Les indices du mardi 28 mai 2024

LGF m’a déjà donné la solution de ma dernière devinette ! Félicitations !

Rappel de l’énoncé :

Il vous faudra trouver, donc, un mount baptisé en l’honneur d’un homme qui avait contribué à financer l’exploration de la région. Ce mount étant situé dans une région assez hostile, il est peu probable qu’une ville s’y développe un jour.

Le nom du mount est en réalité le pseudonyme que cet homme inventa de toutes pièces pour se faire connaître du monde entier dans une activité dont il fut, sinon le fondateur, du moins le plus célèbre des pionniers, il y a plus d’un siècle. Ce pseudonyme devint si célèbre qu’une femme qui vainquit un jour notre homme dans cette activité jugea bon de s’en affubler en le féminisant.

Par antonomase, ce même nom est devenu, en français, celui d’un objet utile connu de tous, « inventé » par notre homme.

Trois indices en chanson (mais attention ! à ne pas prendre au pied de la lettre …)

■ une chanson pour le vrai nom du personnage :

■ une chanson pour son pseudonyme et l’objet :

■ et une chanson pour la région :

https://youtu.be/9AdDigOJeNA

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Les indices du mardi

■ pour le personnage :

indice-a-28-05-2024

■ pour la région :

indice a 25 05 2024

■ et un à-peu-près pour l’objet (et pour s’amuser un peu) :

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

De quelques Mount

Je vous propose aujourd’hui un billet à propos de montagnes baptisées en l’honneur d’un homme et dont le nom est parfois devenu celui de la ville située à leur pied. Les quelques exemples que je vous propose, étasuniens ou australiens, sont composés de l’anglais Mount suivi du nom de la personnalité. On remarquera que la typographie anglo-saxonne n’utilise pas les traits d’union dans ce type de toponymes

Mount Barker (Australie)

Deux villes australiennes portent ce nom, l’une en Australie-Méridionale et l’autre en Australie-Occidentale, toutes deux nommées d’après le même personnage.

Le mont Barker, en Australie-Méridionale, fut aperçu en 1830 par le capitaine britannique Charles Sturt qui l’identifia par erreur avec le Mount Lofty (« élevé ») aperçu et nommé en 1802 par Matthew Flinders lors de son tour du Monde. Le capitaine Collet Barker, qui commandait la première colonie britannique d’Australie-Occidentale à King George Sound de 1829 à 1831, rectifia cette erreur peu de temps avant sa mort. En son honneur, Charles Sturt baptisa la montagne de son nom, qui passa plus tard à la ville Mount Barker qui se développa à ses pieds.

La ville Mount Barker d’Australie-Occidentale a pris elle aussi le nom de la colline voisine, baptisée en 1829 par le chirurgien de la marine Thomas Braidwood Wilson en l’honneur du même capitaine britannique Collet Barker.

Mount Clemens (Michigan, USA)

Cette ville du Michigan doit son nom à Christian Clemens qui s’établit là en 1799 et y bâtit une distillerie avec son ami John Brooks. Cette industrie et ce commerce attirant du monde, l’endroit se développa suffisamment pour qu’en 1818 il soit baptisé Mount Clemens, avant d’obtenir son statut de village en 1851 et de ville en 1879. L’altitude de la ville ne dépassant pas les 184 m, on se demande si le nom de Mount n’est pas un peu exagéré…

Mount Gambier (Australie-Méridionale)

C’est le lieutenant de la Royal Navy britannique James Grant qui baptisa en 1800 le sommet qui domine la ville actuelle du nom de l’amiral James Gambier.

C’est à ce même amiral que James Wilson rendit hommage en nommant les îles Gambier qu’il fut le premier Européen à découvrir le 24 mai 1797,  tandis qu’il se rendait à Tahiti avec des missionnaires. (cf. ce billet et aussi Le Dictionnaire étymologique des îles françaises, de votre serviteur, paru aux éditions Désiris en 2023).

Mount Morgan (Queensland, Australie)

La ville fut fondée en 1882, après que les frères Frederick, Edwin et Thomas Morgan y eurent découvert de l’or, et baptisée en leur honneur. C’est de ses concessions minières d’or, d’argent et de cuivre obtenues dans cette ville que William Knox d’Arcy tira la fortune qui lui permit d’aller prospecter un autre or, noir celui-là, en Iran, où il fonda l’Anglo-Persian Oil Company, devenue la célèbre British Petroleum (BP).

Mount Pulasky (Illinois, USA)

Fondée en 1836, la ville est baptisée en l’honneur de Casimir Pulaski (1745-1779), héros de deux Révolutions, excusez du peu. Opposé au premier partage de la Pologne de 1772, il fonde la Confédération de Bar s’opposant à la Russie et au roi polonais Stanislas considéré comme trop faible. L’échec de cette opposition l’oblige à quitter son pays où il est condamné à mort et c’est sur les conseils de Lafayette qu’il se réfugie en Amérique, où il entre au service de l’armée de Washington, dont il créera le premier régiment de cavalerie, d’où son surnom de « père de la cavalerie américaine « . Il meurt en 1779 lors du siège de Savannah.

Mount Rainier (Maryland, USA)

Le mont Rainier (Mount Rainier en anglais), un volcan de l’état de Washington (USA) a été nommé le 8 mai 1792 par le capitaine George Vancouver en l’honneur de l’amiral britannique Peter Rainier (1741-1808). Le nom apparait sur la carte établie en 1804-06 par Lewis et Clark sous la forme Mt. Regniere avant que l’orthographe actuelle ne soit rétablie en 1890. Cependant, ce nom ne fait pas consensus, les habitants de la région l’appelant d’un de ses noms amérindiens, Tacoma, « montagne couverte de neige ou mère des eaux ». On sait qu’en 2015, le mont McKinley fut rebaptisé Denali, ce qui laisse de l’espoir aux tenants du retour au nom originel.

Il existe, dans le Maryland, une ville nommée également Mount Rainier. Développée dès 1830 à partir d’une station du réseau de tramways, ce sont les géomètres originaires du Nord-Ouest Pacifique, dont fait partie l’état de Washington, qui l’auraient baptisée.

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La devinette

Quel était l’intérêt de ce billet, me demanderez-vous ? Eh bien, outre de se cultiver, un des buts pour lesquels il a été écrit était d’introduire la devinette du jour dont je dois l’idée à jsp, une de mes lectrices de longue date, qui m’a signalé par courrier le toponyme que vous allez devoir trouver et que je salue et remercie (mais qui sera privée de devinette cette semaine …).

Il vous faudra trouver, donc, un mount baptisé en l’honneur d’un homme qui avait contribué à financer l’exploration de la région. Ce mount étant situé dans une région assez hostile, il est peu probable qu’une ville s’y développe un jour.

Le nom du mount est en réalité le pseudonyme que cet homme inventa de toutes pièces pour se faire connaître du monde entier dans une activité dont il fut, sinon le fondateur, du moins le plus célèbre des pionniers, il y a plus d’un siècle. Ce pseudonyme devint si célèbre qu’une femme qui vainquit un jour notre homme dans cette activité jugea bon de s’en affubler en le féminisant.

Par antonomase, ce même nom est devenu, en français, celui d’un objet utile connu de tous, largement utilisé par notre homme.

Trois indices en chanson (mais attention ! à ne pas prendre au pied de la lettre …)

■ une chanson pour le vrai nom du personnage :

■ une chanson pour son pseudonyme et l’objet :

■ et une chanson pour la région :

 

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Roquetoire (Pas-de-Calais) : la répàladev

Je n’ai reçu qu’une seule bonne réponse à ma dernière devinette. Devinez qui me l’a donnée ? LGF, oui. Bravo à lui tout seul, donc !

Il fallait trouver Roquetoire, du canton d’Aire-sur-la-Lys de l’arrondissement de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais.

Roquetoire, c’est là, tout en haut, dans l’ch’nord :

local-Roquetoire-

Et plus précisément, ici :

ROQUETOIRE GEOP Capture

cdl e

La toponymie

Roquetoire : nous disposons des formes anciennes suivantes : Rokostorn en 1096, Rokestor en 1107, Rokestorn en 1161, Roukestor en 1294, Roquestor en 1301 et enfin Roukestoir en 1336. En 1960, Maurits Gysseling, auteur d’un Dictionnaire toponymique : Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Nord de la France et Ouest de l’Allemagne, indique (page 861) que le nom de Roquetoire vient du germanique hrökas, génitif singulier de hröka, « corbeau », suivi de þurnu, « épine » ou « buisson d’épineux » [la lettre þ, appelée thorn, se prononçait comme le th anglais moderne et était utilisée dans des langues germaniques, comme le gotique] : il s’agissait donc de la « ronce du corbeau ».  Denise Poulet (Noms de lieux du Nord Pas-de-Calais, éd. Bonneton, 1997) et Roger Brunet (TT*) reprennent cette étymologie, tout comme la page wikipédia consacrée à la ville qui signale également le nom flamand  Rokesdorn de cette dernière.

Tandis que Dauzat & Rostaing jugent le nom de Roquetoire « obscur », Ernest Nègre (TGF*) émet l’hypothèse d’une étymologie selon le nom d’homme germanique Rocco suivi du latin turris, « tour ». Conscient néanmoins que cette étymologie ne tient pas compte du n final des premières formes du nom, il imagine l’« attraction dès l’époque romane du latin tornus, « tour de tourneur » ». Enfin, la finale –estor apparue dès 1107, aurait subi l’attraction de l’oïl estor, « construction, cheptel », dont une variante serait estoire. E. Nègre cite, pour appuyer cette dernière affirmation, le Dictionnaire de l’ancien français de A. J. Greimas (1968) – hélas non disponible en ligne. De son côté, le Dictionnaire de Godefroy ne mentionne aucune de ces acceptions, ni pour estor ni pour estoire…  Notons également que Nègre écrit le nom Roquétoire avec un accent aigu, ce qui n’est semble-t-il attesté nulle part … sauf sur la carte de Cassini (feuillet 5, Saint-Omer, 1758).

Enfin, la paronymie a fait que certains ont proposé une étymologie selon le latin rocca, « roche ; mont rocheux », que la topographie ne justifie en aucun cas.

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Aire-sur-la-Lys : le nom de la ville est attesté Aria en 857, issu du latin area, « espace libre ; sol uni ». À l’époque où le nom est attesté pour la première fois, le latin médiéval area pouvait avoir deux significations : « emplacement urbain occupé par un bâtiment ou destiné à être bâti ; emplacement rural occupé par une demeure rurale ». Plus tard, ces sens n’ont cessé de s’étendre, jusqu’à désigner, notamment, un cimetière. Dans le cas d’Aire, le sens d’emplacement rural est sans doute le plus approprié. Le nom sera graphié en français Ayre au XIIIè siècle puis Aire en 1419-20. L’adjonction du déterminant –sur-la-Lys remonte au XIXè siècle mais ne sera officialisée qu’en 1982.

la Lys : pour comprendre l’origine de ce nom, il faut remonter au peuple des Levaci (Lévaques ) mentionnés par César au milieu du Ier siècle av. J.-C. comme clients des Nervii (Nerviens). Leur nom provient d’une formation gauloise avec le radical hydronymique *leu accompagné du suffixe –aco. Ce radical a pour origine l’indo-européen *pleu-, « couler» (le p– initial tombait dans les langues celtiques). Accompagné du suffixe féminin –a, il a donné le nom du pays la Leue au XVè siècle, aujourd’hui l’Alloeu ; avec le suffixe germanique –ja, il a donné le nom de la rivière Legia en 694, aujourd’hui la Lys. La forme flamande actuelle Leie est directement issue de Legia. Quant à la française, attestée Lis en 1040 et graphiée Lys en 1644, par attraction paronymique de la fleur de lys, symbole royal, elle provient d’un dérivé de Legia, *Legiscus, formé avec le suffixe germanique –isk, comme le montrent la forme en ancien français Leisc et l’attestation Liegesborth en 877 du nom du lieu où la rivière prend sa source, aujourd’hui Lisbourg (DNLF*). La forme Lis ne peut en aucun cas venir de Legia, comme l’écrit E. Nègre (TGF*) qui imagine un dérivé du gaulois liga, « limon, boue ».

Saint-Omer : le premier nom de la ville, Sitdiu, attesté en 662 et utilisé jusqu’au IXè siècle, pourrait être un composé anglo-saxon de sid, « ample, large » et deon « se développer, prospérer, être florissant », nom donné au monastère en signe de bon présage. Le second S[an]c[t]i Audomari est attesté en 864-75 : c’est une des plus anciennes attestations d’un hagiotoponyme (ici nom d’un monastère) comme toponyme. C’est saint Omer (Audomarus), évêque de Thérouanne de 620 à 670, qui a fondé en ce lieu un monastère qu’il baptisa donc Sitdiu et qu’il confia à un abbé nommé Bertin, futur saint lui aussi. La forme actuelle, Saint Omer est attestée depuis 1222.

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

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Les indices

indice d 19 05 2024 ■ ces corbeaux, peints par Émile-Théophile Blanchard, devaient donner le nom de l’animal à l’origine du nom de Roquetoire, le corbeau, germanique hrökas — mais « pas seulement » : le choix du peintre était dicté par sa naissance  à Saint-Omer le 3 février 1795.

indice a 19 05 2024 ■ une fleur de lys, pour La Lys qui arrose Aire-sur-la-Lys.

indice e 19 05 2024■ cette onomatopée (entrée dans l’Oxford English Dictionnary !) est proférée à longueur d’épisodes par Homer Simpson dans la sérié télévisée Les Simpson. Elle exprime la  « frustration lors de la prise de conscience que les choses ont mal tourné ou de façon imprévue, ou que l’on a fait ou dit quelque chose de stupide ».  En l’occurrence, il s’agissait de la confusion entre Homer (Simpson) et Omer (le saint).

indice a 21 05 2024 ■ cette photo extraite du film Rocco et ses frères devait donner une idée de l’étymologie de Roquetoire proposée par E. Nègre, basée sur le nom d’homme germanique Rocco.

■ l’humoriste était Alphonse Allais qui écrivit une de ses Pensées express à propos de la gare d’Aire-sur-la-Lys , en parodiant la phrase célèbre du Bossu de Paul Féval :

Train manqué

Dans Aire-sur-la-Lys, il advint une fois,
Qu’un voyageur manquât son train. C’est une affaire
Qui n’a rien d’extraordinaire.
Il s’était attardé : tant pis pour lui, ma foi !

Moralité :
Si tu ne vas pas à la gare d’Aire
la gare d’Aire n’ira pas à toi.

indice-b-19-05-2024 ■ il fallait reconnaître la jument Roquépine, vainqueur à trois reprises du grand Prix d’Amérique. Son nom pourrait être compris comme une traduction approximative de Roquétoire (d’où la précision du « sourire » et les guillemets à « traduction »)

Les indices du mercredi 22 mai 2024

Personne n’a encore trouvé la solution de ma dernière devinette

Rappel de l’énoncé :

Il vous faudra trouver une commune de France métropolitaine dont le nom, en un seul mot, est lié, selon l’étymologie la plus consensuelle, à un des mots désignant la ronce étudiés dans le billet du jour, associé à un mot désignant un animal qui, mal compris, a fini par être remplacé par un mot désignant un minéral.

Le nom du chef-lieu de canton désignait une étendue unie, à vocation rurale. Il est aujourd’hui complété par le nom de la rivière qui l’arrose. Sa gare a servi à un humoriste.

Les indices :

■ pour la commune elle-même, mais pas seulement :

indice d 19 05 2024

■ pour le chef-lieu du canton :

indice a 19 05 2024

■ pour le chef-lieu d’arrondissement … euh …

indice e 19 05 2024

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Les indices

■ Une autre étymologie du nom de cette commune fait appel à un nom d’homme germanique, propriétaire d’une tour.

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■ L’humoriste inspiré par la gare du chef-lieu du canton ? Peut-être en allant voir du côté de Paul Féval ?

■ finissons avec le sourire, pour la « traduction » du nom à trouver lui-même :

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Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

La ronce, troisième partie.

Après avoir vu les toponymes liés à la ronce en langue d’oïl puis en langue d’oc, je m’intéresse aujourd’hui à leur présence dans les autres langues sur notre territoire.

L’allemand

La ronce se dit brombeer en allemand. Je n’ai trouvé, en France, que trois toponymes formés sur ce nom : Brombeeracker à Berstett (B.-Rhin), avec acker, « champ », Brombeerbaum à Gosselming (Mos.), avec baum, « arbre » (d’où sans doute le sens de mûrier) et Brombeerental à Lampertheim (B.-Rhin), la « vallée des ronces ».

De l’indo-européen ster, « aigu », est venu l’anglais thorn et l’allemand dorn, « épine », qui a pu désigner la « ronce », d’où sont issus les noms de Dornenwaedel, « petit bois de ronces, petite ronceraie » (Gries, B.-Rhin), de Dornenwiese, « prairie aux ronces » (Harn-sous-Varsberg, Mos.), de Dornheck, « la queue des ronces » (Ébersviller, id. ; Niederhaslach, B.-Rhin etc.), du ruisseau Dornengraben (graben, « fossé » – à Kaltenhouse, id.) etc.

Le basque

La langue basque connait l’arroumègue (dérivé de l’occitan roumègue, cf. le billet précédent), qui explique les noms d’Arrouméga (Buzy et Saint-Vincent, P.-A.), de L’Arroumégas (Aubiet, Gers) et des Arroumégats (Lescar, P.-A.), tous formés avec le suffixe augmentatif –as, parfois péjoratif, d’où le sens de « grandes, mauvaises ronces ». On trouve également le nom de Darre la Roume (Gan, P.-A.), « derrière la ronce », avec mécoupure de l’article et francisation.

La ronce se dit plus particulièrement sègo ou sègue, sans doute par analogie de forme et d’image entre une haie de ronces et une scie, sègue en béarnais. On trouve ainsi de nombreux noms du type Sègue (Salies-du-Béarn, P.-A. etc.) ou Sègues (Lucq-de-Béarn, id. etc.), le diminutif Les Séguettes (Tieste-Uragnou, Gers), et même une Male-Sègue (« mauvaise ronce », à Carresse, P.-A. – qui porte drôlement son nom).

Sur la racine basque lak-, « rugueux », a été formé le nom laharr désignant lui aussi la ronce, que l’on retrouve dans les noms de Laharraga (Ahetze, Istruits et Estérençuby, P.-A.), Laharrague (Lahonce, id.) et Laharraquia (Lecumberry, id.).

Le breton

Le mot breton pour la ronce est drez, collectif drezenn (à rapprocher de l’irlandais dris, de même sens). On retrouve ce terme dans quelques noms de lieux-dits comme Toul an Drez, « trou à ronces » (Douarnenez, Fin.) et Loj an Drez, « loge, abri à ronces » (Melgven, id.). En Basse-Bretagne,  la ronceraie se retrouve dans des noms comme Drézit Vihan , « petite ronceraie » (Bourbriac, C.-d’A., ), Coat an Drézec, « bois des ronces » (Melgven, Fin.), le Moulin Drézec (Plourin-lès-Morlaix, id.) etc. En Haute-Bretagne se retrouvent des variantes comme Drezeux (Guérande, L.-A.) ou le Drézeul (Saint-Dolay, Mor.) – qui sont d’anciens Drezeuc.

Il est impossible de passer à côté de l’île de Drenec (Enez Drenneg), « l’île aux épines ; épinaie », de l’archipel des Glénans, et des Îles Drenec du golfe du Morbihan (Dictionnaire étymologique des îles françaises, éditions Désiris, 2023, par votre serviteur – disponible dans toutes les librairies). Sur ce même étymon ont été formés les noms de Le Drennec (An Drenneg, Fin., qui était Spinetum en 1291) et de plusieurs lieux-dits homonymes du Finistère et du Morbihan.

CPA Le Drennec

Le corse

La langue corse utilise le terme lama pour désigner la ronce, et le collectif lamaghja pour la ronceraie. On trouve ainsi le nom  Lama d’une commune (H.-C.) et de plusieurs lieux-dits (à Levie, Forciolo, Zoza … en C.-du-Sud etc.), ainsi que Lama Vecchia (« vieille », à Poggio-Di-Nazza, C.-du-Sud), Lama Di Frati (« des moines », à Figari, H.-C.), Lama di Frassu (« du frêne », à Sotta, id.). Quelques noms sont issus du collectif, comme Lamaja (Carbini, Petreto-Bicchisano, C.-du-Sud etc.).

Le norrois

Le vieux norrois thorn, « épine » d’où « ronces » (cf. plus haut l’allemand dorn), se retrouve dans le nom Tournetuit, formé avec le vieux norrois thveit, « défrichement », d’où le sens d’« essart des ronces », de deux lieux-dits aujourd’hui disparus, l’un en forêt de Brotonne ( Mare de Tournetui en 1463, Caudebec-en-Caux, S.-Mar.) et l’autre à Grainville-la-Teinturière (id.). On retrouve encore aujourd’hui cette formation dans le nom des lieux-dits Tontuit à Saint-Benoît-d’Hébertot et à Quetteville (Calv.).

On trouve ce même thorn dans les noms de Tournebu (Calvados), avec , « ferme », de l’ancienne Tournedos-sur-Seine (aujourd’hui dans Porte-de-Seine, Eure), qui était Tournetot en 1631, avec topt, « ferme », ainsi que dans le déterminant de Saint-Germain-de-Tournebut (Manche) qui était Tornebusc en 1080, de thorn et buskr, « bois ». Plusieurs lieux-dits portent des noms similaires comme Tournebu (Fresney-le-Puceux, Calv.), Tournebut (Appeville, Manche ; Aubevoye, Eure) ou Tournetot (Saint-Martin-aux-Bruneaux, S.-Mar.).

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La devinette

Il vous faudra trouver une commune de France métropolitaine dont le nom, en un seul mot, est lié, selon l’étymologie la plus consensuelle, à un des mots désignant la ronce étudiés dans le billet du jour, associé à un mot désignant un animal qui, mal compris, a fini par être remplacé par un mot désignant un minéral.

Le nom du chef-lieu de canton désignait une étendue unie, à vocation rurale. Il est aujourd’hui complété par le nom de la rivière qui l’arrose. Sa gare a servi à un humoriste.

Les indices :

■ pour la commune elle-même, mais pas seulement :

indice d 19 05 2024

■ pour le chef-lieu du canton :

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■ pour le chef-lieu d’arrondissement … euh …

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Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Roumatjon à Lencouacq (Landes) : la répàladev

Bravo à LGF qui est resté le seul à m’avoir donné la solution à ma dernière devinette !

Il fallait trouver le lieu-dit Roumatjon de la commune de Lencouacq, du canton de Haute Lande d’Armagnac, chef-lieu Labrit, dans l’arrondissement de Mont-de-Marsan, dans les Landes.

Lencouacq, c’est ici :

local lencouacq

et Roumatjon, là, tout en haut  :

ROUMATJON Capture IGN

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La toponymie

Roumatjon : le nom de ce lieu-dit, déjà inscrit tel quel sur la carte de Cassini (feuillet 140, Roquefort, 1785) et Roumatgéon sur la carte d’état-major (1820-66), est un diminutif en –on de Roumatge, lui-même collectif en –at du nom occitan de la ronce, rome (cf. le billet). Il s’agissait donc d’une « petite ronceraie ». Un lieu-dit Roumatge est mentionné à Lencouacq dans le fichier FANTOIR mais n’existe pas sur la carte IGN, tandis qu’un lieu-dit Roumatige apparait juste au nord de Roumatgéon sur la carte d’état-major à la fin du XIXè siècle. (On trouve un autre Roumatge à Latrille, toujours dans les Landes).

ROUMATGEON CEM Capture

L’hypothèse d’un nom de famille n’est pas exclue : Roumat est en effet attesté comme patronyme et Roumatjon aurait pu désigner un « fils de Roumat ». À ma connaissance, ce toponyme est un hapax, mais on peut le rapprocher des Rouméjon vus dans le billet.

Enfin, dernière possibilité : supprimant parfois le f- initial des mots, le gascon peut prononcer roumatge pour froumatge, « fromage », mais l’application d’un tel nom à un lieu-dit me semble peu probable.

Lencouacq : cette commune avait fait l’objet d’une devinette il y a sept ans et j’expliquais alors qu’il s’agissait d’un « petit village landais, dont le nom vient du gascon lencoac, littéralement « qui a une grosse langue », sobriquet donné à un bavard ».  Le Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes (Simin Palay, 1961) mentionne le nom de famille Lencoàc comme dérivé de lencoàt, « bavard ». Cette étymologie est reprise par E. Nègre (TGF*).

L’étymologie donnée sur le site de la mairie, soit un ancien locus aquarum, « lieu des sources », est tout à fait fantaisiste — mais elle est sans doute perçue comme plus valorisante par son rédacteur.

Haute Lande d’Armagnac : ce nom fait bien entendu référence à la position du canton au nord de l’Armagnac. Cette région est attestée sous sa forme gasconne en 1040 : archidiaconatus … Armaiag. Il s’agit d’une formation du haut Moyen Âge, sur le nom d’une personne muni du suffixe gaulois latinisé –iacus. Cette personne portant un nom germanique, Hardmannus, a dû être nommée par un roi franc carolingien en charge du pays appelé comté. La graphie du nom du pays a varié : Armegnac en 1262, Armignac en 1304, Armaignac en 1410. La graphie Armagnac ne parait pas antérieure au XVè siècle.

Labrit : attesté Lebret en 1247, francisé en Albret, à l’origine du nom de la famille princière d’Albret, celle du futur Henri IV. Ernest Nègre (TGF*), un des rares toponymistes à émettre une hypothèse sur l’origine de ce nom, pense au nom de personne germanique Liudbret. Roger Brunet (TT*) suggère un lien avec le bas-latin breda, « buisson d’épines » (cf. l’occitan bredo, « buisson, épine, piquant d’aubépines, en Médoc » donné comme féminin et masculin par le Trésor du Félibrige), d’où est issu le nom de La Brède (Gir.).

Mont-de-Marsan : c’est en 1141 que le vicomte de Marsan, avec l’accord de l’abbé de Saint-Sever, fonde un château et une nouvelle ville, appelée castelnau puisque organisée autour du château, au confluent de la Douze et du Midou, les deux rivières qui forment ensemble la Mildouze. Cette ville nouvelle, qui deviendra la capitale du Marsan, sera appelée Montem de Marcham en 1258, associant le latin mons « mont, montagne » au nom du village gersois de Marsan d’où le vicomte était originaire. Ce village devait son nom au cognomen latin Marcianus.

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

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Les indices

indice b 12 05 2024

■ Henri IV représenté en Mars : cette toile de Jacob Bunel devait orienter les recherches vers le Béarn, plus précisément vers la maison d’Albret (francisation de Labrit) et vers Mars, donc Mont-de-Marsan.

indice a 12 05 2024i ■ cette photo représente un berger et son chien Berger des Pyrénées à face rase, autrement dit un Labrit.

indice c 14 05 2024■ ces fromages de chèvre landais étaient là pour l’autre étymologie possible de Roumatjon : du gascon roumatge pour froumatge, « fromage ».

Les indices du mardi 14 mai 2024

LGF est déjà parvenu à résoudre en grande partie ma dernière devinette. Nul doute qu’il complètera sa réponse dès ce soir. Bravos anticipés donc !

L’énoncé en était le suivant :

Il vous faudra trouver un lieu-dit de France métropolitaine dont le nom est lié au mot du jour [ronce].

La commune où il se situe ne doit pas son nom au débit de l’eau, comme il est écrit sur le site municipal, mais au débit de parole du personnage éponyme.

Le nom du canton désigne, en trois mots, la partie du pays dans lequel il se situe.

Le chef-lieu d’arrondissement doit son nom à son fondateur, lequel doit le sien à un village d’un département voisin, d’où sa famille est originaire.

Un indice :

indice b 12 05 2024

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Les indices du mardi

■ le nom à trouver est un hapax, diminutif d’un toponyme présent dans la même commune et dans une autre commune du même département.

■ pour le canton :

indice a 12 05 2024i

■ pour une autre hypothèse étymologique du nom du lieu dit :

indice c 14 05 2024

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

La ronce, deuxième partie : en langue d’oc

Comme promis dans mon précédent billet, je m’attaque aujourd’hui aux traces laissées par la ronce dans la toponymie occitane.

Les mots occitans romec, rome, désignant la ronce, sont issus du latin rumex à l’accusatif rumicem, après adoucissement du i bref en e. (Pour plus de détail, lire la première partie !).

Il convient de ne pas oublier que, même en régions de langue d’oc, le terme de langue d’oïl « ronce » a été  utilisé (d’où des noms comme Ronzière, Rongière etc. ou même simplement Ronce ou Ronze) comme il l’a été en francoprovençal.

Les formes simples

Le nom de la ronce se retrouve, au féminin ou masculin (una rome ou un rome), variance héritée du double genre de la racine latine, dans des noms de lieux-dits du type La Roumec (Escandolières, Av. etc.), Au Roumec (Orbessan, Gers) ou simplement Roumec (Dausse, L.-et-G.). La forme roume se retrouve à La Roume (Pompogne, etc.), Le Roume (Beaulon, Allier, etc.), Les Roumes (Bessuéjouls, Av., etc.) et Roume (Oust, Ariège etc.).

Avec substitution du t à c, l’occitan romet désigne également la ronce, sans en être un diminutif. Il apparait dans des noms de lieux-dits comme Roumet (Sain-Vit, L.-et-G. etc.), La Roumet (Saint-Julien-de-Crempse, Dord. etc.), Les Roumets (Viols-le-Fort, Hér.) et Roumets (Boos, Ardèche).

Issus de l’occitan romega (prononcé « roumègo« ) sont apparus les noms de (la) Roumega (Manciet, Gers ; Pibrac, H.-G.), de Roumège (Salles-Curan, Av. ; Viazac, Lot ; Saint-Nectaire, P.-de-D.) et de (Les) Roumèges (La Chapelle-aux-Brocs, Corr. ; Poussan, Hér.).

Avec un a prosthétique est apparu le terme arromet, de même sens. On trouve ainsi Les Aroumets (Hounoux, Aude), Aux Arroumets (Saucats, Gir.), Les Arroumets (Sabres, Landes) etc. L’agglutination de l’article est à l’origine du nom du Port de Laroumet (Lanzac, Lot – où Laroumet peut être un nom de famille) tandis que l’adjectif mal, « mauvais », a donné Malaroumet (Issac, Dord.).

Une variante en –ic de –ec a donné le gascon arramic, aramits (Dictionnaire du béarnais et du gascon moderne, Simin Palay, CNRS, 1961) à l’origine du nom de la commune Aramits (P.-A.) qui était Aramic en 1270.

CPA aramits

Les adjectifs

Bien plus connu et représenté, l’adjectif romegós, « ronceux, plein de ronces », est à l’origine de nombreux toponymes. On trouve ainsi près d’une centaine de lieux-dits Roumégous (notamment en Aveyron à Auzit, Centrès etc., dans le Lot à Planioles etc., dans le Tarn à Castres etc.) ou (La) Roumégouse (Gramond, Av. ; Saint-Pompon, Dord. etc.). La forme avec –x final est plus rare mais, outre la commune Roumégoux (Cantal), on la trouve quand même à près de cinquante exemplaires comme Le Roumégoux (Gissac, Av.) ou Roumégoux (Gluiras, Ardèche ; Ally, Cantal ; Saint-Martin-la-Méanne, Corr. etc.). Notons également l’ancienne commune tarnaise de Roumégoux (aujourd’hui dans Terre-de-Banclié) et la commune de Romegoux en Charente-Maritime dont le nom est dû au substrat occitan qui a persisté dans la région.

La perte de la valeur occlusive du –g– a donné des noms comme Rouméjoux (Ispagnac, Loz. etc.), la Rouméjouse (Janalhac, H.-Vienne) ou encore Romejoux (Saint-Victurnien, id.).

Une variante signalée par E. Nègre,  localisée semble-t-il au Mirepoix, est apparue par croisement de la finale –ec de rumec avec le suffixe –enc et est à l’origine de la forme romengós représentée par Roumengoux, commune de l’Ariège. Cette même suffixation a également servi à former le nom de Roumens, commune de Haute-Garonne. On trouve aussi deux lieux-dits Roumengous dans l’Aude (Arzens et Pennautier) et le féminin La Roumengouse dans la Haute-Garonne (Puydaniel).

On peut également signaler quelques variantes locales comme Les Roumégons (Grasse et Rigaud, A.-Mar.) qui a conservé une graphie partiellement occitane ou Roumezoux (Saint-Julien-le-Roux, Ardèche).

CPA Roumégoux

Pittoresque ? Pittoresque ? Est-ce que j’ai une gueule de pittoresque ?

Les collectifs

■ Le suffixe collectif latin –atum a donné –at / –ada en occitan que l’on retrouve à Roumat (Lannes, L.-et-G. ; Saint-Avit, Landes etc.), Roumats (Savinnes-le-Lac, H.-Alpes) ou encore à la Roumade Basse (Javols, Loz. etc.).

■ Le suffixe latin –aceu, –acea a donné l’occitan –às, –assa généralement augmentatif mais qui prend un sens collectif avec des noms de végétaux (et de minéraux). C’est ainsi qu’a été formé le mot romegàs, « fourré de ronces », que l’on retrouve à Romegas (Buis-les-Baronnies, Drôme ; Maubourguet, H.-P.) et Romegasse (Moulinet, A.-Mar.) ainsi que dans de nombreux (Le) Roumegas ou (La) Roumegasse (Av., Tarn, L.-et-G., T.-et-G., etc.) auxquels on peut rajouter Laroumegasse (Sabadel-Latronquière, Lot), Larroumegas (Louslitges, Gers), avec agglutination de l’article, et Arroumegas (Clarac, H.-Pyr.) avec un a– prosthétique. Avec la perte du –g– intervocalique sont apparus les noms de Roumeas (Gilhoc-sur-Ormèze, Ardèche) et de Romeas (La Tourette, Loire).

■ Comme souvent avec les végétaux, le plus productif des suffixes collectifs est le latin –ariu / –aria, donnant l’occitan –ièr / –ièra (français –ier / –ière), d’où l’occitan romeguièra, « ronceraie ». Citons pour commencer la commune de Romiguières (Hér., de Romegueira en 1246 et Romiguières en 1740-60), accompagnée d’une trentaine de lieux-dits (La) Romiguière (Av., Cant., Lot, Loz. etc), ou, avec agglutination de l’article, Laromiguière (neuf exemples dans le Lot), auxquels s’ajoutent à peu près autant de (La) Roumiguière (Av., Cant., Gir., T.-et-G. etc) ou Roumiguières (Ardèche, Tarn etc.). Dans le Sud-Ouest, avec –èra mis pour –ièra, on trouve Roumeguère (Auch, Gers ; Lespouey, H.-P.), La Roumeguère (Fargues-sur-Ourbise, L.-et-G.), ou encore À Larroumeguère (Mirepoix et Montaut-les-Créneaux, Gers), avec l’agglutination de l’article. Dans le Mirepoix et ses environs (avec suffixe –ec passé à –enc, cf. ci-dessus) sont apparus les noms de la Roumenguière (Revel, H.-G. ; Puivert, Aude etc. ) et de la Roumenguère (Cornebarieu, H.-G.) auxquels s’ajoute la Rominguère (Antras, Ariège).

Principalement dans le Dauphiné, la perte de la valeur occlusive du –g-, a donné  les noms de Romégier (Pont-de-Labeaume, Ardèche) et de (la) Romégière (Le Poët-en-Percip, Drôme ; Saint-Martin-de-Vésubie, A.-Mar.) ainsi que de Romeyère ( Méolans-Revel, A.-de-H.-P. ; Montagne, Rencurel etc. en Isère  etc.),de La Romeyère (Lardier-et-Valença, H.-A. etc.) et de  Romeyères (Bourdeaux, DR. ; Lalley , Is.), auxquels s’ajoutent Les Romières (Saint-Laurent-en-Royans, Drôme).

La forme masculine occitane romeguièr, désignant le lieu plein de buissons (ronces bien sûr, mais aussi aubépines et autres épineux) est à l’origine des noms de lieux-dits comme Roumiguier (Mazan, Vauc.), le Vallon du Roumiguier (Cheval-Blanc, Vauc.), la Croix de Romiguier (Cornus, Av.) et du nom de la commune de Romeyer (Drôme) qui était Romeier (1178), Romearium (1218), prioratus de Romeario (XIVè siècle) et enfin Romeyer en 1891 (cf. ce billet ) et du lieu-dit de Romeyer (Saint-Baudille-et-Pipet, Is.).

Il convient de remarquer que l’occitan romegar (ronchonner, maugréer, rouspéter) est à l’origine de romegaïre, « rouspéteur », d’où sont issus des noms de famille du type Romiguier, Roumiguier, Roumiguière, Roumeguère etc. qui peuvent prêter à confusion avec des noms de lieux quand on ne sait pas lequel a donné son nom à l’autre.

Les dimiutifs

Les diminutifs en –et sont représentés par des noms comme Roumette (Orange, Vauc. ; Meynes, Gard etc.), Roumettes (Mounes-Prehencoux, Av. etc.), Laroumette (Salies-du-Béarn, P.-Atl.) et, au masculin, le Grand Roumette (Barbentane, B.-de-R.) ou le Petit Roumette (idem et Castéra-Verduzan, Gers). On trouve également Rouméguet (Najac, Av. etc.) et Roumeguète (Angeville, T.-et-G. etc.) ainsi que  Roumigué (Claracq, P.-Atl ; Mauléon-d’Armagnac, Gers etc.).

Avec la graphie –eix pour –ets propre à l’Auvergne, ont été formés les noms de Roumeix (Saint-Étienne-de-Chomeil) et de Laroumeix (Saint-Martin-Cantalès), tous deux dans le Cantal.

Les diminutifs en –on sont rares mais on rencontre néanmoins les noms de Roumegon (Le Val, Var), Les Roumegons (Grasse et Rigaud, A.-Mar.) et Roumejon (Pourcharesse, Florac-Trois-Rivières et Bédouès-Cocurès, en Lozère). On peut signaler également le pont Rouméjon qui enjambe le Tarn depuis le XVIIè siècle et autour duquel s’est développé le village du Pont-de-Montvert, en Lozère (aujourd’hui Pont-de-Montvert–Sud-Mont-Lozère, cf. ce billet).

Rog-loupe-rouge

La devinette

Il vous faudra trouver un lieu-dit de France métropolitaine dont le nom est lié au mot du jour.

La commune où il se situe ne doit pas son nom au débit de l’eau, comme il est écrit sur le site municipal, mais au débit de parole du personnage éponyme.

Le nom du canton désigne, en trois mots, la partie du pays dans lequel il se situe.

Le chef-lieu d’arrondissement doit son nom à son fondateur, lequel doit le sien à un village d’un département voisin, d’où sa famille est originaire.

Un indice :

indice b 12 05 2024

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

L’Érondis à Muron et Les Érondis à Soulignonne, en Charente-Maritime : les répàladev

L’énoncé de ma dernière devinette, accumulant les erreurs dans ses indices (à propos de la première commune puis des chefs-lieux de canton), n’a pas aidé mes lecteurs à trouver la bonne solution et je leur demande de bien vouloir m’en excuser. J’essaierai de faire mieux la prochaine fois !

podium seulNéanmoins, cela n’a pas empêché LGF d’en venir à bout ! Félicitations !

Il fallait trouver Les Érondis à Muron, du canton de Tonnay-Charente de l’arrondissement de Rochefort et Les Érondis à Soulignone, du canton de Saint-Porchaire de l’arrondissement des Saintes.

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La toponymie

Érondis : dans le parler saintongeais, un érondis est un lieu rempli d’éronces, de ronces (cf. le billet correspondant).

érondisLes exemples donnés dans le dictionnaire ci-dessus n’existent plus aujourd’hui.

À Muron, le nom apparait sous la forme L’Érondis sur la carte IGN (en bas à gauche)

Erondis Muron IGN Capture

mais sous la forme Les Rondis sur le fichier Fantoir. On retrouve ce même nom Les Rondis à Bonnoeuvre et aux Essards (Ch.-Mar.) et à Mouton (Char.)

À Soulignone, Les Érondis sont connus du fichier Fantoir mais pas de la carte IGN.

érondis fantoir

Muron : j’avoue m’être trompé (désolé pour ceux que cela aura mal aiguillés !) à propos de cette commune. Je n’en avais pas parlé à propos d’une question de mon lecteur qui signait lecteur, mais à propos de mes derniers mots croisés du 20 avril 2024, où j’expliquais :  » Muron, petite commune de Charente-Maritime, porte un nom diminutif de « mur », désignant vraisemblablement un petit mur d’enceinte, un petit rempart ».

Tonnay-Charente : attesté de Tauniaco en 1068, Tauniacum en 1090, de Taunai en 1174 et de Tonai en 1214, il s’agit d’un ancien *Talinacon, « domaine de Talinos », du nom de personne gaulois Talinius (racine tala-, « soutien, appui, bouclier ») et suffixe –acon. Le nom de la Charente a été rajouté dès le XIIè siècle où on trouve Tauniacum ad Carantonam. Le nom de cette dernière est issu du gaulois *caranto-, « roche sablonneuse».

Rochefort : portait ce même nom dès 1250. Le français « roche », du pré-latin *rocca, a d’abord désigné une montagne ou une simple butte rocheuse, puis le château fort bâti à son sommet, puis un simple château fort, même en l’absence de butte. Ici, le château était vraiment très fort …

Soulignonne : en l’absence de forme ancienne, il est difficile d’établir une étymologie certaine. Plusieurs hypothèses ont été avancées notamment par A. Éveillé en 1887 dans son Glossaire Saintongeais : citant un certain Bourignon (en fait : François-Marie Bourguignon, dit Bourignon, Antiquités de Saintes), il explique que le nom viendrait de sau, su et on, mots celtiques qui auraient désigné les eaux (une référence à la rivière Arnoult qui traverse le village ?), mais il ajoute que pour M. Bullet (Mémoires sur la langue celtique), le mot soul désignerait la paille, la chaumière ou la maison couverte de paille. On n’est bien entendu pas obligé de suivre ces hypothèses. Aucun des toponymistes contemporains qui « font référence » ne semble s’être occupé de ce toponyme. Par comparaison avec des noms proches comme Soulignac (Gir.), Souligné (Sarthe), Souligny (Aube) etc. qui sont formés sur un nom d’homme gallo-romain *Sollenius ou *Solinius avec le suffixe –acum , on pourrait envisager le même nom suffixé en –onem

Saint-Porchaire : Sanctus Porcharius en 1275, du nom de saint Porchaire, abbé de Saint-Hilaire de Poitiers au VIè siècle, dont nous ne connaissons que son intervention dans un conflit qui opposa les moniales du monastère de Sainte-Radegonde aux évêques du diocèse.

Saintes : comme chacun sait, cette ville doit son nom au peuple gaulois occupant alors la Saintonge, les Santones. Strabon, au Ier siècle ap. J.-C. écrivait Santonôn Mediolanion (on aurait donc pu avoir un Meillan ou, mieux, un Milan-en-Saintonge …) qui a donné  Sanctone au Xè siècle et Xainctes au XIè.

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Les indices

indice a 05 05 2024  ■ Ramuntcho : ce film est adapté du roman de Pierre Loti, né le 14 janvier 1850 à Rochefort (Ch.-M.) et qui a habité quelque temps dans la maison de sa sœur à Saint-Porchaire (Ch.-M.) [ et c’est là que je me rends compte que j’ai inversé les indices pour les chefs-lieux de canton … décidément, cette devinette était bien mal foutue… Mille excuses !]. La piste de Ramuntcho et du Pays Basque ne devait pas être suivie, puisque la devinette portait sur la langue d’oïl.

indice b 1 05 05 2024  ■ le sémaphore maritime de Socoa (baie de Saint-Jean-de-Luz / Ciboure) devait faire penser à Louis Jacob, capitaine de vaisseau, inventeur des signaux sémaphoriques dans la Marine, natif de Tonnay-Charente (Ch.-M.). La piste du Pays Basque était, là aussi, à ne pas suivre.

indice b 07 05 2024 ■ il fallait reconnaitre un Begonia monoptera. La famille des Bégoniacées a été nommée par le naturaliste Charles Plumier, en l’honneur de Michel Bégon, décédé à Rochefort en 1710. C’est dans cette ville que se trouve le Conservatoire du bégonia.

indice d 07 05 2024■ « L’exécution de Prévost, assassin d’Adèle Blondin et Lenoble, place de la Roquette, Paris » le 19 janvier 1880 devait faire penser à Joseph-Ignace Guillotin, né à Saintes en 1738, connu pour avoir fait adopter la guillotine comme mode d’exécution capitale. (Le fait d’avoir effacé la légende de cette gravure était une façon de vous aiguiller sur une fausse piste …).

Les indices du mardi 07 mai 2024, publiés le mercredi 08 mai 2024

en retard

Oups ! Désolé pour le retard !

Personne n’a trouvé les réponses à ma dernière devinette.

L’énoncé en était le suivant :

Il vous faudra trouver (s’il vous reste quelques neurones disponibles) un toponyme lié au mot du jour [ronce] qui n’existe (si je ne me trompe pas) qu’à deux exemplaires en France métropolitaine, dans des communes différentes du même département, séparées par 36 km de route.

Précédé d’un article au singulier dans la commune A, il est présent tel quel sur la carte IGN actuelle mais avec une graphie différente dans le fichier FANTOIR ‒ graphie également présente dans deux autres communes du même département, dans une commune du département voisin, et dans quelques autres plus lointaines. À l’inverse, ce toponyme se trouve précédé d’un article au pluriel dans la commune B, et est présent dans le fichier FANTOIR mais pas sur les cartes IGN.

Le nom de la commune A faisait récemment partie des interrogations hebdomadaires d’un de mes lecteurs et l’explication parlait de fortifications.

Mise à jour : Mea culpa. J’ai parlé de cette commune non pas en réponse à un de mes lecteurs mais à propos d’un mot-croisé.

Le nom de la commune B est, selon toute vraisemblance, issu de celui d’un homme latin suivi d’un suffixe inhabituel.

Le chef-lieu du canton où se trouve A est lui aussi issu de celui d’un homme latin suivi d’un suffixe classique et est accompagné du nom de la rivière sur laquelle était établi un port fluvial de quelque importance.

Le chef-lieu du canton où se trouve B est un hagiotoponyme qui rend hommage à un saint dont on ne sait pas grand-chose, sauf qu’il est intervenu pour tenter de mettre fin à un conflit dans une abbaye.

Deux indices, pour les chefs-lieux de canton :

■ de la commune A

indice a 05 05 2024

■ de la commune B

cdl d

Les indices du mardi

■ pour l’arrondissement de la commune A

indice b 07 05 2024

■ pour l’arrondissement de la commune B

indice d 07 05 2024

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr