À l’hôtel Bertram, Agatha Christie

Ah ! Les muffins de l’hôtel Bertram…
Ils n’ont pas leur pareil. Non plus que le thé, le personnel stylé et les clients, ladies respectables, ecclésiastiques et officiers en retraite qui viennent y retrouver l’atmosphère d’antan… Vraiment, l’hôtel Bertram est plus victorien que nature, et Miss Marple se réjouit d’y passer une semaine. Et pourtant, quelques détails la troublent : cette jeune fille, Elvira, qui s’est amourachée d’un pilote de course peu recommandable, sa mère, une aventurière décidée, et ce pauvre chanoine Pennyfather qui disparaît…
Il est bien étourdi, mais tout de même… Décidément, tout n’est peut-être pas aussi paisible et feutré qu’il y parait… à l’hôtel Bertram.

J’ai noté ce titre dans ma wishlist après en avoir vu une adaptation télévisuelle, mais je n’arrive pas à me souvenir laquelle. Comme la lecture n’a convoqué aucun souvenir, je penchais pour la série française Les petits meurtres d’Agatha Christie : les intrigues sont généralement transposées dans d’autres contextes que celui dans le récit. Mais je viens de vérifier sur Wikipédia et niet : point d’hôtel Bertram. Le mystère reste donc entier !

J’ai été, au début de ma lecture, assez surprise que le récit soit ancré temporellement dans les années 60 (avec une référence claire aux Beatles) : pour une raison qui m’échappe, je vois toutes les intrigues d’Agatha Christie dans les années 30… Ici, cela a en plus un intérêt particulier dans le récit puisque, justement, l’hôtel Bertram semble figé dans une autre époque, tout en ambiance feutrée, vieilles ladies, et personnes semblant tout droit sorties de l’ancien monde, ce qui ne lasse pas d’étonner Miss Marple.

Le début du récit est assez lent : Miss Marple est à l’hôtel, elle passe de bonnes vacances, observe ses contemporains… C’est très tranquille, et il ne se passe pour ainsi dire pas grand-chose, on est plus dans le roman d’ambiance que dans le récit d’enquête. Heureusement, l’autrice ne tarde pas à introduire des chapitres lorgnant du côté des forces de police qui, eux, traquent une bande de criminels organisés.
Sans surprise, les deux trames se rejoignent, mais j’ai été étonnée qu’elles se rejoignent si tard dans le récit !
Je ne me suis pas ennuyée pour autant car, tout de même, la plupart des personnages que l’on croise sont mystérieux. Il y a le chanoine Pennyfather, suprêmement étourdi (par ici, on dirait qu’il se « perd les chèvres », tant son étourderie est poussée !). Il y a Lady Segdwick, une aventurière qui n’est pas ravie de constater que son adolescente de fille, qu’elle a abandonnée lorsqu’elle était très jeune, séjourne dans le même hôtel. La jeune fille en question, Elvira, très troublée par des questions hautement pratiques (à combien s’élève sa fortune ? À qui revient-elle en cas de décès ?). Et ce pilote de course, Ladislas Malinowski, dont la voiture semble hanter chaque carrefour du quartier. On passe de l’un à l’autre, on s’attarde un peu sur Elvira et le chanoine, et les allées et venues des personnages, saupoudrées des petites remarques de Miss Marple, et des investigations policières assurent une certaine tension dans le récit, jusqu’à ce qu’enfin, il se passe quelque chose de croustillant !

J’ai trouvé le récit original à plusieurs titres. Pour commencer, l’hôtel tient un place si importante qu’il est quasiment un des personnages de l’intrigue ! Ensuite, la présence de Miss Marple est assez discrète : oui, elle voit beaucoup de choses, notamment les dissonances entre l’hôtel de son souvenir et celui de ses vacances, mais le récit est essentiellement constitué de conversations surprises ici ou là, de scènes entraperçues (à l’hôtel ou ailleurs), le tout agrémenté des petites remarques de la vieille dame. Plus étonnant : elle participe d’assez loin à l’enquête, qui démarre très tardivement (je crois que le premier mort n’intervient que dans le dernier tiers !) et est finalement résolue par le Yard (mais grâce à l’aide de Miss Marple, tout de même !). Cela donne à la fois un côté un peu brouillon à l’intrigue (beaucoup d’éléments qui se mélange) et un aspect très douillet (dû à l’omniprésence des scènes dans les salons de l’hôtel) : bref, un cosy mystery en bonne et due forme !

J’ai passé un très bon moment avec ce roman mettant en scène Miss Marple. J’ai trouvé l’intrigue atypique, en raison de la multiplicité des récits qui s’entrecroisent, et de la présence discrète de la vieille dame. Le rythme est assez étonnant, mais Agatha Christie s’y entend pour insuffler de la tension dans le récit, ce qui fait qu’on passe un très bon moment !

À l’hôtel Bertram, Agatha Christie. Traduit de l’anglais par Claire Durivaux. Le Masque, 1967, 256 p.

[2024] Mois de la fantasy

Cela fait plusieurs années que Pikiti organise le mois de la fantasy. Objectif : lire un maximum de fantasy, entre le 1er et le 31 mai !
Cette année, le thème du challenge est « Forêt enchantée« .

Le détail des menus est visible dans la vidéo ci-dessous :

Vous me connaissez, j’aime bien faire des listes (lire ce que j’y ai noté est une autre paire de manches, mais chut). Cette année, je ne compte clairement PAS lire tout ce que je note sur ma liste (si j’en lis 3, ce sera déjà très bien). Mais j’aime bien l’idée de chercher quel titre mettre dans quelle catégorie, donc allons-y !

La sorcière Gris Zelda

– Sorcières, sorcellerie, ésotérisme :

Apparemment, ma participation au Mois de la Fantasy va de pair avec l’inscription du Sorceleur dans la liste – et parfois sous des prétextes quelque peu fallacieux. Cette fois-ci, je trouve que le roman colle toute à fait à la description de la catégorie. Certes, on parle plutôt de magiciens et magiciennes que de sorcières, mais c’est clairement à de la sorcellerie que s’adonne tout ce petit monde (notamment côté sorceleurs). Donc, allons-y avec Le Sang des elfes, d’Andrzej Sapkowski, troisième tome des aventures de Geralt de Riv !

L’histoire : Le royaume de Cintra a été entièrement détruit. Seule la petite princesse Ciri a survécu. Alors qu’elle tente de fuir la capitale, elle croise le chemin de Geralt de Riv. Pressentant chez l’enfant des dons exceptionnels, il la conduit à Kaer Morhen, l’antre des sorceleurs. Initiée aux arts magiques, Ciri y révèle bien vite sa véritable nature et l’ampleur de ses pouvoirs. Mais la princesse est en danger. Un mystérieux sorcier est à sa recherche. Il est prêt à tout pour s’emparer d’elle et n’hésitera pas à menacer les amis du sorceleur pour arriver à ses fins…

– Foire itinérante : bonne aventure, tarot, créatures hors normes, clans :

C’est dommage, parce que j’ai lu un tome de série, le mois dernier, qui aurait été PAR-FAIT pour cette catégorie, la série s’intitulant tout simplement Tarot. Heureusement, j’avais un autre titre dans la manche, qui colle parfaitement au thème « créatures », les personnages principaux pouvant se lier à des créatures nommées Cryptides (je peux l’avancer, car je l’ai déjà terminé !). Et donc ici je note Les Chuchoteurs, tome 1 : Le Prince des oubliés, d’Estelle Vagner !

L’histoire : Mon jumeau et moi sommes orphelins. À 16 ans, nos problèmes consistent à se trouver une petite amie, arriver à l’heure au bahut et éviter le plus possible devoirs et tâches ménagères. Quant à notre avenir, il nous tend les bras et ne dépend que de nous… Du moins, c’est ce que nous avons toujours cru. Mais les certitudes n’existent que pour être balayées… par les éléments, qu’une partie de la population peut contrôler par magie. Nous y compris, semble-t-il. Mais ce nouveau pouvoir, en plus de chambouler notre quotidien, implique trop de choses : des vérités qui dérangent, une cible permanente sur notre tête et un choix qui me semble impossible : tuer ou être tué. Bienvenue dans la communauté des Chuchoteurs, des êtres à part qui manipulent l’eau, la terre, l’air et le feu. Des êtres qui côtoient les cryptides, des créatures mythiques tout droit sortis de nos contes et légendes. Des êtres qui s’entretuent pour toujours un peu plus de pouvoir… Pour échapper à cela, je ne peux compter que sur un oncle bourru, mon frère Lucas, mon ami Yannick et mon… chien. Aussi fou que cela puisse paraître, il est mon meilleur atout, un as dans la manche qui passe son temps à dormir, baver et à éviter étrangement tous les sujets importants…
Comme ma survie.

– Chasse aux sorcières : enquête, meurtre, anti-magie

Voilà une catégorie que je n’ai eu aucun mal à remplir, avec le troisième tome d’une de mes séries en cours, j’ai nommé Les extraordinaires et fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé, de Raphaël Albert. Je n’ai pas encore regardé le résumé du tome où j’en suis rendue, le 3, intitulé Confessions d’un elfe fumeur de lotus, mais les deux premiers tomes collaient bien à la partie « enquête », voire à la partie « meurtre ». Je ne sais pas pourquoi j’ai autant laissé traîner cette série, d’autant que j’avais bien apprécié les deux premiers !

L’histoire : À Panam, Sylvo Sylvain, le fameux elfe détective privé, est en proie au spleen. Dans une fumerie de lotus, hébété, allongé sur une natte usée, de pipe en pipe, il se perd dans les souvenirs de son enfance… La Grande Forêt des Elfes se déploie, cruelle et merveilleuse et, dans la fumée épaisse du lotus, l’existence féérique de son peuple reprend vie. L’avenir, croyait Sylvo à cette époque, était tracé comme la hampe d’une flèche : il serait le prochain champion de la Grande Forêt. Mais le sort prendra une toute autre tournure. Face à son destin, Sylvo deviendra son pire ennemi…

La Fée Lée

– Se sentir pousser des ailes : une relique de la PAL.

Alors, ma PAL est renseignée depuis 2011-12 sur Livraddict, puisque je me suis inscrite sur le site durant cette année (scolaire) là.
Évidemment, j’ai bien avancé dans mes lectures depuis, et ma PAL a beaucoup bougé depuis mon inscription… enfin, « évidemment », peut-être pas tant que cela car, surprise surprise, il reste des livres estampillés « 2012 » dans ma PAL (et dont je sais de source sûre que certains y sont… depuis bien plus longtemps, huhu). (En vrai, qui est surpris ? Pas moi !)
Parmi la palanquée de reliques que j’ai relevées, j’ai noté ici un titre que je suis certaine de lire dans un avenir plus ou moins proche : Elantris, de Brandon Sanderson.

L’histoire : il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…

– Poudre magique : un livre court, qui te fait le plus envie.

Ici, j’ai choisi de ne tenir compte que de la première partie de la consigne, avec « livre court » et Livraddict (toujours), m’apprend que les trois livres les plus courts de ma PAL sont respectivement Tombeau et pâtés de sable, un hors-série de La Balance brisée de Lise Syven (zéro pages, mais je pense qu’il s’agit d’une erreur d’encodage, vu qu’il est en numérique) ; Le onzième métal, de Brandon Sanderson, un hors-série de Fils-des-Brumes (28 p.) et L’Énergie du désespoir, d’Adrien Tomas (28 p. aussi). Voilà, je pose ça là, avec trois titres en lice !

– Fairy Tales : contes, royauté, château, princesses

J’avoue tout net que cette catégorie m’a donné du fil à retordre, tant aucun titre ne me venait à l’esprit. Mais finalement, j’ai eu une illumination, tout en me disant : « Mais enfin, que n’y as-tu pensé immédiatement !! » J’aime beaucoup ce que fait Flore Vesco, je ne pouvais donc pas passer à côté de son dernier titre en date De délicieux enfants, dont je me suis laissé dire qu’il était tout inspiré du Petit Poucet !

L’histoire : Depuis des jours, les écuelles sont vides tout comme les estomacs. Dans leur maison au fond des bois, le père et la mère désespèrent de nourrir leur chère progéniture. Sept bouches voraces. Sept enfants espiègles qui ont déjà bien grandi. Sauf Tipou. Difficile de trouver sa place, quand on en prend si peu… Du haut de ses treize ans, Tipou rêve d’aventure. Cela tombe bien : la forêt noire et profonde cache d’inquiétants mystères. Qui sème ces feuilles et baies sanglantes ? Pour le découvrir il vous suffit, à vos risques et périls, de suivre les traces…

L’elfe Stefawen

– Speed-dating : amour, romance, love

Alors là, j’ai dû chercher un peu, car comme je ne suis absolument pas emballée par la romance, et encore moins par la romantasy, j’en ai extrêmement peu dans ma PAL. Bon, il semblerait toutefois qu’un roman que j’ai prévu de lire dans mon ABC Imaginaire relève de la romance, donc c’est parfait ! Il s’agit de Dette de sang : Un paquet d’os et d’or, d’Hailey Turner.

L’histoire : Quand les dieux font appel à vous, vous ne pouvez pas refuser. Patrick Collins travaille depuis trois ans en tant qu’Agent Spécial à l’Agence des Opérations Surnaturelles quand les dieux lui demande d’honorer sa dette de sang. Un Immortel a disparu à New York et des corps ont été retrouvés un peu partout à la suite de rituels menés par des démons. Des rituels que Patrick ne connait que trop bien et qu’il revit dans chacun de ses cauchemars. Très vite, il se retrouve une fois de plus face à des mercenaires qui utilisent la magie de la Secte Dominion. En cherchant de nouveaux alliés pour s’en sortir, Patrick découvre que la prochaine cible de la Secte n’est autre que le loup-garou que le Destin n’arrête pas de mettre sur sa route. Patrick a été attiré par cet homme depuis leur rencontre, mais le désir n’a pas sa place en temps de guerre. Ce qui ne l’empêche pas de vouloir ce qu’il ne peut avoir. Jonothon de Vere est magnifique, dangereux et synonyme d’emmerde : pour le cas sur lequel il travaille, pour son combat face à ses propres démons, et surtout pour son coeur et son âme. Mais au final, il faut toujours payer ses dettes et Patrick n’a pas d’autre choix que de faire ce qu’il fait de mieux : tromper la mort.

– Elfe contre fae : amour, complot, trahison

Ici, je pars un peu à l’aveuglette, mais j’ai aperçu le mot « trahison » dans le résumé d’un roman qui vient d’intégrer ma PAL : on va dire que ça passe ! De toute façon, vu le sujet, je suis à peu près certaine qu’il sera aussi (au moins vaguement) question d’amour et de complot. Je place donc ici Morgane Pendragon de Jean-Laurent Del Socorro, dont j’essaie de lire un roman par an (c’est un peu ma valeur sûre) !

L’histoire : Île de Bretagne, début du VIIe siècle.
Morgane devient la nouvelle reine de Logres en s’emparant de l’épée de son père, Uther Pendragon, alors que son amant Arthur et tant d’autres ont échoué avant elle. À peine couronnée, la voilà déjà attaquée par des royaumes vassaux qui mettent en doute sa légitimité. Ce conflit en annonce un autre, plus dangereux. Une nouvelle religion arrive en Bretagne : le christianisme, avec à sa tête l’archevêque de Canterbury. Morgane devra protéger sa foi, celle de la Déesse. Pour mener ses batailles, elle pourra s’appuyer sur Merlin, le druide qui l’a protégée et formée, ainsi que sur les chevaliers de sa table ronde nouvellement créée. Promise à des victoires éblouissantes, mais aussi à d’amères défaites, réussira-t-elle à échapper au venin mortel de la trahison ?

– Quête : commencer ou continuer une saga

Pfou, pfou, pfou ! Et là, je mets quoi ? C’est pas comme si je n’avais pas de sagas, mais justement, j’en ai tout un tas, des en-cours, comme des à-commencer. Bon, passé le premier instant d’incertitude, je me suis dit que je pouvais aussi joindre l’utile à l’agréable. J’ai donc ouvert ma liste pour l’ABC Imaginaire et oui, il reste bien un tome de saga de fantasy dans la liste, à savoir Une lueur sous les cendres, le deuxième tome de la série Le Livre et l’Epée d’Antoine Rouaud, une série dont j’ai très très très longuement attendu la suite (que j’ai commencée à sa parution, mais qui m’est tombée des mains au moment où je l’ai reprise : sans doute pas le bon moment).

L’histoire : Les idéaux n’auront pas résisté longtemps à l’appétit des puissants. La République est un nid de vipères, propice à toutes les machinations, et certains princes font déjà sédition.
Laerte d’Uster, l’assassin de Massalia, est passé dans la légende. Promis à l’exécution, personne ne l’a vu depuis plus d’un an. Les cendres de l’Empire ont refroidi, mais sa soif de vengeance est toujours brûlante. Sur les traces d’Azdeki et du Liaber Dest, Laerte s’introduit dans Éole, la Cal Do Piar, la fameuse cité inexpugnable. Un symbole de la République assiégé depuis des mois par les Ombres, un peuple d’une sauvagerie sans pareille. Et l’armée de la République, mobilisée sur d’autres fronts par des attaques venues de l’intérieur, ne vient pas à leur secours.
Sur les remparts, Corvert Dargon, vétéran de l’Empire ayant rejoint la République, veille. Rogant, le Naaga, ancien compagnon de Laerte, fourbit ses armes. Tous deux, et bientôt Laerte à son tour, prendront sous leur aile Naeme, une jeune fille décidée à s’arracher au destin qu’on cherche à lui imposer et à combattre l’épée au clair.
Qui, comme Laerte, trouve son chemin dans la souffrance, et lui rappelle que, garçon, il voulait être chevalier.

La silène

– Mythologie : réécriture, inspiration :

La mythologie a le vent en poupe et j’en suis ravie, car j’adore les réécritures de ce type ! L’an dernier, j’ai dévoré le premier tome de Pallas, de Marine Carteron. Il est donc grand temps de lire le deuxième volet de cette trilogie : Sur les flancs de l’Ida.

L’histoire : Athéna a échoué. Sa tentative pour récupérer le Palladion et retrouver enfin Pallas s’est terminée dans un bain de sang. Troie, quant à elle, a été saccagée par Héraclès et son armée. Mais la déesse, loin d’être découragée, a tiré de précieuses leçons de cet échec. Aidé par le Titan Prométhée, elle conçoit un nouveau plan. Un plan d’une envergure glaçante qui entrera à jamais dans l’histoire des hommes et des Dieux. Machinations, manipulations, traîtrises et meurtres, ce second tome de Pallas pourrait totalement être qualifié de Game of Thrones mythologique et donner des leçons aux plus grands romans d’espionnage. Athéna n’est pas la déesse de la stratégie pour rien !

– Anthropomorphisme/Bit-lit : métamorphoses, animaux :

Yes, il y a marqué bit-lit, ça va être facile ! Même si j’en ai de moins en moins dans ma PAL, il m’en reste, et j’ai même des séries encore non entamées, comme Maeve Regan de Marika Gallman, dont j’avais beaucoup aimé le début de série Les Chroniques de Hallow – malheureusement jamais publiées dans leur intégralité par son éditeur, selon un schéma bien récurrent dans le genre.

L’histoire : Avant, ma vie était simple : l’université si j’en avais envie, les hommes quand j’en avais envie. Et je n’avais aucun problème qu’un barman ne puisse m’aider à résoudre.
Mais là, depuis un moment, rien ne va plus.
Le type sexy qui me draguait a rendu son déjeuner quand on a voulu concrétiser.
J’ai cassé le nez du copain de ma meilleure amie, et elle ne l’a pas très bien pris. Lui non plus, d’ailleurs.
Ensuite, je me suis mise à faire des cauchemars.
Et tout ça, c’était avant qu’une bande de vampires décide de redécorer mon appart et qu’un colosse me kidnappe.
Quand je vous dis que ce n’est pas ma semaine…

– Lac enchanté : sirène, piraterie, eau, bateau :

Malheureusement, j’ai terminé ma relecture du Royaume de Pierre d’Angle, qui a son lot de marins (et bon, même si j’adore la saga, je ne vais pas la relire tous les ans non plus). Heureusement, les figures de marins, pirates, bateau etc., ce n’est pas ce qui manque en fantasy, aussi ai-je dégotté un titre qui (il me semble) va coller parfaitement, puisqu’il s’agit d’un roman de Ludovic Rosmorduc, Le Flibustier du froid.

L’histoire : L’arrivée d’un grand trois-mâts dans la cité portuaire de Trède va bousculer la vie de ses habitants, et notamment celle de Thibault. De caches secrètes en message codé, le jeune garçon va retrouver la piste d’un lointain pirate. Aux côtés d’Alastar, il va vivre la plus grande aventure de sa vie. La plus dangereuse aussi.
Au milieu d’une mer en furie, sillonnant entre icebergs et banquise, les deux héros se lancent dans une étourdissante chasse au trésor.
Mais sont-ils les chasseurs ou les chassés ?

Bien, nous voilà donc déjà mi-mai et cette PAL est à peine entamée, donc nous verrons bien si j’arrive au total extraordinaire de 3 livres lus d’ici la fin du mois ! Quoi qu’il en soit, j’aime bien aller chercher dans ma bibliothèque ce qui correspond à chaque catégorie, donc on dira que je participe pour le plaisir de concevoir la liste.

Et vous, qu’avez-vous prévu de lire pour ce Mois de la Fantasy ?

Les Secrets des Wilson #1, Mill2

Si Liam Wilson était connu pour être l’un des plus riches promoteurs immobiliers de son époque, pour Anna, il était avant tout un grand-père aimant qui lui envoyait à chaque anniversaire un livre. A sa mort, elle découvre qu’elle est son unique héritière grâce à des énigmes qu’elle seule peut résoudre. Ce jeu de piste va déterrer des secrets familiaux enfouis depuis des années.

Les Secrets des Wilson est d’abord paru, en 42 épisodes, au format Webtoon – la republication au format papier est prévue en trois tomes.
L’histoire nous entraîne sur les traces d’Anna : son père étant très occupé, il la dépose pour quelques temps dans la maison au milieu de la forêt dont elle a hérité récemment de son grand-père. Alors qu’elle en était très proche, celui-ci s’est retiré quelques années plus tôt au fond des bois (avec sa fortune, dont personne ne sait ce qu’elle est devenue), limitant ses interactions avec la famille à des cadeaux d’anniversaire (des livres) envoyés à la petite fille. Anna n’est donc pas particulièrement bien disposée à son arrivée : elle aimerait que son père ne parte pas, elle ne comprend pas cette forme d’abandon de la part du grand-père, qui lui manque, et elle ressent une certaine gêne à rester seule avec des inconnus. Car la maison vient en héritage avec son personnel : un gardien imposant, une gouvernante un peu distante, une jeune cuisinière fragile dont s’occupent les deux précédents, et un commis qui n’a ni les yeux, ni la langue dans sa poche, tout un panel de personnages plus intrigants les uns que les autres.

L’ambiance et le décor jouent donc sur une part de mystère qui entretient la tension. Celle-ci est également due à la forme de l’intrigue. En effet, Anna ne tarde pas à découvrir que son grand-père attendait d’elle qu’elle découvre quelque chose, et qu’il lui a organisé une véritable chasse au trésor. A la recherche de la fortune qu’il a cachée quelque part ? Cette fortune disparue ou cachée cristallise toute les attentes des adultes qui entourent Anna. Indice après indice, Anna reprend les différents cadeaux de son grand-père (une boîte à musique, une montre, des livres…), et s’attelle à percer les énigmes laissées par son aïeul. Or, si celles-ci expliquent peu à peu le passé du vieil homme, elles permettent aussi à Anna d’en apprendre plus sur le passé de sa famille, et notamment sur les raisons de la rancœur qui existe entre son père et son grand-père. Si les découvertes ne sont pas toutes follement surprenantes (notamment autour du secret de son père), leur agencement en jeu de piste, et le mélange entre les recherches de la jeune fille et sa vie au chalet fonctionnent parfaitement.

De plus, les tons sombres des décors, le mystère qui plane autour des personnages vivant dans le chalet, le côté assez ludique de la chasse au trésor (avec découverte de pièces secrètes, fouilles en règles dans les recoins, etc.) donnent à l’ensemble une petite ambiance gothique très réussie.

Si j’ai vraiment apprécié la narration et l’intrigue, je dois dire que les graphismes m’ont laissée un peu plus de marbre : côté décors, c’est léché, détaillé comme il faut, mais les expressions des personnages pêchent un peu, oscillant entre un vide assez dérangeant et une exagération des émotions qui détonne avec le cadre.

Ce premier tome remplit son office : les personnages, le cadre, l’intrigue sont parfaitement installés. L’enquête d’Anna, sous forme de chasse au trésor, instille un certain suspense dans le récit, lequel est ponctué par les découvertes de la jeune fille dans les secrets familiaux. Si on passe en revue un certain nombre de secrets ici, on sent bien que tout n’a pas encore été déterré, ce qui permet de garder l’attention des lecteurs en fin de tome et ce d’autant que les trajectoires des personnages secondaires restent encore bien nébuleuses. J’ai vraiment accroché à l’intrigue, ce qui m’a permis de passer outre les graphismes que j’ai trouvés un peu faibles en regard. Je suis curieuse de lire la suite !

Les Secrets des Wilson, Mill2. Traduit par Lya Mayahi. Kotoon, 18 janvier 2024, 272 p.


Le petit cœur brisé, Moka.

Melaine est une jeune fille dont la vie n’est pas remplie de bonheur… elle a déjà perdu ses parents et son grand-père. Il ne lui restait que sa grand-mère, jusqu’au jour où cette dernière meurt. Elle est recueillie par des cousines éloignés avec qui elle vit plein d’aventures et découvre l’existence d’une petite fille sur une photo avec le même médaillon que celui dont elle a hérité… Est-ce un hasard ou le destin ? Qui est cette jeune fille sur la photo ?

Avril ayant été synonyme d’une petite panne de lecture, j’ai dégainé mon arme ultime dans ce genre de cas : la relecture d’un livre aimé. Et donc j’ai ressorti ce roman de Moka, une autrice qui a marqué mon adolescence ! Je me souvenais avoir bien aimé ce roman, mais j’en avais au final très peu de souvenirs précis (hormis le fait qu’il y avait un personnage narcoleptique, mais c’est probablement parce que c’est là que j’ai appris ce mot !).

Le roman est assez court et centré sur un secret de famille. Mélaine, la jeune protagoniste, est recueillie par deux petites cousines au décès de sa grand-mère. Celle-ci l’a désignée comme légataire universelle de tous ses biens, ce qui entraîne une forte dispute entre les membres de la famille qui avaient vu sur son patrimoine : on parle quand même d’une maison, d’un potentiel manoir, de tout le mobilier qui va avec et de bijoux fabuleux. Outre cette bisbille, Mélaine met rapidement le doigt sur une affaire louche et qui va l’obséder : lorsque sa grand-mère était enfant, sa petite sœur chérie, Mélanie, a disparu.

J’aime beaucoup ce court récit car il mélange l’enquête de Mélaine, la recherche dans le passé de sa famille, et sa vie loufoque chez les deux petites vieilles, Heidi et Gretchen. Celles-ci la sortent de l’école (sans trop en parler au juge des tutelles), lui apprennent la photo et un tas d’autres trucs très utiles (mais hors programmes scolaires). Après la vie difficile et triste que Mélaine a vécue chez sa grand-mère (un personnage assez dur), subitement elle trouve de la joie de vivre, de la bienveillance et un environnement chaleureux. Il y a un côté très enthousiaste dans ce récit, avec des petites touches d’humour, notamment parce que Gretchen a tendance à tomber en catalepsie aux pires moments, ce qui est souvent assez drôle (même si parfois la situation devient très tendue). De fait, j’ai trouvé l’ensemble (à nouveau) très plaisant.

Mais ce n’est pas pour autant un récit de bisounours, loin de là. Au fil de ses recherches et des questions qu’elle pose à ses tutrices, Mélaine découvre la vérité sur le passé de sa grand-mère, une petite fille intelligente et maltraitée par son père (on parle de sévices corporels et de maltraitance psychologique graves). Le récit oscille donc sans arrêt entre une part lumineuse et une autre part nettement plus sombre. Si les sévices subis par la grand-mère dans son enfance sont décrits sans pathos, ils ne sont pas non plus édulcorés.

L’intrigue présente aussi une ambiance fantastique légère. En effet, une rumeur court autour de la disparition de Mélanie : son fantôme hanterait la maison familiale, et l’autrice joue parfaitement sur cette ambiance jusqu’à la fin. J’ai trouvé le mélange entre l’aspect fantastique, les découvertes terribles de Mélaine, et sa vie haute en couleur chez Heidi et Gretchen aussi équilibré que réussi.

Au final, le roman est assez court, mais les péripéties s’enchaînent à bon rythme, tout en ménageant des instants plus calmes. C’était vraiment une lecture extrêmement plaisante !

J’ai lu beaucoup de romans de Moka dans mon adolescence et j’avais celui-ci en tête comme étant un de mes favoris. Et la relecture a confirmé cette impression ! Le récit, quoique bref, est très prenant, parfaitement équilibré entre fantastique et recherche dans les secrets de famille. Le ton oscille sans cesse entre humour joyeux et considérations plus graves, à nouveau dans un mélange très réussi. Bref : coup de cœur confirmé !

Le petit cœur brisé, Moka. L’École des Loisirs, (2001) réédition 2016.

[2024] Petit bilan de février.

J’ai l’impression que ce mois de février est passé à vitesse grand V ! (la preuve, on est déjà presque fin mars avril – gloups).

Carnet de lectures :

On va commencer par les titres auxquels je ne pense pas consacrer de chronique plus longue !

Album culte, Louise Roullier (Mille Cent Quinze).

C’était la nouvelle Chronopages du mois et j’ai regretté d’avoir lu le résumé car celui-ci en a révélé beaucoup trop à mon goût ! L’histoire est celle d’Alex, un fan de rock progressif, qui disparaît subitement à la fin des années 70 alors qu’il est sur le point de devenir père. Quarante ans plus tard, sa fille cherche à en savoir plus sur cet absent.
La nouvelle part sur un principe très original et m’a donné envie d’écouter de la musique (peut-être pas des trucs aussi pointus que le perso principal ceci dit). Même si je connaissais déjà la grosse révélation, le récit s’est avéré très prenant. J’ai beaucoup aimé le choix narratif opéré : l’histoire est racontée (pour la majeure partie) par le meilleur ami d’Alex, dans un long monologue, adressé à la fille de celui-ci, qui mène l’enquête. Cela donne au récit un aspect immersif très réussi. Je lis assez peu de fantastique car je suis très frileuse, et là j’ai été embarquée de bout en bout. Et puis, même si le texte est court, l’autrice s’est attachée à donner une âme aux personnages, notamment au fameux Alex, que j’ai trouvé très touchant dans les flashbacks. Bref : excellente découverte !
J’avais déjà noté en wishlist un autre roman de l’autrice, Grain de sable, cette nouvelle me donne d’autant plus envie de la lire !

Toujours chez Chronopages, j’ai lu  un hors-série regroupant deux nouvelles d’Estelle Faye (Le fruit de leurs entrailles) et d’Arnauld Pontier (L’œuf), celle que j’ai lue en premier.

Dans L’œuf, l’histoire débute avec l’apparition d’un œuf géant, justement. Alors ? Erreur de l’univers, entité extraterrestre, divinité ? Le monde s’écharpe et tout part en cacahuète. Le récit complètement barré, mais j’ai bien accroché à l’univers, aux personnages et à l’intrigue ! Par contre, comme je le disais, c’est extrêmement loufoque, pour ne pas dire absurde, donc il faut accepter de se laisser embarquer.

Estelle Faye, de son côté, avait annoncé une nouvelle gore. Pour être gore, Le fruit de leurs entrailles est super gore ! Et bien mené ! On est dans un univers type fantasy médiévale, avec un système de magie basé sur la douleur (plus le mage souffre, plus sa magie a de puissance). Et le récit se déroule intégralement durant le siège d’une cité, à laquelle participe, justement, un magicien, dont on va suivre les sortilèges (âmes sensibles, s’abstenir). J’ai beaucoup aimé la façon dont Estelle Faye, sur ce point de départ, tisse des portraits de personnages assez complets malgré la brièveté du récit. Et la chute est parfaite !

Grigio e Gatto #1, Hojoy (Komikku).

Alors revoilà la PAL  boulot et ce manga que j’ai lu deux fois et qui, les deux fois, m’est tombé des mains.

L’histoire est celle de Gatto, assassin d’état pas très doué, dans une ville qui ressemble à la Venise du XVIe. Il y a aussi des anges de la mort et des divinités de la mort (c’est pas la même chose, attention !). Alors qu’il échoue encore dans l’assassinat qui lui a été commandité, Gatto assiste à la transformation de son co-équipier par une divinité de la mort.
Par où commencer ? Allez, le récit. Je l’ai trouvé extrêmement confus, pour ne pas dire imbittable. Les personnages, nombreux, se ressemblent et les scènes de combat (extrêmement nombreuses) sont illisibles (j’ai dû repasser dessus pour être sûre de bien saisir qui était qui et où). De plus, les histoires d’anges, de divinités, etc, ne sont franchement pas claires. A côté de ça, le manga oscille toujours entre glauque (multiples scènes d’assassinat très graphiques) et une sorte de fausse légèreté surjouée (le personnage central étant obsédé par les pâtisseries) : l’ambiance n’est pas crédible, et je n’y ai pas adhéré. Bref : je ne lirai pas la suite !

Confluence #2, Ce qui reste après les tempêtes, Sylvie Poulain (Bragelonne).

J’avais beaucoup aimé le premier tome de ce diptyque et j’ai été très lente à lire ce tome 2 par manque de temps uniquement, car il s’est lui aussi révélé très prenant ! L’ambiance change légèrement (plus de géopolitique, moins de grands fonds), mais  l’autrice en profite aussi pour approfondir les personnages comme l’univers, avant de conclure. Bref : c’était top ! Je suivrai la suite de sa production. (Idéalement je ferai une chronique plus longue).

Colossale #4, Rutile & Diane Truc (Jungle).

PAL boulot toujours et heureusement, les titres se suivent et ne se ressemblent pas. Vous imaginez bien que si j’en suis au tome 4, c’est que j’ai aimé les trois premiers (j’ai tellement aimé les trois premiers que j’ai terminé ma lecture de la série sur Webtoon cet été, je n’avais pas envie d’attendre pour la suite !). Je pensais d’ailleurs que l’édition papier se terminerait en 4 tomes, ce qui m’a laissé l’impression que ce tome-ci était nettement plus lent, un peu comme un tome de transition. Je ne vais pas résumer pour ne pas spoiler. Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé que le récit était plus centré sur les personnages secondaires que sur l’histoire de Jade, ce qui explique peut-être cet aspect plus lent : plus d’intrigues secondaires à traiter, et donc un peu de délai pour l’intrigue principale !

Tops / Flops :

Ma lecture la moins prenante du mois revient donc à Grigio e Gatto, qui ne me restera clairement pas en tête comme le manga de l’année (ni du siècle, du reste). Heureusement que je me suis rattrapée avec Ce qui reste après les tempêtes, que j’avais hâte de lire et qui m’a comblée !

La vie de ma PAL :

Comme tous les mois depuis novembre, j’ai reçu mon abonnement Chronopages et ho surprise, il y avait un hors-série dedans en plus du volume de nouvelles mensuel ! Ce qui m’a permis de m’apercevoir que je n’avais absolument pas ajouté à ma PAL les trois précédents… Oubli réparé. Et une fois n’est pas coutume, je les ai lus dans la foulée ! (Les deux du mois hein, pas les trois précédents).

Il faut aussi dire qu’une nouvelle boîte à livres a vu le jour dans mon village et qu’elle était fort bien achalandée à mon premier passage, avec notamment pas mal de SFFF ! Une rareté ! J’ai été raisonnable et je n’ai prélevé que le tome 3 de La Trilogie du magicien noir de Trudi Canavan (il y avait aussi le 1, mais pas le 2, dommage car cela m’aurait permis de compléter ma série !). Par ailleurs, le tome 2 des Carnets de l’Apothicaire a rejoint mes étagères : je suis très curieuse de découvrir cette série !

Citations :

« Je ne sais pas comment font les collègues, surtout les vétérans, pour répéter, huit heures durant, les mêmes gestes, les mêmes mots, les mêmes pensées, tous les jours, noyés dans une mer de boites d’alu. Moi, ça me suce l’âme. Travailler, c’est du temps perdu à ne pas écouter la musique. »
Album culte, Louise Roullier.

« Allô, Nathanaël ? Excuse-moi, j’ai raté ton appel, je… sors d’un rooftop. Est-ce que par hasard tu voulais me parler… de Jade ?
– Cette… Cette GOURGANDINE ! Te rends-tu compte de l’affront qu’elle a osé me faire ? Cette impudique jouvencelle ! Cette tentatrice polygame ! Cette drôlesse sans états d’âme !
– Haa là là, ça oui alors. Je ne vois vraiment pas ce qu’il pourrait t’arriver de pire.
– C’est…c’est fini. Snif. Je n’aimerais plus jamais. Mon cœur a été meurtri par la cruauté féminine. »
Colossale #4, Rutile & Diane Truc.

« A la condition d’une tenue étanche et de mille précautions pour éviter toute contamination, toute interférence avec le milieu naturel, il était possible de monter, quelques minutes, voir les reliefs découpés de l’île, la terre noire couverte d’une herbe grasse, et l’étendue immense de la mer de Weddell où le regard se perdait vers le sud. Sasha conta tout cela. Un moment, les habitants de Hope Station partagèrent le vertige qu’il y avait à contempler le vaste espace du ciel où la seule borne au regard était l’infini, l’éblouissement du soleil dont la tache s’imprimait sur la rétine si l’on essayait de le fixer, et la longue houle verte, couronnée de moutons blancs qui s’effilochaient vers le sud. »
Confluence #2, Ce qui reste après les tempêtes, Sylvie Poulain.

Cimqa, Auriane Velten.

Imaginez que le monde ait un jour le hoquet ; des créatures et des objets commencent à apparaître. Imaginez trouver un moyen de faire venir ces choses selon votre désir… jusqu’à susciter l’intérêt d’une équipe de scientifiques.
Imaginez travailler pour la plus grande industrie du divertissement, mélangeant cinéma et imagination. Imaginez recevoir l’opportunité de votre vie, mais continuer à être rongé par l’anxiété. Jusqu’à rêver qu’une petite fille vous offre son aide.
C’est dans ce(s) monde(s) chamboulé(s) par l’apparition de la cinquième dimension, celle de l’imagination, que les destins de Sara et Sarah s’écrivent. Mais comment empêcher que la magie ne devienne qu’une nouvelle source de pouvoir et de profit ?

D’Auriane Velten, j’avais beaucoup aimé le roman After®, donc je dois dire que j’étais très curieuse de lire son nouveau roman, Cimqa… que j’ai également adoré !

Et pourtant, j’ai trouvé le début assez complexe, car je n’arrivais pas à imaginer ce que vivaient les personnages lors du Repli : les événements qu’ils ressentent physiquement, oui, mais pas tellement ce qu’il se passait du point de vue de la physique – sans doute car je ne suis pas une grande scientifique ! Au final, j’ai fini par arrêter de me triturer le cerveau et traiter l’événement comme le faisaient les personnages : comme si c’était à une irruption de la magie qu’ils se retrouvaient confrontés. Et alors qu’on a l’habitude de voir cet élément plutôt dans des récits de fantasy, ici la magie est traitée de façon très rationnelle, scientifique, même, ce qui fait que le roman lorgne clairement côté science-fiction. Voilà un mélange des genres et codes assez inédit (en tout cas que je n’avais jamais rencontré) et qui a participé à me rendre cette lecture très prenante dès le départ.

L’aspect prenant tient aussi aux personnages. On suit alternativement une jeune fille, Sarah, qui vit seule avec sa mère au moment du Repli, se révèle très douée avec les capacités magiques qu’elle acquiert soudain et qui ne vont pas tarder à intéresser la communauté scientifique. On suit Sarah dans son appropriation de la magie, en compagnie de son amie Ada, dans leur pratique très expérimentale mais tellement enthousiasmante de la magie, mais aussi dans ses premiers émois à l’adolescence.
De l’autre côté, Sara, la cinquantaine, des années après le repli, et qui utilise ses formidables capacités magiques au service d’un nouvel art : celui de la cimqa – que je résumerai grossièrement par un audacieux mélange entre cinéma et spectacle vivant, qui met à l’honneur l’Imagination des créateurs. Sara vivote car il faut dire que les temps (sur une planète desséchée et en manque de ressources, légèrement dans notre futur, donc) ne sont pas à la fête pour les créatrices de son âge, ce qui génère chez elle un mal-être profond qu’elle a du mal à verbaliser (et que j’ai trouvé vraiment bien traité).

« Ça ne va pas du tout lâche alors Sara.
La façon dont tout cela fonctionne n’a aucun sens ; on a la possibilité de tout créer, tout montrer ; et on hésite, on soupèse, on compte les spectateurs, et les ro-livres ; on me dit que mes idées vont choquer, qu’on va perdre du public, qu’il faut parler à tous, offrir du divertissement, ne pas être trop clivant, ne pas être trop politique, ne pas être trop effrayant, ne pas être trop abstrait, ne pas être… ne pas être… Eva, je n’aime pas ce que je fais ! »

Les deux récits se répondent donc, d’une part parce que l’un se situe dans le passé de l’autre (du moins, on le suppose) et, d’autre part, parce que les deux personnages manient la même capacité, l’une l’explorant, l’autre la maîtrisant, chacune se posant des questions existentielles sur son art, la création, l’utilisation qui est faite de cette nouvelle capacité. D’ailleurs, les deux récits se répondent tellement bien que je me suis longuement demandé s’il s’agissait bien de deux personnages différents ou de la version enfant et adulte de la même femme, ce qui m’a bien tenue en haleine… Je ne révèlerai rien et vous laisserai le découvrir. Dès le départ, il m’a semblé évident que les deux récits étaient liés, mais la nature réelle du lien n’apparaît qu’en toute fin de récit, ce que j’ai grandement apprécié.
Au fil des épisodes de Sara et Sarah, on sent monter la tension car, forcément, tout cela ne peut que mal finir (ou, à tout le moins, ne pas continuer si bien). Et plus j’avançais dans ma lecture, plus je soupçonnais un retournement de situation, ce qui ne m’a pas empêchée d’être absolument ravie de la façon dont il avait été amené. Même en présumant de ce qui allait arriver, j’étais complètement emballée.

L’alternance des points de vue est des époques est un système certes classique, mais qui fait ici ses preuves : en effet, sans les passages consacrés à Sarah enfant, difficile de comprendre les difficultés rencontrées par Sara adulte. Celle-ci se pose beaucoup de questions sur la cimqa, son rapport au travail et le rapport de la société à l’art, la beauté et la création (une thématique déjà présente dans After®!). La cimqa, qui découle directement des possibilités offertes par l’ouverture de la cinquième dimension, de champ des possibles largement ouvert s’est réduite comme peau de chagrin, les créateurs étant tenus de respecter les prédictions des statisticiens quant à l’approbation du public, et donc de modeler leur art en fonction de ces attentes. Exit créativité, bonjour productivité : un sujet que j’ai trouvé parfaitement d’actualité.
J’ai beaucoup aimé les thèmes qui affleurent en filigrane. Le roman parle à fois de l’enfance, des rêves, et de ce qu’on en fait à l’âge adulte, de la façon dont parfois ils se prennent le parpaing de la réalité – ce que la mise en parallèle des deux récits ne fait que rendre plus dur et triste. Il y a également une forte dimension sociétale. Sara vit avec Eva et les deux femmes sont diamétralement opposées : si la première vit dans un monde fantasmagorique (certes heurtée par le réel), sans trop s’intéresser à la société, la seconde vit le plus éloignée possible de la cimqa qu’elle a en horreur, travaille à l’usine et est de toutes les luttes syndicales. Le couple fait écho au duo formé par Sarah et Ada, même si leurs préoccupations sont bien différentes. Alors que les deux adolescentes vivent dans leur univers (qu’elles appellent « le Pays ») et explorent les confins de l’imagination, les deux femmes se débattent dans une réalité qui semble bien grise et triste, où l’épuisement des ressources répond à celui de l’imagination, drainée par les attentes (théoriques) du public. Le récit a un côté que j’ai trouvé assez glaçant !

Excellente découverte, donc, que ce nouveau roman d’Auriane Velten, dont je vais surveiller les futures parutions. Ce récit à la légère anticipation, qui traite le merveilleux comme un fait scientifique, met en scène des personnages que j’ai trouvés forts et marquants. La structure de l’intrigue est classique mais sert parfaitement le récit, et notamment la constante dualité entre l’émerveillement d’un côté, et la mise à sac (et à sec !) de l’acte créatif de l’autre. Tout cela saupoudré d’intéressantes réflexions sur le rapport à l’art, la création et le travail, portées par des personnages forts et marquant, qui ne font que rendre le récit plus prenant.

Cimqa, Auriane Velten. Mnémos, octobre 2023, 304 p.

[2024] Petit bilan de janvier

Hein ?! Déjà un mois d’écoulé ?! Mais où le temps a-t-il filé ??

Pour cette année, j’aimerais reprendre les petits bilans « en temps et en heure », à savoir tous les mois, plutôt qu’un gros pavé tous les deux mois. On verra à l’usage si c’est soutenable.
Sans surprise, mon rythme de lecture a drastiquement chuté, mais je m’y attendais. Je dois même dire que suite au récent remaniement ministériel familial, je m’attendais à observer cette chute un peu plus tôt ! Je sais que la lecture reviendra, je serai patiente.
Enfin, ceci étant dit, il n’y a pas de quoi rougir non plus, puisque j’ai lu ce mois-ci 2 romans, 1 manga et 1 bande-dessinée (de plus de 200 p., la BD !) ce qui, ramené au prorata de l’année, fait toujours de moi une « grosse lectrice » selon les critères (puisqu’est considéré.e comme tel.le, en France, toute personne lisant plus de 20 livres par an !). C’est bon, l’honneur est sauf !
Ce point bibliothéconomique étant établi (oui, mon vrai métier me manque !), passons à la liste des souhaits : puisque j’ai du mal à alimenter ce blog aussi souvent que je le souhaiterais, peut-être vais-je faire évoluer la forme de mes petits bilans et profiter de ce rendez-vous pour glisser quelques mots de chacune de mes lectures du mois. Habituellement, je fais un petit blabla uniquement sur celles que je ne compte pas chroniquer, mais force est de constater que la grosse majorité du contingent « à chroniquer »… n’est toujours pas chroniqué ! Donc : affaire à suivre.

Allez, passons aux lectures du mois !

Carnet de lectures :

Cargo Paradis, Sandrine Bonini (Thierry Magnier).

L’histoire : suite à l’anéantissement de la Surface, on envoie des enfants dans des excavatrices forer la croûte terrestre pour trouver le nouvel éden souterrain qui accueillera l’humanité. L’équipage du Cargo Paradis a grandi et atteint l’adolescence et ses délices, un moment critique de leur relation. Moment auquel leur vaisseau et son IA de bord subissent une avarie grave…
J’ai parlé ici de ce roman de SF ado qui revisite avec brio les codes du post-apo et du planet-opéra (même si je viens de m’apercevoir qu’en 4e de couv’, l’éditeur parle de « fantasy » : j’ai beau chercher, c’est clairement de la SF, donc je ne comprends pas !). L’intrigue est originale, l’objet-livre aussi, je vous le recommande chaudement (quel que soit votre âge !). J’en ai parlé plus longuement ici !

Cimqa, Auriane Velten (Mnémos).

L’histoire : il y quelques années, la largeur s’est repliée et, depuis, certaines personnes ont développé un pouvoir permettant de faire apparaître ce qu’ils imaginent. Il en découle l’art de la Cimqa, un mélange entre cinéma et spectacle vivant. On suit Sara, une technicienne cimqa (elle est chargée de dessiner les contenus des spectacles qu’elle projettera ensuite à la force de son esprit), à l’aube de la cinquantaine, et qui s’interroge sur sa pratique de l’art.
Le récit alterne de façon assez classique l’histoire de Sara dans le présent et dans le passé, lorsqu’elle était enfant et que la cinquième dimension est apparue. C’est classique mais ici c’est parfait, car on saisit bien tous les enjeux. Le récit interroge nos rapports à l’art et au travail (et au travail passion) : c’est fin, c’est bien mené, et tout à fait passionnant. Le récit repose en plus sur un plot twist parfaitement mené (il m’a fallu un moment pour me dire « mais attends, il y a un détail qui me chiffonne… »). C’était une excellente lecture (que j’espère pouvoir chroniquer plus avant).

Nos mondes perdus, Marion Montaigne (Dargaud).

À la sortie de Jurassic Park, Marion Montaigne, 13 ans, prend une grosse claque dans la tronche et découvre simultanément son amour des fossiles et de la science, et la perspective de la fin du monde. Il en résulte une fascination pour lesdits fossiles, un amour du dessin anatomique et quelques angoisses existentielles qu’elle soigne grâce à la méthode scientifique (beaucoup de recherches très poussées) et l’humour.
J’ai lu avec passion cette somme sur les dinosaures (et j’ai envie de revoir Jurassic Park du coup) et, une fois de plus, beaucoup ri avec les textes de Marion Montaigne. Cette BD est nettement plus personnelle que les autres et parfois j’ai trouvé que le propos était un poil confus ! Donc je la conseillerais plutôt à des adultes qu’à des ados, qui pourraient se perdre dans les digressions (lesquelles font beaucoup appel à l’histoire des sciences et de la psychanalyse).

Shadow of the ring, Kaiji Nakagawa (Ki-Oon).

La cité de Keiju, montée sur rail, poursuit inlassablement l’ombre du Dieu-anneau qui entoure la planète. Grâce à sa maîtrise de la fabrication des hakukai, sorte d’armures exosquelettiques très puissantes, elle s’assure la possibilité de traverser les autres royaumes. Aushi, jeune curieux de l’empire voisin, parvient à entrer dans Keiju pour l’étudier. Malheureusement, un intrus en profite aussi et se met à semer le chaos…
L’univers du manga est assez original (j’ai pensé à La Marche du Levant de Leafar Izen, que j’espère lire cette année !) et j’ai aimé que l’originalité soit bien utilisée dans le récit, qui prend assez vite une intéressante tournure géopolitique. Le dessin est léché, mais je l’ai trouvé un peu froid. En tout cas, ce tome introductif remplit son office, en présentant l’univers et les perso, tout en instillant assez de suspense pour donner envie de lire la suite. J’en ai parlé plus longuement ici !

Tops/Flops

Un mois faste, puisque je n’ai peiné sur aucune lecture !

La palme revient sans aucun doute possible à Cimqa, d’Auriane Velten, qui s’est avéré être un excellent roman de SF. J’avais beaucoup aimé son précédent titre, c’est clairement pour moi une autrice à suivre !!

La vie de ma PAL.

J’avais envie d’ajouter cette entrée pour observer de plus près la-dite PAL qui se trouve en roue libre sous contrôle (enfin, ça, on jugera à la fin de l’année).

D’après Livraddict, ma PAL donc s’élève à 259 livres (mais je sais de source sûre qu’elle n’est pas à jour ni sur les ebooks, ni sur les livres audio !). (Voilà, ça commence déjà à truander les chiffres !).

J’ai donc sorti 4 livres de ma PAL au mois de janvier, et je n’enregistre qu’une seule entrée, à savoir De Silence et d’Ombre, d’Erin Beaty, que j’ai bien hâte de découvrir !
Ce qui nous fait donc un petit -3. Bravo moi ! (C’est pour tous les autres mois où j’ai fait l’autruche, ça !!).

Reste à voir si ce bon rythme va se maintenir, huhu.

Citations.

« Dans le guide de l’expo, Owen a en effet mis, en mode passif-agressif, une illustration du mégalosaure… Mais SANS bosse. […] Quand on y pense, c’est un peu comme si, dans un musée, l’audio-guide était en roue libre.
– Voici une reconstitution du visage de Robespierre. Alors moi, j’étais pas d’accord, j’avais dit qu’il avait le nez plus fin. Mais bien qu’anatomiste émérite, on ne m’écoute jamais, alors bon, je dis ça je dis rien. »
Nos mondes perdus, Marion Montaigne.

« Derrière eux, le feu redoublait.
Étant donné la quantité de liquide inflammable qui reposait là-dessous, il devait y avoir de quoi alimenter une explosion colossale. Et dire que c’était eux les responsables. Par Geb, quel était l’intérêt de lancer des missions scientifiques ultra-perfectionnées, si c’était soit pour rafler toutes les ressources, soit pour tout faire flamber par accident ? »
Cargo Paradis, Sandrine Bonini.

« Adélaïde perdait l’esprit et dans quelques instants, ils seraient sous le feu des mercenaires du Prométhium.
Derrière eux, cette paroi de karst bien lisse ferait un mur d’exécution parfait. Quel charmant tableau de fin, humus.
Et, tandis qu’Elijah se perdait dans ces considérations, l’impensable – tout au moins, selon le jeune garçon, qui était au fond un être de raison -, l’impensable donc, se produisit. »
Cargo Paradis, Sandrine Bonini.

« ça ne va pas du tout lâche alors Sara.
La façon dont tout cela fonctionne n’a aucun sens ; on a la possibilité de tout créer, tout montrer ; et on hésite, on soupèse, on compte les spectateurs, et les ro-livres ; on me dit que mes idées vont choquer, qu’on va perdre du public, qu’il faut parler à tous, offrir du divertissement, ne pas être trop clivant, ne pas être trop politique, ne pas être trop effrayant, ne pas être trop abstrait, ne pas être… ne pas être… Eva, je n’aime pas ce que je fais ! »
Cimqa, Auriane Velten.

Nos mondes perdus, Marion Montaigne.

À sa parution, j’avais lu avec un immense plaisir Dans la combi de Thomas Pesquet et découvert qu’il est tout à fait possible de pleurer de rire en lisant une bande-dessinée (ce que j’ai donc fait dans le métro, je vous laisse imaginer la scène).

Donc sans surprise, quand j’ai vu passer Nos mondes perdus, la curiosité était bien présente, et ce d’autant que je ne me lasse pas de Jurassic Park.
Et si j’ai beaucoup ri durant ma lecture, j’ai été un peu moins embarquée qu’avec la précédente. Mais revenons au commencement !

Nos Mondes perdus est à la fois une bande-dessinée sur les dinosaures, la paléontologie, l’histoire des sciences et, par extension, l’histoire de l’Histoire, et la vie de l’autrice-illustratrice ! Difficile, en effet, de décorréler le sujet de sa passion immodérée pour les fossiles, le dessin anatomique, les sciences et la vulgarisation. Mais aussi de ses angoisses existentielles car, après tout, si les dinosaures ont subi une extinction de masse, quid de notre espèce ?

Le récit mêle donc hardiment tous ces thèmes, des débuts de la passion de Marion Montaigne pour ces sujets à son travail plus précis pour cette bande-dessinée. Organisée en grands chapitres chronologiques, la bande-dessinée retrace à la fois l’histoire des dinosaures, mais aussi et surtout l’histoire de la paléontologie et des sciences, lesquelles sont éminemment liées à l’histoire de l’Histoire, tant les sciences peuvent toucher au politique ou au religieux. Imaginez donc : la théorie de l’évolution versus la Bible, l’extinction des dinosaures comme l’oblitération complète d’une espèce (car quoi ? La main divine ne les aimait plus ?), les différences méthodologiques entre scientifiques britanniques et américains (bon goût et précautions d’une part, course au Far West de l’autre), la place des femmes… Je dois dire qu’avant de lire cette bande-dessinée, j’avais une vague idée des liens entre ces deux disciplines, mais que je ne m’étais jamais clairement dit qu’elles étaient si intimement entremêlées !
Et tout cela est entrecoupés d’un pan de narration plus personnel, qui s’intéresse tant à la formation académique de l’autrice-illustratrice qu’à, j’en ai parlé un peu plus haut, ses angoisses existentielles, qu’elle soigne à grands coups de recherches et autres lectures scientifiques. Et si cela amène une respiration dans le récit, cela le rend aussi assez souvent confus, en raison des multiples dialogues imaginaires avec des psychanalystes qu’elle met en scène – cela implique par exemple de nombreuses interventions extradiégétiques de Sigmund Freud, qui m’ont parfois perdue dans le propos.

Dans le guide de l’expo, Owen a en effet mis, en mode passif-agressif, une illustration du mégalosaure… Mais SANS bosse. […] Quand on y pense, c’est un peu comme si, dans un musée, l’audio-guide était en roue libre.
– Voici une reconstitution du visage de Robespierre. Alors moi, j’étais pas d’accord, j’avais dit qu’il avait le nez plus fin. Mais bien qu’anatomiste émérite, on ne m’écoute jamais, alors bon, je dis ça je dis rien.

Ceci mis à part, la narration est menée avec beaucoup d’allant et multiplie les traits d’humour donc, à nouveau : j’ai bien ri. Et j’ai appris des trucs, ce qui est, à mes yeux, le combo parfait. Évidemment, sujet oblige, il y a de nombreuses références à la culture – notamment populaire – ce qui fait que des gens ayant grandi dans les années 90 auront sans doute toutes les références, les plus jeunes peut-être un peu moins. Enfin, je dis ça, mais j’ai découvert en lisant la BD que je n’étais pas à jour dans les Jurassic Park (et on m’a soufflé dans l’oreillette que je pouvais me dispenser de regarder les manquants), donc on s’en sort aussi très bien quand il manque des références.

En bref, voilà une très grosse bande-dessinée à conseiller à toutes celles et ceux que les sciences et l’histoire en général, les dinosaures en particulier intéressent. On y apprend une foule de choses et le contenu scientifique est parfaitement vulgarisé. J’ai toutefois trouvé que le volet personnel (indispensable néanmoins !!) rendait l’ensemble un peu confus, de même que certains gags. En somme, ce titre ne me restera pas en tête comme mon préféré dans la production de Marion Montaigne, mais j’ai tout de même passé un très bon moment en compagnie de tous ces vieux fossiles !

Nos mondes perdus, Marion Montaigne. Dargaud, novembre 2023, 208 p.

Fin de série #6 – Bilan 2023

En 2015, j’ai joint le Défi Fin de Série d’Acr0.
L’objectif ? Continuer et terminer ses séries en cours dans un délai respectable, avant d’en entamer de nouvelles.

Après un début de challenge très très détendu (et aucun suivi), le confinement a été l’occasion de me pencher sur mes statistiques (oui, à défaut de pouvoir se dégourdir les jambes, j’ai analysé ma bibliothèque). Cette année, ce sera donc le cinquième vrai bilan, qui reprend les avancées (ou plus certainement les reculs) du chantier en cours !
Sans surprise, je n’ai pas terminé toutes mes séries en cours cette année (pire : j’en ai même commencé de nouvelles) et l’an dernier, je bouclais l’année avec 87 séries entamées.
La vraie question, maintenant, est la suivante : clôturé-je, comme je le souhaitais l’année dernière, en-dessous des 100 séries en cours ? Rien n’est moins sûr !

Commençons donc par le plus satisfaisant : les séries terminées !

Séries terminées :


Le Protectorat de l’ombrelle, de Gail Carriger : une série qui a traîné-traîné-traîné (je l’ai entamée… en 2012), mais que j’aime tant qu’il m’était difficile de me résoudre à pousser jusqu’au cinquième et dernier tome. C’est du steampunk, c’est enlevé et marrant, je recommande chaudement !
Le Roi de paille, d’Isabelle Dethan. J’adore ce que fait cette autrice-illustratrice et cette série n’a pas fait exception ! Et, oui, je sais que c’est un diptyque, mais en 2021 je l’ai compté dans mes séries entamées en 2020, sans doute parce que j’étais dans le déni de son statut et espérais a minima une trilogie. Donc il compte ici en série terminée !
Quatre sœurs, intégrale, de Malika Ferdjoukh et Cati Baur : il s’agit de la très chouette adaptation en BD des quatre tomes de la série de romans éponyme. Alors ok c’est une intégrale en deux tomes… Mais en tout cela en fait 4 donc je la compte ici ! C’est doux, c’est drôle, c’est superbement dessiné, j’ai passé un très bon moment en compagnie des sœurs Verdelaine !

J’aimerais signaler ici les autres séries terminées et qui ne comptent pas dans le défi car il s’agit soit de diptyques (non pris en compte dans les règles d’Acr0), soit d’une série considérée comme terminée en 2019 (et la parution du recueil de nouvelles n’était alors par prévue).
Le Monde des Premiers, de Lucie Thomasson , une aventure originale et aux complots très prenants.
La Machine, de Katia Lanero Zamora, un récit de fantasy qui revisite la guerre civile espagnole sur fond de fresque familiale et que j’ai adoré ! (Et qu’il faudrait vraiment que je chronique ici).
La Faucheuse, de Neal Shusterman, que je ne compte pas car il s’agissait juste d’un recueil de nouvelle additionnelles.

C’est clairement moins que les années précédentes (mais j’ai aussi moins lu que d’habitude), donc je crains fort de n’avoir pas tenu ma résolution de l’an passé !

Séries continuées :

A-t-on progressé sur les séries en route ? Cela reste à voir !
L’an dernier, j’avais lu 21 tomes de 12 séries différentes, un nombre dont le résultat palindromesque avait tout pour me ravir. Cette année… eh bien cette année, c’est moins brillant, puisque l’on conclut avec 12 tomes de 11 séries différentes, à savoir :
Le Protectorat de l’ombrelle : tome 5
Quatre sœurs, tome 2
Capitale du Sud : tome 2
Le Roi de paille : tome 2
Arsène Lupin : tome 13
Mysteries of Thorn Manor : tome 1.5
New Normal : tome 2
La Faucheuse : tome 3.5
Tarot : tome 2
Colossale : tomes 2 et 3
Mercy Thompson : tome 10

Comme l’an dernier, j’ai lu, mais pas tellement chroniqué – et cette fois je ne peux même pas mettre ça sur le compte des graphiques !

Passons maintenant au point qui fâche : les séries entamées.

Si vous étiez là aux bilans précédents, vous savez comment ça se passe au niveau du décompte : d’un côté les séries je-suis-venue-j’ai-lu-on-ne-m’y-reprendra-plus et, de l’autre les je-continue-avec-plaisir !

Commençons donc par les premières, qui n’ont aucune chance de poursuite, et qui sont au nombre de 4 :

Arcana, de Serena Blasco : j’adore ce que fait cette autrice-illustratrice mais là, même si j’ai bavé devant les illustrations, le récit ne m’a pas tellement passionnée, peut-être parce que je ne m’y connais pas en tarot. Si je tombe sur la suite à la bibliothèque, je le lirai peut-être mais rien n’est moins sûr, aussi je retire cette série de mon décompte total.
Lightlark, d’Alex Aster : ça partait bien, vraiment très bien, et puis ça a terminé comme un gros flop, à coup de personnages creux, de péripéties complètements improbables et d’un style fadasse à souhait. Je m’arrête là !
L’Arche spatiale, de Peter F. Hamilton : mais qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de l’auteur du Commonwealth ?! Ce début de série est hyper poussif et semble s’adresser à un lectorat adolescent, sans parvenir à avoir le dynamisme et la profondeur d’autres récits de ce type. Bien dommage !
The Five Crowns, de A.K. Mulford : par où commencer ? C’est creux, fade, hyper caricatural et à la x-ième partie de jambes en l’air, je me suis prise à espérer qu’un des protagonistes fasse un infarctus. Vite. Conclusion : next.

Il est donc temps de passer à la douloureuse, j’ai nommé les séries véritablement entamées… et qui sont au nombre de 20 !

Si chronique il y a, un clic sur la couverture vous y emmène – dans tous les cas, l’avis est résumé en info-bulle.


Ceci étant dûment noté, je note d’ores et déjà 4 diptyques dans le tas, que je vais donc ôter du décompte final de ce pas. Il s’agit des séries suivantes : De Lune et de Sang d’Erin Beaty, La Joueuse de cithare de Joan He, Emblèmes d’Ina Siel et La Princesse sans visage d’Ariel Holzl. Elles seront évidemment citées pour la gloire lors du prochain bilan (enfin… si elles sont terminées d’ici là, bien sûr !).

Ce qui nous fait donc une clôture à 15 séries entamées en 2023 (puisque Quatre sœurs est maintenant terminée !), c’est-à-dire exactement autant qu’en 2022 !

Un peu de stats

L’an dernier, donc, je bouclais à 87 séries en cours.
Ôtons donc les 3 séries terminées (c’est royal) et ajoutons les 15 petites nouvelles et nous voici à… 99 séries en cours, soit à 1 point de ce que j’estimais être, l’an dernier à la même époque, la limite à ne pas dépasser ! Est-ce que cela semble mal embouché pour rester en deçà à l’horizon 2025 ? On dirait bien ! Mais il sera bien temps de s’en inquiéter plus tard ! (oui, je vis dans le déni.)
Bref ; affaire à suivre !

Et chez vous, comment avance le chantier séries ?

Shadow of the ring #1, Kaiji Nakagawa

Le royaume de Keiju ne ressemble à aucun autre… C’est une véritable cité montée sur rails, qui suit constamment l’ombre portée de l’anneau entourant la planète. Son circuit, identique depuis des générations, lui fait traverser de nombreux territoires. Pour cette raison, Keiju a développé une tradition de neutralité soutenue par une prouesse technique majeure : la création des hakukai, des armures surpuissantes qui améliorent les capacités physiques de ceux qui les portent. Aushi, fils de notable d’un pays ami, est fasciné par cette ville mouvante, habituellement fermée aux étrangers. Pourtant, grâce à ses relations et à son honnêteté désarmante, il parvient à se faire accepter à bord, où il se lie d’amitié avec Kamalu, l’intrépide petite sœur de la reine. Tout à sa joie de l’exploration d’un nouveau monde, il ne se doute pas qu’il arrive au moment où l’équilibre des alliances est sur le point de s’écrouler… Un assassin brise les défenses de Keiju, tuant sur son passage un membre de la famille royale et volant de précieux hakukai ! Quel est l’objectif de ce mystérieux agresseur ?!

Décidément, le royaume de Keiju ne ressemble à aucun autre. Lancé à la poursuite de l’ombre du Dieu-anneau, le royaume se déplace au gré de ses rails et d’une transhumance bien précise, qui l’emmène immuablement du nord au sud du royaume, et vice-versa. 

Bien qu’il s’agisse d’un tome éminemment introductif (à l’univers, aux personnages et aux enjeux), d’une part on ne ressent pas cet aspect et, d’autre part, il s’y passe quand même des choses.
En effet, le mangaka utilise l’astuce du narrateur étranger au lieu : Aushi, le personnage grâce auquel nous découvrons l’histoire, est en effet originaire du royaume voisin et demande à entrer dans Keiju pour étudier la cité. Une technique classique, mais qui a fait ses preuves et qui fonctionne à merveille ici, d’autant qu’Aushi a aussi des choses à apporter à Keiju, ce qui fait que l’auteur évite l’écueil de la visite touristique purement informative.
De plus, il lance rapidement les pistes du mystère, avec un arc narratif secondaire qui débute quasiment en même temps que l’arc principal. J’ai trouvé que l’effet d’attente se mettait assez vite en place, et il a entretenu ma curiosité. De plus, j’ai aimé que cela se fasse en parallèle de la découverte de la vie quotidienne et des personnages de la cité : aux aspects tranquille de la vie de tous les jours et de la découverte culturelle s’adjoint donc une trame nettement plus sombre, dont j’ai l’impression qu’on n’a fait que frôler les prémices.

Là-dessus, l’auteur déballe des enjeux politiques qui ont tout pour me plaire. Je l’ai dit plus haut, Keiju suit un axe immuable dans son parcours à la poursuite de l’anneau galactique. De ce fait, la cité traverse les territoires des royaumes voisins, ce qui est permis grâce à sa légendaire neutralité. Or les autres royaumes sont loin d’être neutres vis-à-vis les uns des autres et l’un d’entre eux a, justement, des velléités de conquête qui le chatouillent. Je ne veux pas divulgâcher de trop, mais cela entraîne immédiatement une intrigue politique qui démarre plutôt bien, d’autant qu’elle est pimentée, sur la fin, par un retournement de situation que je n’avais pas vu venir, et qui promet d’intéressants développements !

L’univers dans lequel on se situe colle aux univers de fantasy, avec toutefois un degré de technologie assez haut avec les hakukai – les pages d’illustration inter-chapitres leur sont d’ailleurs consacrées. J’attends la suite pour savoir de quel genre le récit relève exactement.
Les graphismes sont léchés et détaillés, les expressions des personnages étant particulièrement réussies. Enfin, le fait que cela commence avec un nu – féminin, évidemment – m’a fait froncer les sourcils. Ceci étant dit, il fallait bien cela pour préparer les scènes d’orgie chez l’empereur Kushihito, qui n’est pas le stratège le plus affûté de la région ! Entre ça et la violence latente (attendez-vous à quelques scènes de combat assez graphiques, sans toutefois verser dans le gore gratuit), la série s’adresse à un lectorat plus âgé que les préadolescents – comme la plupart des seinen, du reste.

Ce premier tome de Shadow of the ring inaugure donc la série avec brio : immersif, très efficace, il donne bien envie d’en savoir plus grâce à une narration qui sait lier vie quotidienne et enjeux politiques plus vastes. Les graphismes, très détaillés, concourent à rendre la lecture prenante !

Shadow of the ring #1, Kaiji Nakagawa. Traduit du japonais par Anne-Sophie Thevenon.
Ki-Oon (Seinen), août 2023, 208 p.