My Zoé

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Si Julie Delpy nous faisait rire, pourquoi ne peut-elle pas nous faire pleurer ?

Julie Delpy nous avait habitués, en tant que réalisatrice, à des comédies déjantées inoubliables dans le genre de Two days in Paris (2007) et Two days in New York (2012) ou même Le Skylab (2011) pour lequel elle obtint le prix spécial du jury au festival de San Sebastian. Ici, elle s’aventure dans le drame. On pourrait craindre le pire tant le sujet semble rebattu, mais elle s’en sort assez bien, d’autant qu’elle n’hésite pas à interpréter elle-même le rôle de la mère, tendant à devenir de plus en plus une sorte de Woody Allen féminine et franco-américaine. Après son divorce, Isabelle, généticienne, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari, James, a du mal à l’accepter et lui rend la vie dure dans la bataille qu’il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoé. Voilà un scénario qui donne l’impression de déjà-vu, et tout le monde de se souvenir par exemple de Kramer contre Kramer entre autres. On assiste aux disputes du couple, aux vacheries sordides pour la garde de l’enfant, aux mesquineries et autres procédés qui font du divorce un enfer, sans oublier la baby-sitter et l’école qu’il faut gérer tout en continuant sa vie, son métier et même un autre amour. Après on ne s’étonnera plus qu’à Wuhan, par exemple, un ou une généticienne aurait pu commettre l’erreur fatale qui a plongé le monde dans la pandémie.

A travers ce film, avant qu’il ne bascule dans le drame, on ne peut que constater la misère sociale actuelle, les difficultés pour une femme de s’émanciper, les doutes et les peurs concernant un nouvel amour, et l’impossibilité finale de mener une double vie quand on a un enfant. Car avoir un enfant a, de tout temps, été le but primordial du mariage. Il semblerait que cela soit de plus en plus le cas, même au XXIè siècle où les couples sont de plus en plus séparés et reconstruits. C’est ainsi qu’il faut sans doute comprendre le titre My Zoé puisque, finalement, l’enfant sert d’enjeu dans ce couple, et devient une sorte d’objet transactionnel et monnaie d’échange.

 

 

Mais le naufrage du couple n’est pas le seul sujet du film qui se décompose en trois parties distinctes, et l’une d’entre elles constitue l’observation minutieuse d’une enfant, de sa vie, de ses rêves et de ses attentes par rapport à ses parents, même s’ils ne vivent plus ensemble. Comment aussi lui cacher la vérité tout en lui faisant admettre qu’une maman est susceptible aussi de refaire sa vie, comme on dit. Julie Delpy s’en explique dans le dossier de presse du film : « Je me suis surtout inspirée de choses que mon fils m’a dites. Je trouve fascinant cette faculté qu’ont certains enfants à vous parler de ce qui existait avant le big bang ou à vous questionner sur notre rapport au temps, sur les rapports entre le tout et le néant, sur un ensemble de notions philosophiques essentielles. » Et c’est justement cet aspect pas assez exploité qui donne au film un peu de poésie dont il a bien besoin. Bien structuré pourtant, dans une mise en scène et une direction d’acteurs assez classiques, avec la belle photo de Stéphane Fontaine, My Zoé permet au spectateur d’assister au travail d’une très jeune comédienne dans le rôle de Zoé, Sophia Ally, et de retrouver aussi des acteurs talentueux mais sans grand charisme comme Richard Armitage, Daniel Brühl ou Gemma Arterton.

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Durée : 102 mn


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