Hillary Clinton, son livre et les «abdos magiques» de Bernie Sanders

Quand je reçois un mail de Barack Obama, il m’appelle par mon prénom. Hillary Clinton, elle, ne prend pas cette peine. Pour la candidate malheureuse à la présidentielle de 2016, je ne suis qu’une simple «friend». Mais passons. Quoiqu’il en soit, sa stratégie de communication reste toujours bien huilée. Si je trouve ce matin un de ses messages préparé par son équipe de choc dans ma boîte mail intitulé «Bravery», c’est parce que son nouveau livre, «What Happened», le troisième, sortira mardi prochain. Un livre dans lequel elle règle ses comptes. La version française, «Ça s’est passé comme ça», sortira le 20 septembre.

Plusieurs médias américains, dont NBC et CNN, en ont déjà révélé des extraits. Elle s’en prend notamment à son ancien rival des primaires démocrates, qu’elle rend en partie responsable de son échec. Ses attaques ont fait des «dégâts durables», écrit-elle. Du coup, plutôt que de tendre bravement l’autre joue, Hillary Clinton contre-attaque: «Bernie Sanders annonçait à peu près la même chose, mais en plus gros. Sur tous les sujets, c’est comme s’il promettait des abdos en quatre minutes, ou des abdos en zéro minute. Des abdos magiques!». Et déjà le sénateur a réagi dans le «Late Show with Stephen Colbert», lui volant dans les plumes. Lui aussi est en pleine promotion d’un nouveau livre.

Hillary se livre aussi à quelques confessions et regrets. Elle concède que sa campagne n’avait «pas la même passion ou le même feu» que celle de son mari en 1992 et, bien qu’elle ait été affublée des pires noms d’oiseaux de la part des partisans de Donald Trump, elle regrette de les avoir qualifiés de «pitoyables». Le livre promet d’autres règlements de compte. Elle n’a jamais caché l’aigreur qu’elle ressentait à l’égard de James Comey, le patron du FBI limogé par Donald Trump, qui, quelques jours avant l’élection, avait rouvert une enquête sur ses emails privés alors même qu’une première investigation avait conclu qu’elle n’avait rien fait de dommageable. Hillary Clinton ne cesse de le répéter: «Sans l’intervention spectaculaire du directeur du FBI dans les derniers jours, nous aurions gagné la Maison-Blanche». Elle raconte les coulisses de sa campagne, ses hauts et ses bas, et dénonce le sexisme dont elle a fait l’objet, elle y parle également de sa famille. Et assure que sa vie maritale avec Bill Clinton, connaît «beaucoup, beaucoup, beaucoup de beaux jours, plus que des jours tristes ou de colère».

Dans son mail de ce matin qui tombe à point nommé, Hillary Clinton parle finalement peu de son livre. Elle évoque ses dernières lectures – «On Tyranny» de Timothy Snyder et le dernier livre de Elena Ferrante – et nous conseille un show de Broadway, «Come From Away». Ah si, vers la fin, elle glisse, comme ça en passant, ses dates de tournée pour la promotion de son livre, aux Etats-Unis et au Canada. Des conférences payantes. Le prix des billets va de 50 à … 2300 dollars. Mais à ce prix, vous avez droit à un livre dédicacé et à une petite photo en backstage.  Quand même. Hillary Clinton, c’est tout un business.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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