Front Associatif et Syndical contre Cigéo

Ce texte est le tronc commun qui unit différentes organisations dans un Front Associatif et Syndical contre Cigéo, projet d’envergure nationale. Tel une charte, d’autres organisations sont appeler à rejoindre les organisations déjà signataires. Chacune des organisations peut affiner sa propre position en la développant dans un paragraphe à la suite (Mai 2020).

Pourquoi nous nous opposons à Cigéo
Voulu par le gouvernement et porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), destiné à enfouir en profondeur les déchets nucléaires les plus radioactifs et d’une durée de vie de plusieurs centaines de milliers d’années, le projet Cigéo est dangereux pour les populations actuelles et les générations futures. Sur ce site de Bure, en Meuse, c’est le stockage de 380 000 m3 de déchets conditionnés de Moyenne et Haute Activité à Vie Longue (HAVL) qui s’effectuerait à 500 m de profondeur dans une couche argileuse. Son exploitation se déroulerait sur une période de plus de 120 ans dans un ensemble constitué de descenderies, de galeries et d’alvéoles pour un total en linéaire d’environ 270 km (soit plus que le métro parisien !), réparti sur une surface souterraine de plus de 15 km2. Ce serait le chantier le plus important d’Europe par sa durée, par son ampleur avec l’extraction de 9 à 10 millions de m3 de roche, et avec plusieurs centaines de milliers de tonnes d’acier et 300 000 m3 de béton pour ses soutènements. Évalué en 2014 par l’Andra à 34 milliards d’euros, son coût reste très probablement sous-estimé – et il suffirait de prendre en compte les volumes des déchets Moyenne Activité à Vie Longue en réserve (104 000 m3), et considérer comme des déchets les combustibles usés (68 500 m3) pour arriver, à partir des coûts variables, à un coût global très largement supérieur.

Les risques sont nombreux : incendie ou explosion liés à la production d’hydrogène par radiolyse et par corrosion, panne prolongée de ventilation, infiltrations d’eau, impossibilité de récupérer un « colis » de déchets présentant un défaut, auto-inflammation de déchets contenus dans du bitume, agressions naturelles (tempêtes, inondations, canicule…). S’y ajoute la vulnérabilité du site à des agressions extérieures malveillantes. Jusqu’ici, les expériences d’enfouissement profond de déchets chimiques ou nucléaires se sont avérées désastreuses, on peut citer Stocamine en France, Asse en Allemagne, et le WIPP aux Etats-Unis. Un tel stockage centralisé d’une quantité considérable de déchets de diverses origines impliquerait des transports incessants et dangereux par des milliers de wagons et camions, des entreposages en surface, des pollutions de toutes natures des territoires environnants ou traversés, sans compter le « bilan carbone » considérable d’une telle opération. 

Sur le plan éthique, Cigéo est inacceptable. C’est une option irréversible imposée aux générations futures, placées dans l’impossibilité de mettre en œuvre d’autres solutions en cas d’hypothétique émergence de procédés de neutralisation de la dangerosité de ces déchets, mais aussi de récupérer d’une quelconque manière ces déchets ou d’intervenir en cas d’accident. 

Nous dénonçons ce projet, né d’un déni de démocratie. Cigéo a été imposé à un territoire sans avoir tenu compte des 60 000 signatures de personnes résidant en Meuse et Haute-Marne demandant un référendum, ni du refus par la population du choix de l’enfouissement, exprimé avec force lors des débats publics de 2005, 2013 et 2019.  

Nous dénonçons la répression intense et inédite qui s’abat sur le mouvement d’opposition au projet, par un harcèlement d’Etat, policier et judiciaire, visant à annihiler toute contestation. Comme l’ont révélé les enquêtes menées par Reporterre et Médiapart, cette surveillance de masse a déjà coûté un million d’euros d’argent public.

Nous dénonçons la dynamique d’accaparement des zones naturelles et des terres agricoles qui accompagne la mise en place du projet. L’implantation de Cigéo et de toutes les installations connexes (sans compter le passage hebdomadaire de convois radioactifs) et leur fonctionnement pendant au moins 130 ans modifierait profondément le territoire, le condamnant à ne pouvoir accueillir d’activités autres que nucléaires.

Avec Cigéo, c’est « Après moi le déluge ! » Nous dénonçons la sous-évaluation volontaire du coûtde ce projet par le gouvernement. Ignorant les chiffrages existants, celui-ci l’a fixé à 25 milliards d’euros afin de réduire les charges à court terme des producteurs de déchets. Les provisions nécessaires à sa construction et surtout son exploitation ne seraient donc pas disponibles le moment venu. Cela impose d’ores et déjà des « optimisations » susceptibles de dégrader encore plus la sûreté, et obligerait les contribuables des générations à venir à contribuer à son financement.

Cigéo, projet dangereux et inacceptable, doit donc être abandonné. En outre, afin de ne pas ajouter à la charge des générations futures, et dans la mesure où aucune « solution » satisfaisante n’existe aujourd’hui nulle part dans le monde pour la gestion des déchets radioactifs, la décision d’arrêter d’en produire s’impose comme la seule raisonnable. 

Par son ampleur exceptionnelle et sa dangerosité, Cigéo s’annonce comme le plus grand projet inutile et imposé d’Europe.  Nous appelons à une mobilisation large pour empêcher sa décision de mise en œuvre, qui ne concerne pas seulement les associations antinucléaires, ni même les associations de protection de l’environnement, mais l’ensemble de la société civile.

Face à Cigéo, unissons nos forces !

Signé par :
Organisations nationales :    Arrêt du Nucléaire – Confédération Paysanne – France Nature Environnement – Global Chance – Greenpeace France – Les Amis de la Terre – Réseau Sortir du Nucléaire – Solidaires
Collectifs locaux :    Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire (collectifs de 12 associations) – Coordination Stop Cigéo (Collectif d’associations locales opposées au projet 55 et 52) dont Cedra (Collectif contre l’Enfouissement des Déchets Radio-Actifs – 52)….

Laisser un commentaire