Combien de temps prend l’écriture d’un roman ?

Si on se doute qu’écrire un livre ne se fait pas en un jour, il peut être délicat pour un jeune auteur, et encore plus pour un lecteur, de savoir combien de temps est nécessaire pour l’écriture d’un roman. Et pourtant, il est toujours intéressant de planifier son temps d’écriture quand on s’attaque à un nouveau projet de fiction. Dès lors, pourquoi ne pas nous poser la question ensemble, et essayer de déterminer le temps de rédaction d’un livre de fiction, de la première lettre à la publication finale ?

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Crédits photo : Raymond Bucko

Pourquoi s’interroger sur la durée d’écriture d’un roman ?

C’est amusant de noter à quel point la mémoire peut-être sélective. Pour exemple, je me souviens encore de l’interview radiophonique d’une jeune auteure entendue à l’époque où la radio était encore écoutée, il y a au moins dix ans de cela. Si je suis bien incapable de vous dire le nom de l’écrivaine en question (ma mémoire est effectivement sélective) je me souviens encore d’une question posée par une éditrice : « combien de temps prend l’écriture d’un roman ? ».

Mais je dois dire que c’est surtout la réponse qui m’avait marqué : « trois mois ». Et l’ado que j’étais alors, qui s’essayait déjà à gribouiller quelques textes un peu stupides, s’était dit que c’était une belle connerie.

Et à présent que j’ai pas mal de pages de rédaction derrière moi en plus, et pas mal de cheveux en moins, je peux confirmer mon sentiment de l’époque : cette auteure avait diablement tort. Et en même temps… elle avait foutrement raison !

La vérité est qu’il est très délicat d’estimer la durée d’écriture d’un roman, tant ce temps peut varier d’un projet à l’autre. C’est pourtant un sujet plein d’intérêt, aussi bien par simple curiosité que dans l’idée de s’attaquer à un projet d’écriture.

Vous aimeriez en savoir plus à ce sujet ? Dans ce cas, étudions ensemble le temps nécessaire à un auteur pour rédiger une œuvre…

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Difficile de déterminer exactement le temps nécessaire pour écrire un livre ! (Crédits photo : Netfledge)

Combien de temps faut-il pour écrire un livre ?

J’ai récemment publié une nouvelle gratuite sur Wattpad, intitulée la montre automatique. La nouvelle en question fait une quarantaine de pages. Et pourtant, même si j’ai un peu honte de l’admettre, il m’aura fallu pratiquement un an pour la pondre, du premier mot à la version disponible aujourd’hui.

En partant du principe qu’un roman, pour éviter la méchante appellation de novella, doit faire une centaine de pages, il m’aurait donc fallu un peu plus de deux ans pour écrire un roman à ce rythme. On est donc loin des trois mois de cette interview téléphonique !

Mais comme il n’est pas très scientifique de s’intéresser au cas d’un seul auteur, surtout pas d’une tortue comme moi, il paraît intéressant d’avoir une vision un peu plus complète du sujet :

Quelle est la durée nécessaire pour rédiger une œuvre de fiction ?

Si vous connaissez le NaNoWriMo, vous savez qu’il s’agit d’une épreuve pour auteurs, qui consiste à écrire un roman de 50 000 mots (un peu plus de 100 pages) en un mois, celui de novembre pour être précis. En conséquence, on peut en conclure qu’il est possible d’écrire un roman en un mois.

Et pourtant, pour m’être intéressé à la communauté des participants du NaNoWriMo, je sais que certains de ces énergumènes parviennent à remporter le défi en un jour ou deux. En conséquence, je sais qu’il est possible d’écrire un livre en un jour.

D’après mes propres expériences, je peux donc en conclure qu’il faut entre 1 jour et deux ans pour écrire un roman. Et je suis certain que si vous vous amusez à commenter cet article, amis auteurs, cette échelle temporelle pourrait tout à fait s’allonger.

Qu’est-ce que le temps de rédaction d’un roman ?

Pour être certain d’approfondir notre sujet, il paraît intéressant de se demander ce que signifie réellement la durée d’écriture d’un roman. Nous l’avons vu, il est possible de pondre un livre en quelques heures. C’est une réalité physique : un être humain est capable de rédiger intégralement une histoire complète en moins de 24 heures.

Cette histoire est-elle bien écrite et agréable à lire ? Bien sûr que non ! Si l’auteur prolixe a de la chance, tout ne sera pas à jeter. Mais avec un temps de rédaction si court, il est évident que l’histoire sera décousue, les personnages vides et le récit, probablement répétitif et inintéressant.

Il convient alors de réfléchir plus sereinement à ce que désigne réellement l’écriture d’un roman, et de comprendre qu’une telle tâche se décompense en sous-épreuves plus ou moins longues, selon les auteurs :

  • L’idée originale,
  • L’étape de préparation du récit et de planification du roman,
  • L’écriture en elle-même,
  • Les relectures et corrections.

Si vous n’avez aucune idée de ce dont votre roman va parler, je doute que vous soyez capable de le rédiger de but en blanc, sans sourciller. De même, si votre roman est terminé, mais encore plein de fautes et d’incohérences scénaristiques, peut-on réellement considérer qu’il est fini ?

On comprend alors que le temps de création d’un roman peut dépasser de loin le simple temps d’écriture. Et pour cause, combien d’auteurs gambergent des années sur une idée de roman avant de s’y attaquer ? Et combien d’auteurs disposent de brouillons plus ou moins terminés, mais jamais corrigés ?

De quoi dépend la rapidité d’écriture d’un roman ?

À présent que nous comprenons un peu mieux ce qu’englobe la rédaction d’un roman, et que nous avons une certaine idée du temps nécessaire à sa réalisation, il est temps d’examiner pourquoi certains auteurs sont rapides, et d’autres non.

Si, certes, certaines personnes peuvent écrire ou taper à la machine plus rapidement que d’autres, là n’est pas forcément la question. Il faut comprendre que le temps nécessaire pour écrire un livre peut dépendre de plusieurs facteurs bien précis :

1) La taille du livre

En premier lieu, il est évident que la taille d’un livre joue pour beaucoup dans son temps d’écriture. Il est relativement logique qu’il faille deux fois plus de temps à un auteur pour écrire un livre de 200 pages plutôt que de 100 pages.

Et même si le quotient « temps de rédaction/nombre de pages » n’est pas toujours le même selon les projets, il est logique qu’un roman épais vous prenne plus de temps.

La peine est d’ailleurs double, car la correction d’un livre généreux ajoute à son tour un poids important sur la durée d’écriture d’un roman.

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Il est évident qu’un tel livre peut nécessiter plus de quelques mois à être rédigé ! (Crédits photo : Eddi)

2) La complexité de l’intrigue

Outre la forme du livre, son contenu joue aussi sur sa durée d’écriture. De manière concrète : plus une intrigue est simple, plus elle est rapide à rédiger.

Si vous vous appuyez sur un schéma narratif classique (situation initiale, élément perturbateur, péripéties, dénouement, situation finale), fondé autour d’une intrigue simple, et que vous conservez une petite poignée de personnages, le roman sera  bien plus simple à créer ou à écrire.

Au contraire, ajouter des personnages et des intrigues secondaires va complexifier non seulement l’écriture, mais aussi la conception de l’intrigue. Résultat : plus d’arrachage de cheveux, plus de difficultés à organiser le récit… et plus de temps à l’écrire !

Sans compter le bonus de la relecture : une intrigue complexe amène souvent plus d’incohérences et augmente donc la durée de correction du livre.

3) La richesse de l’univers

En continuant sur le fond du roman, il faut noter que la richesse de l’univers joue aussi sur le temps nécessaire pour écrire. Là où l’intrigue désigne les rapports entre personnages, l’univers désigne les lieux dans lesquels se déroulent ces rapports.

Et, en toute logique, plus l’univers d’un roman est complexe et détaillé et plus vous aurez besoin de temps pour le concevoir. Cela passe non seulement dans votre souci du détail au moment de concevoir le passé des personnages, mais aussi par le choix même des lieux et de la période temporelle.

Pour exemple, un texte de fiction qui se déroule dans un univers qui vous est familier sera bien plus facile à concevoir qu’un texte historique situé dans un lieu ou dans une période qui vous sont relativement inconnus. De même, un texte de fantasy ou de science-fiction qui se déroule dans un univers original exigera d’accorder un temps certain à la conception dudit univers.

Il faut bien comprendre qu’il n’y a pas de connotation positive ou négative à parler de « richesse » de l’univers. Un roman bien écrit à l’univers « pauvre » ou banal peut être bien meilleur qu’un roman mal réalisé, mais profitant d’un univers détaillé à l’extrême. Un univers trop riche peut d’ailleurs facilement gâcher une intrigue de qualité.

4) La disponibilité de l’auteur

Enfin, le dernier facteur, qui est peut-être le plus essentiel, reste la disponibilité de l’écrivain. Car il faut bien comprendre que lorsqu’une personne dit « j’ai mis trois mois à écrire mon roman », elle n’indique pas forcément qu’elle vient de passer trois mois non-stop à la rédaction.

A-t-elle travaillé tous les jours ? Combien d’heures par jour ? Il est évident qu’un auteur qui travaille six heures par jour sur son roman  écrira bien plus rapidement qu’un écrivain qui n’y passe qu’une heure par jour. Et il faut bien admettre que rares sont les auteurs à disposer de six heures par jour uniquement dédiées à l’écriture.

De manière personnelle, c’est souvent là que le bât blesse. Lorsque je vous dis qu’il m’a fallu près d’un an pour écrire 45 pages, il s’agit en réalité de quelques heures ou de quelques jours, éparpillés çà et là au long d’une année pendant laquelle je me suis attaqué à d’autres projets, en rapport ou non avec l’écriture.

Mon défaut n’est donc pas dans ma rapidité d’écriture, mais dans mon manque d’implication. Au contraire, prenez un auteur comme Neil Jomunsi et son projet Bradbury (qui consiste à écrire une nouvelle par semaine pendant un an), et vous savez qu’il est tout à fait possible d’écrire un roman court par semaine, ou tout du moins par mois.

La disponibilité et l’implication d’un écrivain jouent donc pour beaucoup dans sa rapidité d’exécution.

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Dans une certaine mesure, le fait d’écrire à la main put aussi jouer sur votre temps d’écriture !(Crédits photo : Fredrik Rubensson)

Comment écrire un livre rapidement ?

Au final, et quand on examine les différents facteurs qui jouent sur le temps d’écriture d’un livre, on peut plus ou moins trouver une recette qui permettrait à quiconque d’écrire ses romans rapidement.

Quel est le livre le plus rapide à écrire ?

Ainsi, si votre objectif premier est d’écrire vite, gardez en tête qu’il vous faut écrire un roman :

  • Court,
  • Au synopsis simple,
  • Au nombre de personnages limité,
  • Qui se déroule dans un univers simple, et qui vous est connu.

En dernier lieu, et c’est le plus important encore, il faut que vous écriviez de manière fréquente, et plusieurs heures par jour. Car au final, le plus long quand on écrit un roman, c’est quand on ne l’écrit pas !

Y a-t-il un intérêt à écrire un roman rapidement ?

Reste une dernière question qu’il est tout à fait logique de se poser : faut-il absolument écrire vite ? Y a-t-il honte à passer plusieurs années sur un roman ? Comme toujours, tout dépend de vous !

Nul n’est tenu d’écrire un livre rapidement, si ce n’est peut-être les auteurs qui vivent de leurs ventes de livres (il suffit de voir le rythme de publication annuel des best-sellers français pour comprendre cela). Heureusement, bien heureusement, rares sont les écrivains à être dans ce cas !

Faut-il à tout prix être obnubilé par le temps de rédaction d'un livre ?

Faut-il à tout prix être obnubilé par le temps de rédaction d’un livre ? (Crédits photo : Russ Sanderlin)

Au final, je pense que tout dépend de vos projets :

  • Si vous vous essayez à l’écriture et que vous aimeriez avoir la satisfaction de terminer un premier roman, je vous invite à attaquer à un projet rapide à écrire. Ce sera plus simple, et vous aurez davantage de chances de ne pas l’abandonner en cours de route.
  • Si vous écrivez uniquement pour le plaisir, ou que vous avez un projet précis en tête, inutile de vous presser ou de modifier votre idée de roman pour l’écrire plus vite. Vous avez tout le temps qu’il vous faut ! Et il est important de faire primer la qualité sur la rapidité d’exécution.

L’important est de comprendre que le temps d’écriture d’un roman dépend avant tout de son auteur. Si vous êtes rapide, disponible et constant, vous n’aurez aucun mal à terminer un projet en quelques mois. Si vous êtes flâneur, trop occupé ou distrait, l’écriture prendra le temps qu’elle prendra !

L’essentiel n’est-il pas que chacun, à son rythme, garde le plaisir d’écrire ?

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35 réflexions sur “Combien de temps prend l’écriture d’un roman ?

  1. Étant nanoteuse depuis de nombreuses années, je peux affirmer que si nous arrivons bien à écrire 50k mots sur un mois (voir 100 à 400k pour certains tarés), cela ne représente, pour la plupart d’entre-nous, pas du tout un roman complet, mais plutôt la moitié voir le tiers ou le quart de celui-ci.
    Nous sommes nombreux à reprendre nos nano de l’année précédente pour le continuer.
    Mais je suis d’accord avec toi: écrire un « roman » en 3 mois donnera plus dans la nouvelle simple, basique, sans rien de bien profond…
    J’ai réussi, une fois, à écrire une « histoire » en 3 mois (à peu près). Il y avait 40k mots, je l’ai laissé dormir 1 an, puis l’ai reprise pour fignoler (pas grand chose au final)… J’ai tenté de la proposé à des éditeurs, mais personne n’en a voulu. Aujourd’hui, elle dort encore au fin fond de mon bureau… Je ne sais même pas ce qu’elle vaut…

    • Merci pour ce commentaire très pertinent ! 🙂

      Effectivement, le NaNo est souvent une occasion de booster un projet qu’on a dans la tête. Quoique certains participants le font juste pour le fun, en sachant pertinemment qu’ils ne réalisent pas leur plus grand chef d’oeuvre.

      Pour le reste, je pense qu’il est tout à fait possible d’écrire un roman de qualité en 3 mois. Mais une fois encore, tout dépend de la disponibilité de l’auteur. S’il a un travail ou une famille à côté, il est évident que trois mois feront très très short ! Et si le roman en question est une saga d’heroic fantasy ou une épopée sociale, les trois mois vont rapidement se muer en trois ans, voire plus encore.

      C’est dommage de laisser dormir un roman fini ! À défaut de l’éditer, tu pourrais peut-être tâter le terrain en le mettant sur Wattpad ! 😉

  2. Le fait s’écrire sur ordinateur et l’avantage du copier-coller doit jouer un rôle important dans le temps de rédaction. je me suis toujours demandé comment faisaient les écrivains à l’époque où l’informatique n’existait pas. Je me souviens de mon enfance scolaire et le nombre de ratures dans mes rédactions à tel point que ça finissait en casse-tête.

    • Merci pour ce commentaire,

      J’ai hésité à aborder le sujet plus en détail dans l’article, car j’ai effectivement rencontré de vrais adeptes de l’écriture manuscrite. Outre le temps nécessaire à l’écriture, c’est surtout dans la relecture/correction qu’ils doivent perdre des heures.

      Comme le texte final doit obligatoirement être dactylographié, je dois avouer que je n’ai jamais compris cet attachement à écrire sur papier, ou tout du moins qu’il me semble peu productif.

      Je sais qu’on peut facilement trouver des brouillons d’écrivains célèbres sur internet. Cela aide à voir à quel point ils torturaient leurs pages, en rajoutant des passages, des ratures et des corrections un peu partout. Un vrai enfer !

      Dans un sens, l’avantage pour l’auteur est qu’il garde une certaine trace des premières versions du texte, ce qui n’est pas forcément le cas s’il travaille uniquement sur ordinateur (à moins d’enregistrer séparément chaque version du manuscrit).

      • Merci pour cet article.

        Je souhaite juste intervenir au sujet de votre commentaire : le problème des outils informatiques est la question de l’archivage, car on est tenté de ne pas sauvegarder ses brouillons, et on modifie sans cesse sur un logiciel de traitement de texte sa page virtuelle avant l’impression définitive (ou presque définitive, celle qui nécessite encore des corrections). Donc il n’y a plus cette histoire de la construction de l’œuvre, contrairement au travail manuscrit. Il parait que c’est un vrai problème pour les historiens de la littérature.
        Et puis il y a un débat (TROOOOOLLLLLLL ;)) entre l’écriture manuscrite et tapuscrite, mais ça, c’est autre chose.

      • Merci pour ce commentaire ! 🙂

        Je pense que, fondamentalement, le problème est le même que la querelle livre numérique/livre papier. À savoir un problème avant tout fondé sur les préférences de chacun, et où chaque partie a des arguments valables.

        Pour ce qui est des historiens de la littérature, c’est loin d’être mon domaine de compétence, mais c’est une limite qui me semble assez dérisoire. Beaucoup des auteurs qui utilisent un traitement de texte sont encore vivants, et peuvent donc communiquer sur la genèse de leurs textes. Quant aux auteurs qui écrivent ou écrivaient sur papier, il n’est pas certain qu’ils conservent leurs brouillons, ni qu’ils les rendent disponibles un jour. Le souci reste donc similaire.

        Pour ce qui est du débat, je suppose qu’il se tient. Il est vrai que l’écriture tapuscrite est plus spontanée, car toute erreur peut être corrigée dans la seconde. Il n’empêche que chaque auteur est libre de choisir son mode d’écriture, et donc d’utiliser l’outil qui lui semble le plus performant pour retranscrire ses pensées.

      • Merci de votre réponse, Pierrick.
        Je ne parlais pas de la lecture, que ce soit en version papier ou en version numérique, mais de l’écriture.
        Connaître la genèse d’une œuvre peut révéler, je le pense et donc, ça n’engage que moi, certaines choses à propos de l’auteur(e)/écrivain(e) ou d’une société.
        Chaque type de brouillon, qu’il soit rédigé sur papier, à l’ordinateur ou à la machine à écrire doit être une sacré aventure, n’est-ce pas ?

    • Personnellement j’ai beaucoup plus de facilité pour certaines de mes histoires à écrire à la main. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça x)

  3. Salut Pierrick, merci pour ces réflexions sur la durées d’écriture et avec ma toute petite expérience, j’abonde tout à fait dans ton sens. Cela touche aussi à une idée connexe de savoir quel est le « truc » ou la « recette » pour écrire (un livre) et à ce niveau, la seule réponse à peu près universelle c’est… d’écrire… régulièrement 😉 Après, il y a un spectre très large d’auteurs ayant leurs « truc » propre. Je me souviens que lorsqu’on posait la question à Isaac Asimov il répondait amusé qu’il lui suffisait d’un stylo ou d’une machine à écrire et rien de plus, lorsque d’autres ont besoin de conditions de travail très précises pour s’y mettre.
    Autre cas intéressant : Frederick Forsyth a écrit son premier roman et best-seller en 35 jours seulement… mais c’est notamment l’aboutissement de plus de 3 années de journalisme à couvrir des conflits (et le livre n’a pas trouvé d’éditeur pendant près de 2 ans). On peut aussi citer le cas de Stephen King qui a connu un blocage de l’écrivain en écrivant son roman « Le fléau » qui le poussa presque à l’abandonner après 2 ans de boulot et 1200 pages o_O… Personnellement je suis très lent également mais avec quelques périodes de folie où le clavier chauffe quelques heures ou quelques jours. Si je n’ai pas de roman en route d’ici là, je me lance dans le NaNoWriMo, à mes risques et périls (ou celui de mon entourage).

    • Bonjour Stéphane, et merci pour ces remarques et exemples très intéressants ! 🙂

      Effectivement, chaque auteur a ses trucs… et il est vrai qu’un écrivain qui a besoin d’une immense concentration va forcément trouver moins d’occasions d’écrire. Ce qui me fait penser que je n’ai pas du tout parlé ici du syndrome de la page blanche, qui peut aussi en retarder plus d’un !

      Je comprends l’idée d’un blocage après 1200 pages d’écriture. Je pense que plus l’oeuvre est grande et longue à écrire, et plus l’auteur risque de s’en détacher ou de douter de son contenu. Sans compter qu’on a tendance à oublier le contenu des premières pages, et donc potentiellement à glisser de plus en plus d’incohérences dans le récit.

      Il est vrai que le NaNoWriMo peut aider, même s’il est très exigeant. Je pense que son but premier est justement de montrer aux auteurs qu’ils ont plus de temps qu’ils ne le pensent pour écrire leurs bouquins.

      • Je pense qu’il faut aussi mentionner la qualité des outils d’écriture, ils sont différents mais selon la qualité, il peut y avoir une différence. Par exemple entre un clavier mécanique et un clavier traditionnel. Pour les seconsd, la frappe a tendance a être imprécise au risque de corriger un bon nombre de fautes de frappes.

  4. En voilà une question que je me suis posée quelque fois ! Combien de temps me faudra-t-il pour écrire mon premier roman.

    Pour faire court, je suis plutôt du genre éparpillé, pour ce qui concerne l’écriture.
    Il peut parfois se passer une, voir deux semaines, sans que je ne couche le moindre mot sur papier. Et puis subitement, j’enchaine plusieurs soirées au cours desquelles je prends le temps d’écrire. Enfin, quand je dis que je prends le temps, disons plutôt que je parviens à libérer du temps pour écrire une heures ou deux. Parce que, soyons honnête, avec un job de 38 heures semaines, une femme, trois enfants, deux chiens, deux chats, un canari (je pense n’avoir oublié personne…haha), pas toujours facile de s’isoler pour se consacrer à l’écriture.

    Par contre – et c’est que j’apprécie dans l’écriture – ce n’est pas parce que l’on écrit pas que l’on n’avance pas dans son projet. Le roman auquel j’essaie de donner forme, j’y pense chaque matin en déjeunant ou en me brossant les dents, en prenant ma douche. J’y réfléchi pendant mes pauses du midi, sous la douche du soir (tiens en parlant de la douche, je crois que c’est l’endroit où me sont venues le plus d’idées). Et donc au final, sans écrire, mon histoire continue son petit bonhomme de chemin. Les personnages deviennent plus complexes, le sénario se développe, l’univers du roman se densifie. Et en somme, je trouve ça génial car l’histoire évolue en permanence comme un arbre qui laisse pousser chaque jour de nouvelles ramifications.

    Et puis il y a aussi le cours d’écriture auquel je me suis inscrit. Un cours passionnant ; un cours libérateur et motivant, à la lecture duquel bien souvent, j’ai pris conscience que j’étais sur la bonne voie et que cela valait la peine de prendre le temps. Le temps de réfléchir à son histoire. A ses tenants et ses aboutissants. A l’intérêt de mettre tel personnage dans telle situation. De renverser une partie du scénario en prenant son contraire et de voir de quelle façon cela pouvait faire évoluer l’histoire dans le bon sens.

    Donc, en guise de conclusion, je rejoins pleinement l’idée de cet article qui confirme qu’au final le temps n’a guère d’importance. Comme dis le dicton, ce n’est pas réellement la destination qui compte mais le chemin parcouru pour y parvenir.
    Mon roman, ca fait bien deux ans qui j’y pense, et moins d’un an que j’ai commencé à l’écrire. Et depuis que j’ai débuté le cours d’écriture, j’ai même recommencé à écrire les premiers chapitres. A la relecture j’ai compris que c’était pour un mieux. Alors le temps, ma foi, ce n’est pas l’essentiel. Pour autant que je puisse parvenir à concrétiser ce projet tout en restant fidèle à mes idées de départ, je serai un homme heureux.

    Je vous souhaite à toutes et tous beaucoup de réussite dans vos projets.
    Yves

    • Bonjour Yves,

      Superbe commentaire ! Je pense qu’on ne peut pas mieux retranscrire le parcours d’un auteur, et je partage tout à fait votre pensée.

      Beaucoup de réussite à vous également.

      • bonjour, je voudrais rebondir sur cette idée d’être organisé ou pas. Dans mon humble cas, il s’agit d’une série radiophonique, donc je fonctionne moins par roman (ici ils paraissent uniquement quelques années plus tard en version mise à jour) que d’une sortie hebdomadaire. Mon rythme de production est donc décisif, il m’a fallu mettre au point une technique simple (malgré le boulot d e40heures, la femme, l’enfant et le chat 😉 ) en gros tout se passe le dimanche matin, où 3-4 heures sont dévolues à ce travail (pour faire bonne mesure je m’isole au café d’à coté )
        Et là on a un besoin d’organisation stalinienne:
        1 fois par an, pitch des chapitres à venir dans l’année (cohérence sur le long terme)
        1er jour sur un chapitre : déroulé de tous les épisodes (on peut dire pitch de chaque épisode). Là je fais une sorte de brain storming de ce que je vais y mettre puis je conçois le tout en un nombre d’épisodes (entre 12 et 16).
        ensuite chaque dimanche, je sais exactement quoi raconter (idées principales etc..) et là on peut se laisser aller à la créativité narrative (le moment que tout le monde adore). Un épisode dure en gros l’équivalent de deux double page, soit 1500/2000 mots. Mais effectivement, 50% du temps total de cette écriture dominicale est liée à la relecture (2eme passage) puis à la correction-adaptation Antidote (Merci Pierrick, on ne te remerciera jamais assez).

        Résultat: + de 25 chapitres en 6 ans et demi, j’estime à 500 pages environ, pour 4 heures par semaines (hors travail d’adaptation pour l’édition). Et j’ajoute avoir quand même une équipe de quelques relecteurs (encore) derrière pour fignoler le bébé.

        voilà, j’espère avoir apporté ma pierre à la réflexion.

      • Bonjour Raoulito,

        Et merci de ce commentaire sur la genèse de Red Universe ! 🙂 Tout cela doit être encore plus prenant, puisqu’il s’agit qui plus est d’un podcast à monter et à enregistrer.

        Une fois encore, il est très intéressant de voir comment les auteurs s’organisent malgré leurs plannings chargés !

  5. C’est une question pertinente et il y a autant d’auteur que de réponse et même plus.

    J’ai mis plus de 10 ans pour écrire mon tout premier roman (bon faut dire que je suis partie sur un trilogie un petit trop gros pour un débutant). Deux ans pour le suivant. Ca fait deux ans que je n’avance presque pas sur la troisième partie.

    Je vais publier un roman commencé lors du nanowrimo d’avril 2015. J’avais écrit 45K en un mois. Etant au chromage à cet époque, Je passais quatre heures en moyenne à la bibliothèque dessus. J’ai mis un peu plus de six mois pour le finir et le retravailler. J’ai la chance d’avoir trouver un éditeur pour celui-là.

    il est clair qu’il faut se dégager du temps mais c’est sans doute le plus difficile et parfois l’inspiration ne vient pas forcément au moment ou on en a besoin. ^^

    • Merci pour ce nouveau point de vue sur le sujet ! 🙂

      Effectivement, même un seul auteur peut avoir besoin d’une durée plus ou moins longue, en fonction du roman sur lequel il travaille. Je suis bien d’accord sur le côté délicat de commencer à écrire avec une saga. Il est clair qu’écrire un livre en plusieurs tomes fait toujours rêver, mais on réalise bien vite l’ampleur de la tâche.

      Courage pour le lancement de votre roman ! 😉

  6. Ca m’a fait penser à Albert Camus. La phase d’écriture de L’Etranger lui a pris une nuit… mais c’était après avoir travaillé deux ans dessus en amont (personnages, histoire…). Du coup, on ne peut pas vraiment dire qu’il l’a écrit en une nuit.
    Pour ma part, je serai bien incapable de dire combien de temps je prends pour écrire un roman. J’ai une méthode de travail qui rend impossible ce genre de calcul. J’ai toujours plein de projets en tête, du coup je détermine un projet principal (histoire de pas m’éparpiller; c’est un roman que je dois finir en un an), deux ou trois projets secondaires (que j’écris quand le projet principal commence à m’agacer, histoire de changer d’air avant d’y revenir), des projets auxiliaires (des romans dont je travaille les personnages et l’univers), et les projets en attente (ceux qui ne sont qu’une idée que je trouve intéressante sur le moment mais que je garde pour plus tard au cas où; histoire de ne pas trop s’éparpiller et de prendre du recul quand je les sortirais du placard). Dans ces conditions, comment savoir combien de temps prend l’écriture d’un roman? Je sais déjà que je ne commencerai pas l’écriture de certains projets avant des années, pourtant je travaille déjà dessus. De plus, je ne suis pas du tout régulière, il y a des semaines où je ne vais rien écrire du tout, et des semaines où je vais vous pondre des pages et des pages.
    Si un jour on me demande combien de temps écrire tel roman m’a pris, je serais bien incapable de répondre (cela n’est pas très grave, cela dit).

    • Merci pour ce retour sur le sujet. Faute de pouvoir donner une durée d’écriture précise, vous avez le mérite de détailler votre méthode ! 🙂 Je pense que votre commentaire illustre bien la difficulté du problème : l’écriture reste quelque chose de très personnel, où chaque auteur a ses méthodes.

    • Difficile à dire ! 🙂 Je pense que c’est une tentation assez normale sur un livre écrit en plusieurs années. Il est logique que vous soyez aujourd’hui meilleure auteure qu’en 2015, d’où l’envie de tout reprendre depuis le départ. Reste à présent à voir si l’envie est raisonnable ou excessive. Dans la majorité des cas, je pense qu’il est préférable de conserver son roman, quitte à bien le retravailler, plutôt que de repartir de zéro.

  7. Après de nombreuses années à faire la rédaction de contenu de livres pour enfants, je me suis finalement lancée dans l’écriture d’un premier roman. Si les années m’ont appris quelque chose c’est que plus j’écris, plus je suis capable de le faire automatiquement, sans attendre « l’inspiration ». De plus, être mère de famille et écrire, ça veut également dire qu’il m’a fallu balancer quelques idéaux par la fenêtre, notamment celui de créer dans une environnement de calme et de sérénité. Mais qu’à cela ne tienne, je peux écrire mes 500 – 1000 mots par jours, tous les jours, dans l’oeil d’un ouragan s’il le faut. Jusqu’à maintenant, c’est le rythme qui se maintient, ce n’est pas très rapide, mais comme j’écris de la science fiction, ça me laisse amplement de temps de baigner dans l’univers, de laisser les personnages m’habiter et de les apprivoiser au fil des intrigues. Je crois que pour ne pas abandonner, il m’a fallu reconnaître mes limites et surtout, les accepter. Je sais que je n’ai pas le pouvoir de concentration de certaines personnes qui peuvent rester des journées entières à rédiger. Je suis capable de deux heures d’affilées, au plus, après quoi je fais autre chose (même si dans ma tête, ça continue de tourner…). Voilà! Soyez l’écrivain que vous êtes, acceptez vos limitations et apprenez à aimer le processus de création, pas seulement les résultats!

    • Bonjour,

      Oui… c’est tout à fait vrai : accepter la réalité de sa vie au quotidien, c’est important. Je suis papa de trois enfants, j’ai un job à la semaine, le week-end je vis ma passion pour la musique… ce qui fait qu’au final il m’est parfois difficile, voir impossible d’écrire chaque jour.

      Ça me chagrine parfois, car je sais que les idées sont là…et je sais surtout que l’écriture demande une certain régularité, car il n’y a pas pire situation que celle de se mettre à écrire un chapitre entier, en deux ou trois jours (relecture et corrections comprises), et puis de devoir rester plusieurs jours d’affilée sans parvenir à coucher le moindre mot supplémentaire, par faute de temps. Du coup, on perd un peu le rythme dans lequel on s’était installé… et il faut se reconcentrer sur l’histoire.

      Du coup j’essaie d’écrire chaque jour, ne fusse que quelques mots.
      Mais ce n’est pas toujours évident.
      Parfois j’aimerais disposer de plus de temps… ah…ce temps qui passe… !

  8. Bonsoir Pierrick,
    Pour ma part, la première version de mon roman Le Combat de Philippe Saint-Laurent m’a pris 3 mois à écrire. Un 350 pages où j’étais très disciplinée. Je débutaisma routine dès 9h30 jusquà 12h30, une pause de deux heures puis retour au travail pour un autre trois heures. Par contre, après avoir reçu les commentaires de mon comité maison, j’ai dû retravailler mon texte à nouveau, où trois mois furent nécessaires pour livrer la deuxième version. Donc, avant l’envoi de mon manuscrit aux éditeurs, il s’était écoulé un bon six mois.

    Et présentement, je termine l’écriture de mon deuxième roman, la suite de mon premier, debuté il y a cinq ans ! En fait, j’ai débuté l’histoire puis prise par des mandats professionnels, j’ai mis ce projet de côté. J’avais 163 pages rédigées à ce moment et voilà qu’à mon retour d’un voyage dans les Caraïbes, le 1er avril dernier, je me suis remise au clavier et surprise, j’ai complété ce roman qui comptera 315 pages. Donc en deux mois, j’ai réalisé l’écriture d’environ 170 pages dont j’ai eu à retrancher une trentaine de pages entre-temps. Conclusion: le temps d’écriture d’un roman varie selon plusieurs facteurs.

    Merci pour ce blog super interessant.

    • Bonjour,

      Merci beaucoup pour ce témoignage. Travailler en temps plein sur un roman, voilà qui force l’admiration !

      Je souhaite à votre second roman de rencontrer le succès escompté ! 😉

  9. Pingback: À quoi vous attendre si vous débutez en écriture – L'Astre et la Plume

  10. Bonjour,

    J’ai trouvé cet article plutôt intéressant, car je me demandais jusqu’ici si mon roman ne prenais pas trop de temps à être écrit…
    En effet, j’écris une fiction, un projet précis que je me suis mis en tête. Il s’agit de ma première histoire (même si, plus petite, j’ai déjà écrit plusieurs textes sans les finir)
    Ce livre, je compte bien l’écrire jusqu’au bout ; mais seulement, ça me prend vraiment beaucoup de temps. Cela fait presque un an que je travaille sur cette fiction, j’ai un long plan assez compliqué de mon histoire, car j’ai beaucoup de choses à raconter et je ne cherche jamais la simplicité (d’ailleurs, je n’arrive jamais à la trouver, je cherche toujours les détails, je suis un peu perfectionniste…!).

    Pour le moment, je dirais que j’ai presque fini mon premier jet, mais je réalise que mon histoire est quand même longue: près de 130 000 mots, et je n’ai pas finis!
    Peut-être n’est-ce pas un problème, je ne sais pas… mais j’ai peur finalement, d’écrire un gros pavé qui ne se lira pas ^^’.

    Ensuite, au niveau du rythme, j’écris en moyenne une ou deux heure par jour, entre 300 et 1500 mots (voir moins, tout dépend des jours). Quoiqu’il en soit, j’écris tous les jours et j’espère à ce rythme la finir bientôt, car cette histoire me tiens vraiment à cœur !

    • Bonjour Marine,

      Merci pour ce retour d’expérience ! Je pense qu’il est important de finaliser le premier jet avant de vous poser des questions sur le caractère trop long ou imbuvable du récit ! 😉

      Une fois que vous aurez posé le point final, ce sera toujours l’occasion de vous poser les bonnes questions : mon récit est-il trop long ? Si oui, est-ce que toutes les parties sont essentielles ? Si oui, pourrais-je le diviser en épisode ou en plusieurs livres ? Si non, y a-t-il un moyen de le rendre plus court ? Ou tout simplement : est-il vraiment trop long pour attirer le public ?

      L’essentiel est d’adopter un rythme régulier et de vous tenir à votre projet. Et j’ai l’impression que vous gérez parfaitement cela ! 😉

      Bien à vous,

      Pierrick

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