Que reste-t-il de la marche “historique” des réfugiés et de celle des haratines ?

Près de six mois après la marche des réfugiés mauritaniens du Sénégal qui avaient quitté Boghé pour Nouakchott et sept mois après cette autre marche organisée dans la capitale du pays par les auteurs du manifeste sur les droits politiques économiques et sociaux des harratines, la situation reste en l’état et n’a guère évolué pour les uns comme pour les autres.

 

 

Les efforts consentis les mois derniers par les deux grands ensembles sociaux que sont les rapatriés du Sénégal et les signataires du Manifeste pour les droits de harratins sont finalement restés vains, alors que l’on s’achemine fatalement vers la fin d’année 2014. On se rappelle qu’au terme des sorties de ces deux ensembles dans des manifestations publiques à Nouakchott, le président Ould Abdel Aziz s’était saisi des dossiers cibles s’engageant à leur apporter des solutions au plus tôt. Depuis, rien… Et la faute incombe certainement aux manifestants qui n’ont pas su maintenir le flambeau de la contestation et celui de la défense du droit. Au sein des deux groupes de manifestants qui ont mené les actions populaires les plus frappantes ces derniers mois, les moyens ont manqué et la situation n’est pas des meilleures pour la poursuite du combat.

Souvent, c’est le sens du sacrifice qui a manqué chez les uns comme chez les autres pour le plus grand bonheur du président de la République qui a finalement joué sur le temps pour « laisser passer l’orage » des manifestants.


Divisés sur la nature des mécanismes de lutte contre la marginalisation dont fait l’objet leur communauté, les signataires du Manifeste ne sont jamais tombés d’accord sur un calendrier d’actions visant la résolution des problèmes posés. Le pouvaient-ils d’ailleurs quand on sait que l’assemblée est constituée de cadres de différentes générations politiques souvent antagonistes, avec des visions et des intérêts parfois divergents ? Confectionné aux forceps, le Manifeste pour les droits économiques, sociaux culturels et politiques des harratines n’a pas pu résister au temps. L’enthousiasme qui l’a accompagné a juste permis la célébration de son premier anniversaire avant de fondre comme neige au soleil. Les moyens matériels faisant défaut, le programme d’actions qui avait été établi portant sur des activités diverses dont des tournées de sensibilisation à l’intérieur du pays et auprès de partenaires sociopolitiques devant lesquels il était prévu de répertorier les tares et les travers de la société mauritanienne inégalitaire où sévit une têtue féodalité, et des codes archaïques, n’a jamais été mis en route. Même si la volonté de se lancer dans le combat pour l’égalité des leurs et des couches populaires est présente au niveau de chacun des militants, il reste que ceux-ci n’ont pas pu consacrer assez de temps à leurs actions. Les réunions prévues pour discuter des actions à entreprendre devaient en souffrir avec très souvent des assemblées sans cesse reportées du fait de quorum non atteint. De fil en aiguille, la flamme de la revendication n’a cessé de se consommer.

Du coté des rapatriés mauritaniens des camps de réfugiés, la fortune n’a pas été meilleure. Au contraire ! L’Association des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (ARMS), organisatrice de la marche de 300 kilomètres reliant Boghé à Nouakchott semble avoir disparu de la scène. Les échos qui parviennent de cet ensemble ne sont pas encourageants. Il semble que le mouvement de contestation social a fini par être récupéré par les politiques, si ce n’est pas le pouvoir. Aux réfugiés qui avaient manifesté avec force et fracas avant d’être accueillis par des grenades lacrymogènes à l’entrée de la ville de Nouakchott, aucune solution commune n’a été réservée. Ils sont nombreux les observateurs qui pensent au contraire que certains de leurs dirigeants ont été plusieurs fois reçus en aparté par les deux généraux négro-africains que compte la République. Ce qui est certain, c’est que depuis, c’est le silence presque total. Exception faite en effet d’un communiqué lapidaire publié peu après les dernières élections et dans lequel l’ARMS demande au président Ould Abdel Aziz de respecter ses promesses, aucune action n’a été engagée. De sources dignes de foi, le bureau de cette association refuserait même de tenir, depuis la moindre réunion. Pourtant, dans les camps des réfugiés, la situation s’est davantage détériorée au grand dam des populations autochtones paisibles qui ont cru un moment à leurs leaders.

En fin manœuvrier, le président Ould Abdel Aziz est ainsi en passe de juguler deux problèmes d’importance, à moindre frais. Connaissant parfaitement la nature du mauritanien incapable de soutenir et de lutter un temps pour un idéal, le chef de l’Etat, savait certainement qu’en laissant « pourrir » les problèmes qui lui avaient été posés, il trouverait leurs solutions.

 

MOMS

 

Source : L'Authentic.info

 

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