par Aurélie Foglia. Lire les autres épisodes.
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les écrivains n’ont pas de vie
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ils ont une biographie
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toi qui tires sur toi
ton volet de fer
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souviens-toi
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du vol ras d’un scarabée
dans la véranda
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de ceux qui sont venus
nous trouver
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parce qu’ils avaient découvert
de la vie sur terre
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surpris en train d’allaiter de l’encre avec des larmes de salive
tu palpes sur tes genoux la plastique évanouie d’une parole
se livre à tous ceux qui ont ce désir d’incompréhension et de saisir
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et toi maintenant à toi
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cette histoire d’amour te venait avant tout
des troubadours de la Grèce de Pétrarque avec un rien de Ronsard plus une pincée de Racine du Duras égaré peut-être
ne pouvais-tu que finir
par déclarer ta flamme au fast-food
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maintenant tu as la main
voûté sur les feuilles comme le fut un ciel ton dictionnaire fuit
va dépêche-toi de prendre tout ce que tu ne peux pas emporter
de faire tes réserves dans ton garde-mémoire
rien ne sera là au-delà
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pendant que tu prends ce bain
à moitié inconscient avec des essences de plantes et des esprits
massé par la main derrière qui sait comment
faire pour appuyer sur la détente de ton corps
goutte le temps comme toi et moi au robinet reste
à attendre que les choses se déposent avant de revenir
avec un masque opérer le dernier tri
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appelle livre l’implosion n’importe quand d’un présent
l’allègement du corps vidé de sa récolte
l’encodage d’un oiseau dans son cri blanc et noir
la cuve où macèrent les caresses des coups
le ruban enroulé au poignet de l’existence entière
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sous la porte noire
repter jusqu’au récit
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changer de saison
de sexe de langue
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sortir de nulle part
se figurer en face
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être celui dont on remue
les bras avoir des sentiments
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étrangers aimer une voix
qui ne peut pas répondre
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je fore ce que je frôle
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rien qu’à secouer par le bas tes habits tombent en poussière
la mort en sort je ne me répands pas
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j’ai écrit des passages entiers de ta vie sans le savoir
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j’habite ce qui me hante
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passé après tout le monde où personne n’a de passé
tu te vois dans un livre te raconte tout bas des vies te rappellent
un goût récent de cendres dès que tu fais semblant de dormir
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or
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nous avons posé des bougeoirs au bout de nos doigts
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pourquoi clamer la supériorité de la pluie sur les sources ? est-ce l’époque qui le demande ?
où la neige de nuit devient boue les livres même commencent à perdre
contenance des mots comme amour les mains sont moites à force d’avoir trempé
dans trop d’actes obscurs
les pages sont des portes éventrées qui béent sans fin sur leurs blessures
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je n’ai plus de livres
reliés à rien dans les rayons des années manquent
de ces corps que donnent d’autres mains
gardent le silence dans leurs poings
fermés les souvenirs s’en vont par la bonde qui est au fond
je n’ai plus de je
minute ce manuscrit pour qu’il parle sans moi
dont les pages noircissent à l’air libre avant de prendre ma poussière
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