La fève, un aliment qui mérite d’être connu.

Rédacteur : J-L Bourdenx

Salade de fève à l’ail

Des valeurs nutritives intéressantes

La fève est recommandée aujourd’hui dans de nombreuses recettes végétariennes et végétaliennes. Avec 26,12g pour 100g, elle est la légumineuse la plus riche en protéines végétales (devant, par ordre décroissant, les lentilles, les pois cassés, les haricots rouges puis les pois chiches).

En raison de sa richesse en glucides complexes (sucres lents), protides, fibres et vitamines, la fève possède des qualités nutritives intéressantes. Elle procure un effet de satiété rapide sans être trop calorique. Riche en vitamines B et C, elle apporte une quantité intéressante de fer, de potassium, de calcium et de magnésium. De plus, la fève fraîche est gorgée de polyphénols, qui ont un fort pouvoir antioxydant et protègent contre les radicaux libres.

Culture de la fève

Une culture aisée et peu exigeante

Plante peu exigeante en sol (pH ≥ 6), elle préfère la chaleur (température optimale de croissance autour de 20 °C) mais craint les températures élevées. Les fèves préfèrent les sols profonds et frais, à exposition ensoleillée. Elle est bien adaptée aux terres riches en potassium, telles que les terres profondes, argilo-calcaires, argileuses ou comportant des roches. Elle craint la sécheresse.

Symbiose
Fixation de l’Azote
Nodules racinaires et bactéries – Y. Caraglio

La fève par symbiose, une fixatrice d’azote : un bon apport d’engrais naturel !

La fève (comme une grande partie des espèces de la famille des légumineuses) a la capacité d’établir une association avec des bactéries du sol du genre Rhizobium. La plante va former de petits organes racinaires, appelés nodules, au sein desquels les bactéries, vont s’installer et se développer. Sa racine fournit aux bactéries un abri et une source de nourriture (les sucres issus de la photosynthèse de la plante) nécessaires à leur développement. En échange les bactéries fixent l’azote atmosphérique présent dans le sol et le transfèrent à la plante. Cette association à bénéfices réciproques pour les deux organismes est appelée une symbiose.

La fève mal aimée dans l’histoire. 

Pourtant la fève dans l’antiquité, en Égypte, en Grèce et chez les Romains n’a pas bonne presse. Lieu de la transmigration des âmes après la mort et il était dangereux d’en supporter la vue. Elle était supposée gâter le sommeil, pouvait entraîner la stérilité et les tâches sur les fleurs étaient considérées comme de lugubres présages. Côté Église Chrétienne, Saint Jérôme lui attribuait au contraire des vertus aphrodisiaques. Les fèves seront alors interdites aux religieuses car incompatibles avec la vie monastique. Enfin, au Moyen-âge, on croyait aussi que l’odeur de ses fleurs pouvait engendrer la folie.

La fève de la galette des rois. 

Cette coutume christianisée en la fixant au jour de l’Épiphanie (Arrivée des Rois mages), remonte aux Saturnales romaines (solstice d’hiver) pendant lesquelles les rôles entre esclaves et maîtres étaient inversés. Un roi éphémère (personnification de Saturne) était alors tiré au sort par la fève parmi les esclaves. Ce dernier avait durant cette courte période autorité totale y compris sur ses anciens maîtres. Tous étaient alors tenus d’obéir aux ordres parfois les plus fantasques. En contrepartie, son règne s’achevait par son suicide sur l’autel de Saturne qu’il avait incarné durant les fêtes. 

Le tirage au sort par la fève était, bien auparavant, traditionnel en Grèce. On y nommait les magistrats au moyen de fèves noires et blanches (Les élus étaient ceux qui avaient tiré les fèves blanches). On croyait en effet que les fèves contenaient les âmes des morts et on se remettait au jugement des ancêtres qui savaient ce que les vivants ne pouvaient savoir.