Les Chants de Loss, le Jeu de Rôle
Supplément Voyages

Relais & Caravansérails : le Funduq’ham

(image de couverture empruntée à Rhys Griffiths, tous droits réservés à l’auteur. Allez voir ses chef-d’œuvre, vous ne serez pas déçus)

Le long de tous les grands axes routiers qui relient les cités-États de Loss, un maillage complexe, né de la volonté d’assurer le commerce et la circulation des nouvelles, s’est étendu, au départ timidement, avant de devenir, ces deux cents dernières années, une véritable institution, une des plus importantes collaborations entre cultures, cités-États et empires de toutes les Mers de la Séparation. Les Athémaïs appellent ce réseau de relais et étapes routières le Funduq’ham, littéralement traduit du Frangien par : « le chemin des auberges ».

Le réseau du Funduq’ham n’est pas centralisé : chaque cité-État se fait devoir, à la mesure de ses moyens et de ses intérêts, de s’assurer que, sur les tronçons de route commerciale qu’elle prétend contrôler, se trouvent régulièrement des centres d’échange de marchandise et des relais de montures et de messagerie. Plus on s’éloigne des centres urbains, plus les relais disparaissent, remplacés par les puissants et fortifiés caravansérails, le plus souvent eux-mêmes bâtis contre une étendue d’eau où peuvent amerrir les navires lévitant le long de leurs voies commerciales. Beaucoup de ces caravansérails sont aussi, au sud des Mers de la Séparation, des comptoirs de la Guilde des Marchands, mais celle-ci n’en possède en générale que des parts d’investissement.

C’est la grande différence entre un relais et un caravansérail : Le premier est le plus souvent une auberge pourvue de bonnes écuries, de palefreniers et parfois d’un maréchal-ferrant, et dont la fonction est de servir d’étape pour les cavaliers et véhicules à roues, et d’assurer ainsi une circulation rapide et efficace des personnes et des messages. On ne trouve de relais que dans des zones civilisées et sûres, proches des villes. Le second est un bâtiment fortifié, parfois aussi vaste qu’un village, qui accueille les marchands, les caravanes, les pèlerins, et qui comporte non seulement des écuries et facilités équestres, mais aussi des entrepôts, des magasins et des comptoirs. Son rôle est tout aussi bien d’assurer le repos des voyageurs, que de servir de lieux de stockage et d’échanges des marchandises, du marchand qui assure le transport, aux détaillants de la région.

Encart : le Funduq’ham en Hemlaris et en Hégémonie :

Plus ancien que le reste du réseau dans les Mers de la Séparation, à l’exception notable des Franges, la structure du Funduq’ham en Hemlaris est appelé le Ryokogan et est protégé par l’Impératrice, bien qu’il reste une structure privée appartenant à des familles marchandes et des cités locales.

Dans l’Hégémonie, par contre, le Funduq’ham existe principalement par un vaste et dense réseau de relais en partie militarisés pour assurer le transport rapide de messagerie dans tout l’Empire. On le nomme le Cursus Publicus.

1- L’étendue du réseau

Dans les régions civilisées et urbanisées de Loss, les relais et caravansérails représentent un maillage assez serré, dominé par les relais. Sur une route très fréquentée, par exemple de Samarkin à Armanth, ou de Nashera à Mélisaren, on trouvera une auberge-relais au moins tous les 20 milles. Sur des voies moins vitales, mais tout de même fréquentées, ce sera plutôt une tous les 30 ou 40 milles. Mais ces relais ne survivent que si la sécurité des routes et des régions où ils sont établis est forte et constante. Parce que même fortifiée, piller une auberge qui en général ne comptera pas plus de dix ou vingt habitants et sans doute moins de cinq ou six personnes armées, mais des écuries, des chevaux et des provisions, n’est pas bien difficile.

Les caravansérails sont moins nombreux et on les trouvera soit juste à l’entrée des cités-États, soit le long des plus étendus axes commerciaux des Mers de la Séparation. Ils jouent, pour les routes terrestres, un rôle assez similaire aux ports pour les routes maritimes. En général, on trouvera un caravansérail tous les 90 à 100 miles, parfois seulement tous les 250 miles pour les axes les plus isolés. Un caravansérail coûte très cher et demande beaucoup de moyens pour fonctionner, un accès aux ressources, l’eau avant tout, mais aussi sa défense et sa protection qu’il assure lui-même. C’est ce qui explique qu’on en trouve peu. Mais il y en a systématiquement un dans chaque cité-État dépourvue de port, et parfois même si elle en a, servant de comptoir commercial et de point de départ des caravanes.

Encart : la neutralité du Funduq’ham :

Le réseau des relais et caravansérails ne supporterait pas les dégâts d’une guerre s’il devait les subir directement. Il a déjà bien assez à faire selon les régions avec les effets secondaires des blocus, pertes de routes commerciales et déplacements de population. C’est pourquoi en cas de conflit, les parties impliquées tendent à signer rapidement des accords de neutralité concernant les relais et les caravansérails : on ne les pille pas, on ne les détruit pas, mais on accepte que l’ennemi s’en serve pour son commerce comme on le fera soi-même. Ces accords ne fonctionnent pas toujours et même le Droit des Marchands de la Guilde des Marchands a peu de poids devant une légion en marche ou des pillards affamés, sans compter que certains conflits concernent la légitimité d’une cité-État sur un caravansérail ou un tronçon de route commerciale. Mais la neutralité du réseau est assez respectée pour lui avoir permis de survivre et prospérer ces dernières décennies.

2- Les relais

Les relais sont essentiels pour les communications entre cités-États : ils assurent le déplacement des personnes, fournissent le gîte et le couvert pour les voyageurs et des montures fraiches dans leurs écuries. Mais surtout, ils permettent d’assurer le transport du courrier, via divers services comme la Guilde des Messagers. Oui, si vous pensez au Pony Express, vous n’en êtes pas loin, bien que ces structures, privées ou gérés par les dirigeants des cités-États soient plus proches de la Poste Royale de Louis XIII.

Un relais est le plus souvent une auberge fortifiée par ses propres façades et quelques murs, avec deux à quatre bâtiments formant une enceinte autour d’une cour centrale, ouverte sur les logis, les salles communes et les écuries. Entre les propriétaires ou gérants et le personnel, un relais comptera entre une dizaine et une vingtaine d’habitants. Les relais sont en général sommairement défendus : une bande de pillards motivés et un peu malins n’aura que rarement du mal à s’y attaquer. Mais dans des régions connues pour être dangereuses, il n’est pas rare de trouver dans un relais quelques vieux mercenaires et quelques blancs-becs, pas forcément bien armés, mais assez pour donner du fil à retordre à un assaut en règle.

Un relais accueille en général une douzaine de chevaux et autant de griffons. Ceux-ci appartiennent au réseau local des relais de la route concernée et peuvent être loués à un relais, puis déposés à un autre. Les gérants ont tout un réseau d’échange qui comptabilise les montures et les rapporte aux bonnes écuries, les animaux étant tous catalogués et marqués. Dans les régions les mieux équipées en termes de courrier, il y a même des palefreniers employés directement par les services de messagerie, avec des montures qui sont strictement réservées aux courriers.

Un relais ne stocke pas de marchandises, sauf exception. Il aura des réserves de provisions et de fourrage, ainsi que l’équipement assurant le confort des hommes et des bêtes, mais ne s’occupe en général pas de commerce. Les prix des services des relais sont toujours onéreux et il vaut mieux prévoir pas mal d’andris pour en profiter.

Encart : hériter ou posséder un relais en tant que PJ ou groupe de PJ :

Dans la mesure où c’est une structure conséquente, mais de taille modeste, l’idée est tout à fait abordable, que ce soit une possession acquise en cours d’aventure ou un héritage qui serve de moteur à des premières aventures. Un relais paye des taxes et des impôts aux autorités locales, dépend de l’approvisionnement de marchands et de fournisseurs locaux pour ses denrées, exige du personnel pour fonctionner, doit assurer des frais réguliers pour ses bâtiments, ses écuries, ses montures, les jardins potagers et propriétés alentour, doit passer des contrats (et encore payer) avec la Guilde des Marchands et les organisations de messagers… et doit assurer la concurrence face à d’autres relais. Sans oublier les voleurs, les voyageurs étranges, les arnaques aux provisions frelatées, les bandits locaux et les risques de rançon et de pillage… il y a de quoi faire en matière d’intrigues !

3- Les caravansérails

Si un relais peut se comparer à un cottage ou une ferme fortifiée, le caravansérail, lui, est beaucoup plus proche d’une petite forteresse autonome ou d’un village bâti autour d’une place de marché, ce qui est d’ailleurs clairement sa fonction : c’est un comptoir commercial, ni plus, ni moins. Les caravansérails sont toujours relativement vastes, fortifiés et bien défendus, même quand ils sont bâtis dans les faubourgs ou le cœur d’une ville, comme à Samarkin et dans les cités-États Gennemons et Hemlaris, et accueillent en permanence des centaines de montures, d’animaux de bât et de personnes qui y logent, y transitent où y travaillent. On y trouvera de tout, à commencer par des négociants et détaillants locaux, des aubergistes, des rôtisseurs et des taverniers, des chapelles et services religieux, des artisans, des services de bain, des usuriers et des préteurs, des agents des douanes, des palefreniers et des maréchaux-ferrants, des mercenaires et des gardes et même des services médicaux.

Pour résumer, un caravansérail est un lieu qui rassemble, de manière très concentrée, tous les services essentiels à destination des voyageurs, caravaniers et pèlerins, y compris les équipages de navires lévitant, et comporte des magasins permettant d’entreposer et distribuer des marchandises. Quand c’est possible, un caravansérail est bâti près d’un point d’eau assez vaste pour permettre à des navires lévitant d’amerrir. Il n’offrira pas les facilités d’un port, voir, il ne dispose même pas de véritables quais, mais on peut aisément y trouver de la matière première pour des réparations et entretiens. Mais même dans l’endroit le plus désertique, un caravansérail est toujours construit autour ou près d’un point d’eau à l’approvisionnement régulier, c’est un impératif. Et le plus souvent, la structure aura alors des réservoirs pour s’assurer de ne pas manquer d’eau en case de sécheresse.

Un caravansérail est bâti autour d’une vaste cour centrale, prévue pour accueillir avec assez d’aisance les plus grandes caravanes, y compris de longilas. Les bâtiments sont bâtis autour de la cour en formant un rectangle ou un carré, avec très peu de fenêtres vers l’extérieur, les murs, épais, faisant office de murailles fortifiées, avec des chemins de ronde et souvent au moins une tour de guet. Les bâtiments et les dépendances éventuelles ont en général un étage. Les écuries, les ateliers et les magasins se situent tous au rez-de-chaussée, ouverts sur la cour, tandis que les salles communes et les appartements sont au premier étage. Il arrive que certains caravansérails poussent encore en hauteur, pour atteindre deux ou trois étages. Il est plus rare qu’on y ajoute des ailes extérieures : un caravansérail est toujours pensé comme une petite forteresse fermée, aux portes d’accès solides et bien gardés, des dépendances extérieures à sa structure le fragiliserait. C’est aussi pour ça que les dimensions d’un caravansérail sont souvent d’au moins 50 mètres de côté et parfois jusqu’à 200 mètres pour les plus vastes. En général, un caravansérail qui peut abriter des longilas ferait entre 75 et 100 mètres de côté.

Un caravansérail emploie en permanence beaucoup de personnel qui, la plupart du temps, vit dans l’enceinte du bâtiment. Il y a l’administrateur des lieux, qui peut être un marchand de La Guilde, mais aussi un ainé anciennement caravanier ou lui-même aubergiste. Il ne possède pas les lieux qui le plus souvent sont la propriété conjointe de maitres-marchands, aristocrates et bourgeois locaux et autorités de cités-États, mais il en a des parts personnelles et est payé pour gérer et assurer le bon fonctionnement du marché. Avec lui, il y a sa famille directe, mais aussi l’aubergiste et les siens, le maitre des écuries, le maréchal-ferrant, le chef des gardes et ses hommes, et toutes les familles des palefreniers, barbiers, taverniers, scribes, préteurs et autres artisans et fournisseurs de services qui vivent à demeure, sans oublier une présence de l’Eglise, pour une chapelle et des services scolaires pour les nombreux enfants.

Un caravansérail peut estimer abriter en général environ 60 à 120 résidents selon ses dimensions, sans compter les voyageurs et les commerçants qu’il accueille. Sa capacité maximale est en général de 400 personnes, qu’il peut nourrir et loger pour plusieurs semaines avant de risquer de vider ses réserves. Quant aux écuries, elles ne sont en général pas destinées –mais cela arrive souvent malgré tout- à la location de monture et à la fourniture des services de messagerie. On va plutôt y faire reposer ses propres montures et animaux de bâts et pouvoir en remplacer en les achetant. Dans un caravansérail, il n’est pas difficile de trouver ce que l’on veut, et même concernant les montures, les négociants se feront une joie, si nécessaire, de faire venir ce que vous voulez pendant que vous pourrez profiter –contre pas mal d’andris- de tous les services et du confort des lieux.

Il faut bien considérer qu’un caravansérail est cependant avant tout un comptoir marchand : on échange des devises, des monnaies, des matières premières, on vient se ravitailler pour ses propres boutiques et détaillants et passer commande auprès des caravanes et des convois de navires lévitant. On sait qu’on y trouvera de quoi se reposer, se remettre en état, se rhabiller, refaire ses propres provisions pour poursuivre sa route, après avoir pris des nouvelles du monde concentré dans un coin de civilisation vivante et multiculturelle, où qu’on soit.

Encart : la sécurité et les caravansérails

Dans un caravansérail, surtout s’il est isolé et non attenant à une cité-État, la sécurité dépend seulement de quelques gardes, et de la bonne entente des résidents qui y circulent et qui, venant de toutes les contrées, ont autant de coutumes différentes et de raison de quelles-ci se marchent sur les pieds tôt ou tard, ce qui impose de facto que tout le monde doive s’adapter ; y compris à se faire un peu rançonner, chiper quelques marchandises, et se faire arnaquer de temps en temps. Mais parfois, il faut sévir légalement. La façon de régler les problèmes judiciaires inévitables est clairement expéditive : c’est la garde qui s’occupe des peines et l’administrateur qui juge. Oubliez la notion de procès, magistrat et avocat. Seuls des membres de la Guilde des Marchands ou de l’aristocratie pourront à la rigueur éviter cette justice sommaire. Pour les autres, ça se règle de manière immédiate et en général plutôt sévèrement. Mais il faut aussi que cela se règle diplomatiquement : un caravansérail, c’est un endroit plein d’étrangers de tous les peuples, et en général la plupart seront armés, un petit nombre sont même des combattants professionnels. C’est pourquoi la peine pour les voyageurs membres de caravanes est le plus souvent soit une amende assez lourde que doit assumer la caravane dont il fait partie, soit l’éjection du caravansérail et l’interdiction d’y revenir. Quand les choses sont plus graves, comme le meurtre, on va essayer de trouver des solutions diplomatiques, ce qui sera souvent grandement aidé par l’appui d’Ordinatorii locaux pour trancher. Et pour les voleurs de pommes et les tire-laines ? Là, pas de surprise, c’est le fouet, le bâton, voire des doigts tranchés, le tout mis en scène en public, histoire de bien montrer qu’on ne plaisante pas. La mise à mort reste un cas exceptionnel, même si cela peut arriver dans le cas d’un chef de pillards capturé, par exemple.

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