DEVOIRS D’ÉTÉ
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 Christian Fremaux (*)
Avocat honoraire
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L’auteur, qui vient régulièrement dans nos colonnes épancher ses humeurs, se montre inquiet pour la rentrée. Il craint que la prochaine élection présidentielle n’entraine à des excès qui le mettent en fureur. Comme toujours, ses propos, d’un humanisme incontestable, n’engagent que lui.
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ous sortons péniblement d’une période difficile et il nous faut préparer une rentrée qui ne s’annonce pas sous des auspices favorables (mais j’espère me tromper). Nous allons nous lancer tête baissée dans la campagne présidentielle, ce qui va entrainer outrances, approximations, invectives et promesses improbables. Le citoyen a déjà fait connaitre sa désapprobation par une abstention record aux dernières élections locales. Il est fatigué des débats stériles, des discours contradictoires et du fait que toute minorité prétend imposer sa vérité .Il se bat contre le virus en se résignant aux contraintes, et  va cependant  se mobiliser pour l’élection du futur chef de l’Etat, car le français est sérieux, responsable, il ne veut pas laisser son destin et celui de ses enfants entre des mains pas très nettes, et il sait qu’il doit protéger les acquis et les valeurs républicaines.

 Le progrès, dont la définition est à géométrie variable, ne doit pas advenir dans n’importe quelles conditions, au profit de quelques groupes ou individus qui n’exigent que des droits et veulent faire notre bonheur malgré nous. Il n’est pas nécessaire de bousculer ou de déclarer périmés tous les cadres de vie qui font la beauté de nos territoires, et imposer des règles qui ne correspondent pas aux habitudes sociétales et séculaires qui ont fait leurs preuves. Le citoyen veut que l’on s’occupe de la proximité, selon la formule polémique en son temps de « la Corrèze plutôt que le Zambèze ». Ce qui n’interdit pas d’accueillir ceux qui sont convaincus que notre société et nos manières de vivre sont bonnes. Ce qui n’exclut pas de participer au règlement des grands problèmes du monde en étant solidaire avec les plus malheureux.

Il n’appartient pas aux élites prétendues et auto-déclarées de décerner des brevets du bien, et de dire ce qu’il faut faire ou non. Personnellement j’en ai assez d’être taxé de racisme pour tout et rien ; d’être accusé de discrimination quand je me réfère à la laïcité liberté qui permet à chacun d’exercer sa liberté de conscience mais qui ne peut entrainer des exigences et des partitions y compris sur le domaine public ; de devoir me repentir pour ce que mes ancêtres auraient fait de mal dans leurs époques pour tout sujet ; et de devoir demander pardon à qui s’estime victime… Et je n’énumère pas plus chacun ayant son expérience personnelle. Je ne digère pas les leçons de morale.  

Manifestation contre le pass-sanitaire. A remarquer que ces deux manifestantes ont enfilé des gilets jaunes. Capture d’écran LCI.

Je crois qu’en réalité on attaque notre civilisation, notre nation millénaire, avec ses qualités et ses défauts qu’il faut corriger mais qui nous ont conduits à être dans le monde la 5ème ou 6ème puissance économique et militaire, et surtout à avoir un rayonnement universel par nos valeurs. A force de donner dans le contrat social des coups permanents de canif, il y a risque de tout déchirer et de sombrer dans le chaos. C’est un danger imminent qui impose une réaction forte en légitime défense.  Ainsi quand j’entends des gens parfois très instruits et très privilégiés hurler à la dictature ou au totalitarisme à propos de certaines décisions publiques,  y compris celles qui protègent contre l’insécurité ou qui protègent la santé collective, je m’insurge.

Notre devoir d’été est de se calmer et de retrouver un niveau mesuré de débats qui n’incitent pas à la surenchère et à la violence. Personne ne détient la vérité.  Relisons les philosophes, les stoïciens, les tolérants, Voltaire et les autres, ceux qui définissent la Nation une et indivisible. Bannissons la haine et le complotisme des réseaux sociaux. N’oublions pas que la déclaration des droits de l’homme parlait aussi du citoyen. L’individu peut avoir un conflit d’intérêts avec le citoyen qu’il est d’abord. Sans civisme, sans l’acceptation volontaire de limiter nos désirs, l’Etat, qui est nous dans sa diversité, ne pourra fournir.

Notre devoir d’été est de nous préparer à penser collectif, et notre responsabilité individuelle est de coopérer aux efforts nécessaires. Il ne faut pas de plus égaux que d’autres qui exigent parce que ce sont eux et qu’ils le mériteraient. L’égalité est la norme. La fraternité n’est pas qu’une valeur devenue constitutionnelle et elle implique que chacun aille vers l’autre et que personne ne se soumette, à la condition évidente d’adhérer au cadre républicain, à ses principes, à l’ordre public.  Quant à la loi elle protège tandis que la liberté (sans limites) opprime. Mais nos libertés publiques ne sont pas en danger, les circonstances les malmenant quelque peu à titre temporaire.

Les politiques, les responsables syndicaux et de toute nature, tous les élus à leurs niveaux et les multiples candidats au poste suprême (quelle chance ont les français d’avoir autant de personnalités qui font le sacrifice de leur vie personnelle pour nous, quidams de base) devront donner l’exemple, débattre avec un sérieux qui n’exclut pas la passion, pour montrer qu’ils croient en ce qu’ils disent, et ne pas se contenter de critiquer. Ils devront avoir des programmes clairs, proposer des solutions concrètes, des choix humanistes. Ils ont tout l’été pour préparer leurs devoirs. Le corrigé aura lieu en avril 2022.

Aux armes légales, citoyens ! Car il faut un état de droit fort, et des valeurs morales. Le  spirituel a autant de nécessité que le matériel indispensable. Optons pour une rentrée raisonnable. On doit y croire.  Sous les pavés la plage, disait-on en mai 68. En octobre 2021 il faudra du béton armé pour consolider l’édifice, et pour les décisions difficiles à prendre il faudra le courage qui permet l’espoir. Nous devons gagner la paix.

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(*) Christian Fremaux, avocat honoraire du barreau de Paris, est diplômé de CEDS (centre d’études diplomatiques et stratégiques), auditeur de l’IHEDN, et président d’honneur, après en avoir été président actif pendant douze ans, de l’association des auditeurs de l’INHESJ (Institut National des Hautes Etudes de Sécurité et de Justice). Il a enseigné jusqu’en 2005 à HEC et dans plusieurs universités parisiennes. Il a été élu à l’Académie des Sciences d’Outre-mer et est actuellement président de séance auprès du Conseil des Prudhommes de Paris.

Il a publié de nombreux articles dans la presse régionale, nationale ou spécialisée. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont « les Français victimes de leur administration » aux éditions Michel Lafon.


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