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PIL fait un triomphe au Dub, Johnny Lydon toujours égal à lui-même

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C’est la fête du dub à l’Ancienne Belgique. L’A.B. met à l’honneur, avec le dub, un sous-genre du reggae et l’influence qu’il a pu avoir à travers le monde. Le dub est la version instrumentale du reggae. Apparu en 1968 suite à une erreur humaine, ce genre musical fête aujourd’hui ses 45 ans, la période couverte par cette salle mythique pour fêter cet événement majeur est du 30 août 2013 au 30 juin 2014, elle invitera donc des artistes ayant marqué ce sous-genre du reggae et PIL sera l’un des artistes participant à la fête. Pour la petite histoire, Osbourne Ruddock aka King Tubby, oublia de mixer les voix alors qu’il travaillait sur un master. C’est ainsi que naquirent le dub et, par extension, les versions instrumentales. Pour honorer cette date symbolique, l’AB lance le cycle Dub Be Good To Me qui interrogera la pertinence et le son du dub en 2013 et en 2014.

Lorsque Johnny Rotten aka Johnny Lydon met fin aux Sex Pistols en 78, il part pour la Jamaïque pour trois semaines, en compagnie de Richard Branson, afin d’y dénicher des artistes reggae pour le compte de Virgin Records. À son retour, encore tout retourné de son voyage, il contacte Jah Wobble, grand fan de dub et fonde Public Image Ltd. Leur premier opus particulièrement novateur, “First Issue”, sort la même année. L’album transpire le dub et le son de Jah Wobble est décrit comme Impossibly Deep. Ils sont, à l’époque, l’un des premiers groupes à fusionner avec succès le post-punk, le krautrock (le rock expérimental allemand) et le dub. Son successeur “Metal Box” sorti en 1979 est considéré comme l’un des albums les plus influents de tous les temps. Il est d’ailleurs repris dans le top 500 des greatest albums of all time du Rolling Stone.

Après l’excellent et plus expérimental “Flowers Of Romance” sorti en 1981, PIL accède à un plus large public avec des tubes comme “This Is Not A Love Song” (1983) et “Rise” (1986). Ce dernier est extrait de l’album intitulé “Album” qui a été produit par l’illustre bassiste et gourou du dub Bill Laswell. En septembre 2009, PIL annonce une reformation pour cinq spectacles au Royaume-Uni, le groupe n’a alors plus donné de concert depuis 17 ans. Le 11 juin 2012, ils sortent “This Is PIL”, leur premier album en vingt ans, sous leur propre label PIL Official. Plus rien n’est sorti depuis lors. Avec, il est vrai, pour seule constante John Lydon, rejoint par deux autres anciens membres de PIL, Lu Edmonds à la guitare et Bruce Smith à la batterie et un nouveau venu à la basse, Scott Firth, qui fait amplement honneur au son de ce groupe marquant et légendaire.

Il faut dire que les préventes n’ont pas atteint le nombre escompté et le sold out n’est pas au programme. Il y a eu plus ou moins 600 préventes et la salle est en mode box. Il n’y a aucune première partie de prévue et le groupe va débuter sa prestation à 20h15 précise. Je suis évidemment aux barrières et au taquet dans l’attente du concert. À ma gauche, il y a présence de deux énergumènes fortement imbibés par l’alcool qui vocifèrent à tue-tête, l’attente se fait crispante et cela embête quelque peu le public présent. Il faudra d’ailleurs calmer leur ardeur plus que débordante.


Johnny arrive sur scène rayonnant et tout sourire accompagné de ses trois musiciens. Il est bien sûr accompagné de sa bouteille de whisky. Lu ressemble à Jésus avec ses longs cheveux et sa longue barbe, il est toujours aussi alerte derrière une guitare. Johnny est vêtu d’une chemise rouge, d’un pantalon baggy trousers et de ses chaussures multicolores, pappy veut rester jeune. La musique, elle reste jeune et novatrice, mais Pappy Johnny a quelque peu vieilli.

Ils vont attaquer “Deeper Water”, extrait du dernier opus “This Is PIL”. La chanson va être quelque peu tirée en longueur, mais on fait ce soir la fête au dub. L’énergie est présente. On passe ensuite à “Albatros”, extrait du très bon et même excellent “Metal Box” ou les lignes de basse sont entêtantes et cela fait partie du jeu. On passe ensuite à “This Is Not A Love Song” où le public s’anime. Johnny met également la pression avec ce morceau culte et essentiel pour tout fan de la première heure. Son chant est entêtant et habité, il est toujours aussi exubérant et épileptique. Entre chaque morceau, le rituel est toujours le même, il se rend vers sa bouteille de whisky, se gargarise longuement les cordes vocales et recrache le tout dans une poubelle prévue à cet effet. Au fur et à mesure du concert, il va surtout en mettre de plus en plus à côté de celle-ci.


Un retour vers le premier album “First Issue” avec “Low Life”. En mars 2005, Q magazine prétendait que l’album avait été utilisé par des psychiatres dans le traitement de patients dépressifs pour leur montrer qu’ils n’étaient pas seuls. En effet, le chant est entêtant et nous ne sommes pas dépressifs. Un nouveau morceau essentiel de “Metal Box”, “Careering”, c’est véritablement la fête au dub, c’est même très bon. Le jeu de scène très particulier de Johnny vaut le détour, il danse comme un pantin désarticulé, saute encore sur place malgré son âge avancé. L’expression de son visage avec ses grimaces caractéristiques et répétées vous envoûte. C’est lui la colonne vertébrale et le centre d’intérêt de PIL et il le sait. Il est à noter que le maître ne communique pas beaucoup ou très peu avec son public et c’est dommage. “The Order Of Death” est extrait de mon album culte “This Is What You Want… This Is What You Get”, quatrième à être sorti en 1984.

Avec “Warrior”, extrait de l’album “9” sorti en 1989, on continue la revisite de la carrière de PIL, c’est un morceau un peu moins accessible pour moi. Enfin du matériel plus récent avec “Reggie Song”, on revient en 2012 et cela j’aime bien. “Death Disco” fait exulter un public un peu mou. À part le rituel gargarisation bibine, il n’y a pas de temps mort dans le concert. On passe à “Out Of The Woods” qui est une de mes chansons préférées du petit der “This Is PIL”. On va terminer en beauté avec “One Drop”.

Une brève et courte interruption pour un retour triomphal avec au rappel “Public Image”, le hit, le succès, ma jeunesse. Cette chanson ne vieillit pas, moi non plus quand j’entends cela, les poils se dressent et les frissons vous parcourent le bas du dos. La salle quelque peu réveillée est en feu, moi aussi je suis chaud. La pression est mise pour une soirée qui se termine en apothéose avec “Rise” et “Open Up”, un cover du groupe Leftfield qui est un duo d’artistes et de producteurs de musique électronique britannique, formé en 1989 à Londres et composé de Paul Daley et Neil Barnes. Une belle fin pour un concert de ouf. Johnny remercie et nous parle enfin, il signale qu’il aime tout le monde et qu’il veut rencontrer tout le monde.

Je vais essayer de joindre l’utile à l’agréable en me rendant à la sortie arrière de l’Ancienne Belgique dans le but de voir au moins Johnny. Nous étions quatre, nous l’avons attendu une heure, il sort et dès qu’il nous voit, il se cache comme un gamin, nous évite et monte dans sa camionnette comme un voleur, sans un regard. Une des personnes présentes se dirige vers Johnny, il est violemment repoussé par l’un des musiciens et une personne chargée de la sécurité du groupe. Je trouve cela plus que pitoyable, Johnny, tu es peut-être quelqu’un sur scène, mais à la ville, tu ne vaux rien. Tu peux être quelqu’un d’important, mais tu as besoin de fans et de gens comme nous pour faire perdurer ta musique, je trouve cela plus que navrant. Pappy Johnny, il est temps de te recycler, tu es plus que dépassé, tu dois te trouver une place bien tranquille à la maison de retraite, car en prenant de l’âge, tu deviens plus que ridicule.

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Photos © 2013 Jean-Marc Quinet

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