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Démission de six membres de la Commission « Femmes dans l’Eglise » de la Conférence Episcopale Suisse

On ne veut pas être une « commission-alibi », ont déclaré les démissionnaires. Eclat dans l’Eglise catholique de Suisse: six membres de la Commission « Femmes dans l’Eglise » (CFE) de la Conférence des évêques suisses (CES) – sur les sept que compte actuellement la Commission – ont annoncé leur démission collective. Elles affirment dans une lettre du début mars ne plus vouloir faire partie d’une « commission-alibi » dont les avis restent sans écho.

Co-présidée par Marie-Madeleine Prongué-Overney, de Porrentruy, et Rose-Marie Umbricht-Maurer, de Zurich, la CFE est décimée. Car, outre les co-présidentes, ont également démissionné Elisabeth Ammann-Hà¼rlimann, Elisabeth Cavigelli, Soeur Uta Teresa Fromherz et Jolanda Gasparini. La seule qui n’ait pas donné son congé est Marlies Hà¶chli-John.

Les représentants de la CES au sein de la Commission sont Mgr Martin Werlen, abbé d’Einsiedeln, et l’actuel secrétaire de la Conférence des évêques, l’abbé Agnell Rickenmann.

En décembre dernier, les évêques avaient élu comme nouvelles membres Maryan Herr, Franziska Zen Ruffinen Imahorn et Margrith Mattle-Lindegger.

Dans leur lettre de démission, envoyée début mars aux évêques suisses et aux abbés membres de la CES, les femmes démissionnaires mentionnent parmi les raisons de leur décision l’attitude devenue toujours plus décevante au cours des années de la Conférence des évêques.

Les membres de la CFE ont eu toujours davantage l’impression de n’être plus qu’une simple « commission-alibi« . Elles en veulent pour preuve que depuis des années, elles demandent que la CFE soit complétée (selon ses statuts, elle doit se composer de 10 à  15 membres). Des propositions restées « sans écho ».

Face aux propositions faites par les membres la Commission, la CES a très longtemps laissé traîner les choses pour finalement refuser.

Depuis des années, écrivent les signataires de la lettre, la Commission Femmes dans l’Eglise n’a plus reçu de mandat de la part de la CES. Les thèmes qu’elle a choisi de traiter de sa propre initiative (diaconat de la femme, travail bénévole, prises de position concernant des documents du Vatican, dignité dans la mort, etc.), n’ont reçu « aucun écho ».

La proposition de la CFE d’introduire des cours de théologie féministe dans le cadre des branches des études de théologie a également été refusée.

Les membres démissionnaires déplorent que depuis 1989, soit depuis 17 ans, après s’être engagées sur une base volontaire, avec élan et compétence, elles sont loin de leur but, à  savoir la recherche de l’égalité entre hommes et femmes dans l’Eglise. Elles regrettent également n’avoir pas été interrogées, ni écoutées par les évêques au sujet d’importants thèmes de la vie de l’Eglise.

C’est pour elles d’autant plus décevant que les femmes représentent (encore !) la plus grande partie des chrétiens engagés. Elles affirment que les raisons de cette situation ne sont pas seulement à  rechercher à  Rome, mais aussi dans l' »attitude résignée » des évêques suisses.

De son côté, la CES n’était pas atteignable mardi après-midi pour une prise de position.

Interrogée par l’Apic, Marie-Madeleine Prongué-Overney a fait part de sa déception et de sa « grande frustration » : « Comme femmes, on a l’impression que nos avis ne comptent pas, que l’on nous ignore… On passe un peu pour des attardées de Vatican II« .

La co-présidente démissionnaire relève que la CFE aimerait bien aborder certaines questions comme le diaconat féminin, le mariage des prêtres, la question des divorcés remariés,  » même si l’on sait que les évêques suisses ne peuvent pas décider seuls de ces questions délicates « .

Elle regrette également que les évêques leur confiaient peu de tâches, et que de toute façon, ils voulaient transformer la Commission Femme dans l’Eglise en un simple conseil que l’on pourrait saisir si nécessaire.

 » Ce n’est pas le cas d’une Commission qui peut agir de façon indépendante, même si nous étions tout à  fait conscientes de notre devoir de loyauté envers l’Eglise « , insiste Mme Prongué-Overney.

Elle affirme faire partie d’une génération  » qui a accueilli Vatican II avec bonheur « , et ressent durement ce qu’elle considère comme des  » tour de vis  » actuellement dans l’Eglise.

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