Animaux domestiques à Vancouver : une réalité surprenante

Photo par Pee Vee, Flickr

Photo par Pee Vee, Flickr

Vancouver regorge d’activités physiques et de plein air. Mais surtout elle entretient sa réputation de ville pet-friendly faite pour les animaux domestiques, et les chiens en particulier, et ouvre grand les bras à la race canine. En effet, de nombreux services et aménagements sont mis en place : on trouve plus d’une dizaine de parcs à chiens éparpillés un peu partout dans la ville, une centaine de magazines spécialisés pour les produits d’animaux domestiques, ainsi que, pour ceux et celles qui ont un emploi du temps chargé, plusieurs compagnies de promeneurs de chiens. Vancouver is for dogs est un site internet très fréquenté par les propriétaires de chiens qui y trouvent des listes de logements accessibles, de lieux naturels disponibles pour les chiens, mais aussi tous les évènements qui sont organisés pour eux dans la région de Vancouver. Certains magasins seraient presque même plus aux petits soins pour les animaux que pour leurs clients !

Mais est-ce pour autant facile de trouver un logement quand on est propriétaire d’un chien ? Et quelles perceptions ont les différentes communautés par rapport à l’adoption d’animaux de compagnie?

Le paradoxe du logement

Les petits chiens sont plus facilement acceptès. Photo par Shalini Nayar

Les petits chiens sont plus facilement acceptès. Photo par Shalini Nayar

Vancouver a beau se revendiquer dog-friendly, trouver un logement en ville quand on est propriétaire d’un chien frôle l’impossible. Gigi Kao a cherché pendant des mois avant de finalement baisser les bras et de confier son chien à ses parents qui habitent une maison à Surrey. « J’ai adopté mon chien quand j’habitais encore chez mes parents, ils ont une grande maison avec un grand jardin, l’endroit idéal pour mon golden retriever. Quand j’ai voulu déménager au centre-ville pour mon travail mais aussi pour avoir finalement mon propre chez moi, l’enfer de la recherche d’appartement a commencé. La plupart des propriétaires d’immeubles refuse les chiens, pour l’hygiène mais surtout pour le bruit qui peut déranger les voisins. Quelques-uns peuvent faire des concessions pour des petits chiens du genre caniche ou shitsu mais avec mon golden retriever c’était perdu d’avance » souligne Kao. Effectivement, si à Vancouver peut-être plus qu’ailleurs les gens aiment vivre dans la tranquillité, un chien dans un immeuble peut facilement devenir un élément perturbateur. Bruit des pattes sur le plancher, aboiements…les propriétaires ne préfèrent donc prendre aucun risque par peur de voir leurs autres locataires se plaindre. Les banlieues et les quartiers résidentiels restent donc les coins les plus accessibles pour les propriétaires de chiens. Un paradoxe quand on sait que les parcs à chiens sont nombreux en centre-ville !

Différentes perceptions culturelles

L’adoption d’animaux de compagnie est aussi un aspect culturel très important de la société nord-américaine. Plus que de simples compagnons, les chiens deviennent des membres à part entière des familles qui les adoptent. Les Canadiens sont souvent prêts à dépenser des sommes exagérées pour le confort de leurs animaux domestiques, et Vancouver n’échappe pas à la règle. En hiver, les rues sont peuplées de chiens vêtus de combinaisons anti-pluie ou de petites bottes pour éviter qu’ils n’attrapent froid et les magasins de vêtements pour chiens ne sont pas rares. Pourtant, certaines communautés livrent un regard différent. Yichao, d’origine chinoise et étudiant à UBC, raconte son expérience d’un autre continent : « en Chine, l’adoption d’animaux de compagnie est une coutume assez récente, venue de l’Occident. Il est rare de voir des gens avec des animaux de compagnie, ce sont plutôt des personnes aisées qui adoptent des chiens ou des chats. Quand j’ai pour la première fois mis les pieds à Vancouver, j’ai été choqué de voir autant de personnes se promener dans les rues, courir et jouer au parc avec des chiens. » Les chiens en tant qu’animaux de compagnie ne sont donc pas monnaie courante au sein de la communauté chinoise. Ils ont toutefois plus de popularité auprès des plus jeunes générations. Pour les Premières Nations, la tribu des Squamish de Colombie-Britannique avait un rapport aux chiens plus d’ordre utilitaire que sentimental. S’ils ont toujours été très proches de la nature et des animaux, dans leurs traditions ancestrales ils adopteront un chien pour les protéger ou se déplacer, en les transformant en chiens de garde ou de traîneaux, plus que pour leur tenir compagnie.

On le voit, malgré son adoration pour les animaux de compagnie et son application à entretenir leur qualité de vie au quotidien, la réalité est plus complexe, résultat d’une mixité sociale, historique et culturelle. Après avoir soulevé certains paradoxes, il reste la question de l’utilisation commerciale et médiatique de leur image : certaines marques ne se gênent pas pour jouer sur le côté pet-friendly des Canadiens pour vendre. Quoi qu’il en soit, la perception du traitement des animaux reflète toute la grandeur et la complexité de vivre en ville, et certaines contradictions sans doute propres à Vancouver.