Le vivier républicain est-il à ce point asséché moralement et sur le plan déontologique qu’à peine nommé, l’heureux bénéficiaire d’une promotion soit justement ciblé et attaqué ?
Affaire Lagarde-Tapis reporté au 4 août, le Défenseur des droits fraichement nommé, Dominique Baudis, épinglé par l’Urssaf : Philippe Bilger s’interroge sur l’éthique des personnalités nommées au sommet de l’Etat.
La commission des requêtes de la Cour de justice de la République, dans l’affaire Lagarde-Tapie, a reporté sa décision du 8 juillet au 4 août parce que l’un de ses membres, qui serait Laurence Fradin épouse de Pierre Joxe, se serait récusé seulement le 7 au soir (Europe 1). C’est tout de même étrange que cette découverte in extrémis ! Sans rire, on peut craindre que de report en report, avec les lenteurs judiciaires tenant au remplacement de Jean-Louis Nadal, on finisse par enterrer ce dossier qui semble gravissime.
Dominique Baudis a été nommé il y a peu Défenseur des droits par le président de la République. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour apprendre que dans sa précédente charge à l’Institut du monde arabe (IMA), 36OOO euros de frais professionnels non justifiés avaient été relevés par l’Urssaf. Celle-ci a prescrit un redressement évaluant à 12004 euros les cotisations sociales à régler, ce dont l’IMA s’est acquitté. Pour sa part, Dominique Baudis a remboursé 8769 euros. Avec sa carte bleue professionnelle, beaucoup de dépenses strictement personnelles ou familiales ont été apparemment effectuées. Dominique Baudis qui n’a pas fui le débat a reçu Mediapart en compagnie de son Directeur de cabinet et au cours de l’entretien, allusion a été faite également à l’année 2010 qui a été affectée par les mêmes indélicatesses que la période de 2007 à 2009 (Le Figaro, Le Parisien, nouvelobs.com).
Certes il ne s’agit pas du scandale du siècle et par rapport à d’autres errements, celui-ci semble relativement dérisoire et il est par ailleurs admis. Dominique Baudis lui-même a souligné qu’il n’y avait à lui reprocher ni détournements ni malversations. Mais l’essentiel n’est pas là.
Ce qui suscite une sorte de vertige démocratique, c’est le fait que dans la France d’en haut, le Pouvoir mal informé ou cynique n’est plus à même de pouvoir nommer à quelque fonction de responsabilité et d’autorité que ce soit, un titulaire véritablement pur, intègre, irréprochable. On n’en trouve plus.