Arbrealettres

Poésie

GABELLES (Edouard Glissant)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2021



 

GABELLES

Près des mers je vous ai guettés, manants. Voici la face
Avide. Puis les rocs. Déhanchées, les écumes.
Comme traces sur la mer d’un lourd passage d’ortolans.

La nuit est morte dans le jour, morte la faute dans l’été !
Ainsi la malemort ainsi l’odeur d’aridité
Meurent, pour se connaître sur la mer.
Et vous, vivants dans la mort claire.

— Quel est celui qui hèle ? Sur nous, quelle cette mer ?
Et pour laver la tour d’un feu de chênes nous appelle ?

Je suis l’obscur témoin, le mandement. Vous êtes mains
Amères, qui chantez dans l’amer tournoiement. Et vous,

Dans cet éclat et cet étonnement vous êtes
La mutité le vide la tempête
Où crie le noir silence qui m’étreint.

(…)

(Edouard Glissant)

 

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