape totalement différente, qui s’approche du fonctionnement de l’entreprise elle-même, qui demande davantage d’efforts, mais qui n’est pas non plus la panacée car elle ne s’attaque pas non plus au coeur de certains problèmes clés. Seule l’étape ultime qui consiste à repenser entièrement ses modèles d’affaires est garant d’une économie soutenable. Et là, il y encore du boulot.

  2. Merci Arnaud, et bonne année à vous! Je suis convaincu que la philanthropie est bonne et utile, mais par pitié, que l’on arrête de la mélanger avec la RSE!
    D’accord avec vous, l’idéal est que le business model soit repensé pour le rendre durable, responsable. A mon avis, les changements ne sont pas si importants que ça, pour passer d’un business model « lambda » à un business model responsable. Il s’agit surtout de prendre en compte d’autres paramètres, d’autres points de vue. Maintenant, il est vrai que cela peut être plus ou moins compliqué selon le secteur dans lequel se trouve l’entreprise. Comment devenir responsable lorsque l’on vend des armes ou du tabac?

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