roman

La servante écarlate (2021)

The Handmaid’s Tale (1984)

Auteure : Margaret Atwood

Traductrice : Michèle Albaret Maatsch

Editeur : Robert Laffont

Collection : Pavillons Poche

Pages : 548

Après avoir regardé les cinq saisons disponibles de l’adaptation télévisée, j’avais le besoin de découvrir l’œuvre originale pour me faire une idée plus précise de l’univers créé par Margaret Atwood. Car si la première saison fut un (presque) coup de cœur, force est de constater que la qualité a pris une pente descendante dès la deuxième saison. Aussi n’ai-je pas été surprise de découvrir que le roman ne couvre que la première saison.

Le roman se fait la voix de Defred (Offred en anglais), qui incarne, par son statut de servante écarlate, la forme la plus forte de déshumanisation que la société de Gilead a mis en place pour pourvoir à un manque essentiel : la vie et, par extension, la survie de l’espèce humaine. Le mot « survie » s’applique d’ailleurs à l’ensemble de la population dont l’existence est rythmée par le dogme sur lequel repose la monothéocratie venue se substituer à la démocratie en place dans ce qui fut les Etats-Unis d’Amérique.

Glaçant de réalisme, le texte de Margaret Atwood s’appuie sur des faits ayant déjà eu lieu ou ayant encore valeur de normalité dans certains pays aujourd’hui. Le statut de la femme se limite à son appartenance à l’homme et sa valeur ne dépend que de sa capacité à se reproduire. Les privations et l’enfermement de toute une partie de la population crée un sentiment de claustrophobie développé dans des lois liberticides que Defred dépeint avec une précision terrifiante.

Si la société imaginée par cette auteure canadienne avait tout d’une dystopie au moment où elle fut écrite en 1985, sa projection de l’infertilité liée à des problématiques modernes (pollution, surconsommation, exploitation abusive des ressources de la planète…) donne aujourd’hui l’impression d’une réalité tangible. C’est d’autant plus terrifiant que le point de vue subjectif de l’héroïne ne nous rend sa réalité que plus concrète et nous confronte directement à ce qu’elle vit en nous plaçant à ses côtés plutôt que de faire de nous des spectateurs.

La servante écarlate est un roman puissant qui interroge sur la capacité de l’humain à s’autodétruire au travers d’une critique de la société de consommation et sur notre rapport à la Terre. Féministe, le texte soulève également de nombreuses questions sur le pouvoir de la religion et la place de la femme dans la société.

La servante écarlate, 1987.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Galaad, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, servante écarlate parmi d’autres à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de sa femme. Le soir, dans sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau clandestin, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Paru en 1985, La Servante écarlate est aujourd’hui un classique de la littérature anglo-saxonne et un étendard de la lutte pour les droits des femmes. Si la série adaptée de ce chef-d’œuvre a donné un visage à Defred, celui d’Elisabeth Moss, cette nouvelle traduction révèle toute sa modernité ainsi que la finesse et l’intelligence de Margaret Atwood. La Servante écarlate est un roman polysémique, empli de références littéraires et bibliques, drôle même… et c’est à nous, lecteurs, de découvrir ses multiples facettes.

Première lecture·roman jeunesse·Service Presse

Sauvage ! (2024)

Auteure : Coralie Crus

Illustratrice : Marine Rainjonneau

Editeur : Voce Verso

Collection : Ginko (3 feuilles)

Pages : 32

La famille de Marin vit en ville, dans ce que sa mère appelle « un vrai capharnaüm« . En même temps, ils vivent un peu à l’étroit dans leur appartement, entassés les uns sur les autres : papa, maman, les jumelles, Marin, le chat, le poisson rouge, et toutes les plantes vertes de maman… Malgré tout, ils sont tous très heureux de vivre dans cette jungle urbaine. Aussi quand papa se voit proposer une maison à la campagne, les enfants ne sautent pas forcément de joie. Et ils ne sont pas les seuls car bientôt, la machine à laver se met à déprimer et refuse de fonctionner…

Histoire originale, Sauvage ! livre un message écologique en proposant un retour à la nature et un ensauvagement de toute une famille, porté par le personnage très surprenant de la machine à laver. Car si Marin est le narrateur de leur aventure familiale, c’est bien la machine à laver qui en est le personnage centrale et qui, par son amour des plantes, va pousser les enfants, puis toute la famille, à sortir de la maison pour partir à la découverte de la nature environnante.

Le texte de Coralie Crus est drôle, le propos pertinent et le message tout à fait dans l’air du temps. Accessible aux jeunes lecteurs ayant déjà un niveau de lecture avancé, ce roman séduira par la tendresse que les enfants partagent avec leur machine à laver. Il permet par ailleurs d’aborder le déménagement et les changements à venir, au travers de la difficulté que cela peut engendrer. Les illustrations de Marine Rainjonneau viennent renforcer la tendresse du propos par une palette de couleurs douces et chaleureuses, tout en lui donnant forme.

Je remercie les éditions Voce Verso pour l’envoi de ce joli roman première lecture et leur confiance renouvelée.

Quand la famille de Marin déménage à la campagne, ses sœurs et lui ne sont pas d’accord. D’ailleurs, la machine à laver non plus : elle refuse de fonctionner et les parents décident de la mettre au rebut. Mais, miracle, celle-ci s’allume au contact de la nature ! De quoi intriguer les trois enfants, non ?

roman ado

Guerrière (2023)

Auteure : Cécile Alix

Editeur : Slalom

Pages : 256

Alors que Nekeli et son frère jumeau Soulaï s’occupent des chèvres, leur village est sauvagement attaqué par des mercenaires en guerre contre la politique de leur pays. Massacrant à coup de kalachnikov ou de machettes les habitants, réduisant en cendre les habitations, ils usent d’une force brute pour arracher les enfants à leur famille qu’ils sont souvent contraints de tuer eux-mêmes, avant d’être enlever pour rejoindre des camps dans lesquels les garçons seront formés pour devenir soldats et les filles seront réduites à l’état d’esclaves sexuelles.

J’ai abordé la lecture de Guerrière sans vraiment savoir à quoi m’attendre, la quatrième de couverture ne révélant finalement que bien peu sur le sujet abordé. On comprend très rapidement que la lecture ne sera pas facile car la récit est chargé de toute la violence à laquelle sont soumis ces enfants, parfois guère plus âgé de six ans, brutalisés, violés, drogués, formés à tuer pour une cause qui les dépassent.

Voilà, c’est comme ça que ça se passe, je ne peux pas raconter autrement. Il y a des hommes assez ignobles sur cette terre pour capturer des enfants, les obliger à tuer leurs parents, leur farcir la tête de mensonges, de violence et de terreur, les dresser pour la guerre et les transformer en démons. C’est inimaginable, impossible à supporter. Pourtant je le vis.

Au travers d’une écriture poétique et imagée, Cécile Alix aborde le sujet avec une certaine pudeur, sans pour autant épargner son lecteur qu’elle confronte à une réflexion sur la culpabilité des enfants-soldats. S’ils tuent de façon souvent ignoble et barbare, ils sont eux-mêmes victimes d’une situation à laquelle ils ne peuvent qu’obéir pour rester en vie…

Depuis le jour de notre naissance, il y a douze ans, j’ai grandi en Soulaï et il a grandi en moi. Nous nous aimions déjà dans le ventre de mama. Je lui ai donné mes yeux, il m’a donné sa bouche, je lui ai donné mon nez, il m’a donné son front, nous sommes les deux visages d’une même âme.

Violent et révoltant, le récit se nourrit cependant de la force de son héroïne qui trouve son origine dans le lien qui l’unit à son jumeau. Nekeli veille sur Soulaï et Soulaï protège Nekeli. Elle se voit ainsi épargner la situation des autres filles, envoyée à l’entrainement avec son frère qui, toujours, s’assure de tuer pour deux, permettant ainsi à Nekeli de rester elle-même et de garder espoir de pouvoir s’enfuir. Cet espoir apparaît dans des fenêtres que le texte met à notre disposition comme pour nous permettre de reprendre pied avec notre réalité, de reprendre notre souffle après des scènes d’une violence crue, insoutenable.

Le rire de Soulaï éclate. Éblouissant. Une rafale de soleils sortie de sa gorge pour m’aveugler, me ravir et m’étourdir.

Guerrière est un roman difficile mais essentiel. L’histoire aborde un sujet terrible qui mérite d’être d’avantage médiatisé pour sauver ces enfants des horreurs auxquelles ils sont confrontés.

L’UNICEF mène des actions pour venir en aide à ces enfants-soldats, ils expliquent la situation et leurs actions sur leur SITE.

D’autres avis : Héloïse et Lucie.

***

Je m’appelle Nekeli. Ecoute bien ce que je dis. Parce que je ne sais pas si j’aurai la force de te le raconter une seconde fois.

Un village loin de tout,
le bonheur et l’insouciance de Soulaï et Nekeli
– deux visages d’une même âne.

Une communauté anéantie,
la terreur et le désespoir des jumeaux
– forcés, brisés, séparés.

Un cœur dévasté, une enfance abîmée, une rage décuplée.
Puissante et déterminée, une guerrière est née.

album·Beaux Livres·Docu

Louvre Olympique (2024)

Auteur : Daniel Soulié

Illustratrice : Marjolaine Leray

Editeurs : Musée du Louvre Editions & Editions Courtes et Longues

Pages : 64

Présenté comme un parcours fléché, Louvre Olympique est bien plus qu’un simple documentaire sur la représentation des jeux antiques dans l’art. C’est aussi un parcours fléché et un véritable guide de visite pour une balade dans le musée du Louvre, à la découverte des œuvres du passé qui mettent le sport à l’honneur. Il sera un compagnon idéal pour accompagner les lecteurs dans leur découverte de ces amphores, coupes et autres sculptures ou statuettes qui valorisent les jeux dans leur représentations symboliques et historiques.

Proposition intéressante et pertinente que de nous présenter les jeux en revenant aux origines et nous faire comprendre le but de cet événement, ses bienfaits sur le corps et l’esprit dans ce que cela représente aux yeux des grecques de l’époque, les lieux, les disciplines, les récompenses mais aussi la place des femmes, la trêve politique… Le tout à grand renfort de représentations mythologiques et artistiques, et d’explications lexicales.

C’est clairement un documentaire original et pertinent qui s’adresse à toute la famille, car si les enfants s’amuseront du parcours fléchés, c’est bien en famille que l’on apprendra plein de choses qui viendront enrichir notre culture des Jeux Olympiques et Antiques.

Explorez les origines des Jeux olympiques avec Louvre olympique, une fascination inédite entre sport et art. Découvrez les trésors historiques conservés au cœur du musée du Louvre et plongez dans une aventure palpitante où compétition et excellence se côtoient. Ne manquez pas cette occasion unique de vivre les émotions des Jeux olympiques comme jamais auparavant.

album·BD/manga

Choupisson, tome 1. La vie en ver (2024)

Auteur/Illustrateur : David Périmony

Editeur : La Gouttière

Pages : 40

Alors qu’il sort d’hibernation, un choupisson part en quête de nourriture pour calmer son appétit. Une première rencontre lui dit qu’il devrait chercher un ver de terre, mais quand il en trouve un, ce dernier est prêt à tout pour assurer sa survie et propose au petit hérisson de l’aider dans sa quête d’un déjeuner.

La vie en ver est le premier volume d’une série de BD pour les jeunes lecteurs aussi mignonne que drôle. Si le comportement du ver de terre n’est pas toujours très avenant, l’histoire n’est reste pas moins bourrée d’humour et de jeux de mots bien tournés. Et si la naïveté du choupisson permet au ver de se tirer d’affaire, on ne peut que rire quand la situation prend un tournant qu’il n’avait pas vu venir et qui en fait le dindon de la farce.

Choupisson est une série qui séduit par la tendresse de son petit héros et par la beauté de ses illustrations lumineuses aux couleurs pastelles. David Périmony, auteur de Billy Symphony, revient en force avec cet album poétique. Après Sous les arbres, les éditions La Gouttière étendent leur collection avec une nouvelle série , idéale pour initier les petits lecteurs à ce format de lecture.

Je remercie Babelio et les éditions La Gouttière pour l’envoi de cette adorable BD dans le cadre de Masse Critique.

Bienvenue au potager ! Paillasson le choupisson a faim, mais ne sait pas quoi manger. Sur les conseils d’un drôle d’escargot. Il part en quête d’un « vert de terre ». Hum, Hum… Qu’est-ce que ça peut bien être ?

roman ado

De délicieux enfants (2024)

Auteure : Flore Vesco

Editeur : l’école des loisirs

Collection : Medium +

Pages : 224

Depuis L’Estrange Malaventure de Mirella, Flore Vesco se plait à réinventer les contes classiques pour dénoncer les travers de la société en plaçant les femmes au cœur de récits féministes, portés par des héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux. De délicieux enfants nous entraîne en plein cœur d’une forêt sombre, peuplée de loups et de créatures mystérieuses.

Dans une maison pleine de rires et de vie, les écuelles restent aussi vides que le sont les estomacs. Sept enfants composent cette famille, les six premiers, venus par paires, sont forts et vigoureux, le septième est plus petit et discret mais aussi plus curieux. L’amour qui unit tous les membres de la famille les aide à supporter les privations et le goût de la soupe qui n’a bientôt plus que celui de l’eau. Mais quand sept autres enfants affamés viennent frapper à leur porte, l’équilibre se rompt…

Dans cette réécriture du Petit Poucet, l’auteure s’amuse à glisser des références à Hansel et Gretel encore au Petit Chaperon Rouge au travers d’un vocabulaire toujours aussi riche et imagé. Elle développe également tout un vocabulaire de la faim, dont le champ lexical vient se mêler étroitement à celui du désir et de l’éveil à la sensualité, le manque réveillant d’autres pulsions et envies. Ainsi la chair et le sang deviennent source de jeux de mots et de phrases à double sens qui viennent étoffer un message féministe dans lequel les ogrionnes se libèrent de l’enfermement familiale pour assouvir leurs désirs de chair auprès des hommes qui se présentent sur leur chemin.

Le sang est celui de la viande qui gicle et celui des jeunes filles qui deviennent femmes. A l’image de la couverture, la couleur rouge est omniprésente dans le texte ; c’est la couleur du désir et des passions. Sa présence dans la chaumière vient créer un sentiment de malaise que j’ai parfois eu du mal à gérer, notamment dans la notion de sang qui gicle de la chair que l’on découpe ou que l’on mord. Sentiment renforcé par le fait que l’auteure s’amuse à perdre son lecteur dans le déroulé des événements créant des situations que j’ai trouvé parfois dérangeantes.

Flore Vesco parvient une fois de plus à surprendre dans un texte qui emprunte aux contes classiques tout en déconstruisant les codes patriarcaux, pour offrir un regard plus moderne et féministe tout en dénonçant les stéréotypes et les préjugés de la société. Pourtant, le malaise ressentie au fil de l’histoire m’a privé d’un réel plaisir de lecture et m’a empêché de pleinement apprécié ce roman qui ne manque pas de mordant.

Autre avis : Héloïse et Lucie

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IL NE FAUT PAS MANGER POUR VIVRE, MAIS VIVRE POUR MANGER LE MONDE ! Depuis des jours, les écuelles sont vides, tout comme les estomacs. Dans leur maison au fond des bois, le père et la mère désespèrent de nourrir leur chère progéniture. Sept bouches voraces. Sept enfants espiègles qui ont déjà bien grandi. Sauf Tipou. Difficile de trouver sa place, quand on en prend si peu…Du haut de ses treize ans, Tipou rêve d’aventure.
Cela tombe bien : la forêt noire et profonde cache d’inquiétants mystères. Qui sème ces feuilles et baies sanglantes ? Pour le découvrir il vous suffit, à vos risques et périls, de suivre les traces…

album

Quand on est au milieu (2024)

Bunny in the Middle (2019)

Auteure : Anika A. Denise

Illustrateur : Christopher Denise

Editeur : Kaléidoscope

Pages : 40

La place du milieu n’est pas toujours la plus enviable dans une fratrie. Jamais le plus grand mais néanmoins pas assez petit, il n’est pas toujours facile de ne pas avoir les mêmes privilèges que l’aîné sans pour autant bénéficier de la même souplesse ou liberté accordée au petit dernier.

Mais être au milieu c’est aussi avoir toujours un compagnon de jeu, être ou avoir un modèle à suivre, avoir des responsabilités mais pouvoir aussi s’appuyer sur quelqu’un. Et dans tous les cas, la place du milieu a de ça en commun avec celle de l’aîné ou du benjamin que l’on fait parti d’un même tout, d’une même famille, auprès de qui il y aura toujours des moments de complicité, d’aventures partagées, de besoin de solitude, et surtout, toujours beaucoup de chaleur et d’amour à partager.

Quand on est au milieu est un très bel album pour aborder la question de la place du milieu dans la fratrie. La simplicité du texte d’Anika A. Denise résonne avec la richesse des illustrations de Christophe Denise aux couleurs lumineuses et au charme désuet. La complicité des enfants prend forme dans tous ces instants de la vie de famille qui unissent ces adorables petits lapins aux traits réalistes. L’ensemble forme un album plein de tendresse dont le style graphique n’est pas sans rappeler celui de Beatrix Potter.

Autres avis : Héloïse et Tachan.

À tous les frères et sœurs, les grands, les petits… et surtout celles et ceux qui sont juste entre les deux !

roman ado

My Lady Jane (2023)

The Lady Janies, book 1. My Lady Jane (2016)

Auteures : Cynthia Hand, Brodi Ashton & Jodi Meadows

Traductrice : Sarah Dali

Editeur : Rageot

Pages : 592

Alors que le Roi Edouard II se meurt, son fidèle conseiller, Lord Dudley, l’enjoint à désigner Lady Jane Grey pour lui succéder sur le trône d’Angleterre. Il propose une union avec son fils cadet, Guildford Dudley, afin d’asseoir la souveraineté de la cousine du roi par la naissance d’héritiers mâles, et celle des Edians par la transmission génétique. Mais l’Histoire ne saurait être complètement réécrite et Lady Mary entend bien prendre la place qui lui revient de droit à la mort de son frère…

Je ne sais pas si j’aurais lu ce titre si sa quatrième de couverture ne m’avait pas tant surprise au préalable et sans les nombreux avis élogieux des bookstagrameur.ses et autres babelionautes. Il faut dire que cette uchronie a de quoi surprendre avec ses thérianthropes qui prennent ici le nom d’Edians. Ainsi, les guerres de successions entre les enfants d’Henry VIII prennent un tournant fantastique, l’opposition religieuse étant remplacée par une opposition entre Edians et Authentiques, les premiers ayant pu sortir de l’anonymat après qu’Henry VIII se soit transformé en lion lors d’une colère monstrueuse.

Si l’on retrouve la chronologie et les étapes majeurs de l’Histoire d’Angleterre, tout le reste est pure fiction bien que ses auteures s’amusent à nous faire croire le contraire dans un jeu de dupes des plus pertinents. L’avantage de ce remaniement historique pour ses principaux acteurs, est que leur sort n’en est que plus positif, la mort prenant plus souvent la forme d’une fuite.

Ecrit à six mains, My Lady Jane est un roman fantastique bourré d’humour qui trouve son paroxysme dans des dialogues savoureux aux intonations so british et des quiproquos nés de l’ambiguïté de situations toutes plus cocasses les unes que les autres. J’ai par ailleurs particulièrement apprécié les personnages et notamment leur fonctionnement en binôme qui soulève toujours plus de dérision et permet des rapprochements romantiques attendus, bien que non essentiels au plaisir de lecture.

Voilà un roman qui devrait trouver son public chez les adolescent.es et jeunes adultes, surtout si l’on tient compte de son adaptation en série TV et sa diffusion prochaine sur Prime Video. Je serai, pour ma part, au rendez-vous le 27 juin !

Autre avis : Héloïse.

My Lady Jane de Cynthia Hand, Brodi Ashton & Jodi Meadows, HarperTeen, 2016.

Edward est le roi d’Angleterre. Accessoirement, il est aussi mourant. 
Jane, sa cousine, est sur le point de se marier et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne lui fait pas plaisir. 
Gifford est son futur époux. Il est également un cheval, la moitié du temps. Il fait partie des Edians, ces individus capables de se transformer en animaux. 
Pris au piège d’un complot qui les dépasse, ils vont devoir s’allier pour sauver l’Angleterre – et leur tête. 

roman graphique

Lebensborn (2024)

Auteure/Illustratrice : Isabelle Maroger

Editeur : Bayard

Collection : Graphic’

Pages : 224

Blonds aux yeux bleus c’est que ça devient RARE COMME RACE !!!

Il aura fallu cette réflexion d’une vieille femme sur son fils, pour qu’Isabelle Maroger se lance dans l’écriture de ce roman graphique qui retrace l’histoire de sa famille, l’histoire de sa mère. Une façon de dénoncer le racisme banalisé et le concept de race avec ce que cela implique de conséquences.

Fière de ses origines norvégiennes, l’auteure a grandi dans une famille soudée et unie qui revendiquait fièrement leurs ascendances nordiques. Si les enfants savaient que leur mère avait été adopté très jeune, ils étaient loin de s’imaginer le lourd héritage que sa naissance cachait. Née en 1944 dans un lebensborn, elle fait partie de ces milliers d’enfants issus d’un programme de repeuplement mis au point par les nazis.

Alors que le dépeuplement se fait dans les camps de concentration par la mise à mort de milliers de juifs, le chef suprême des SS, Heinrich Himmler, met en place un programme de promotion des naissances visant à repeupler le pays de petits aryens. Pour ce faire, des maternités spéciales ouvrent en nombre dans les pays d’Europe et notamment en Norvège où les soldats allemands sont vivement encouragés à se reproduire avec des jeunes femmes blondes aux yeux clairs. La politique nazie est en route et n’est plus à une horreur prêt…

Entre quête d’identité et devoir de mémoire, Lebensborn met en lumière une pratique méconnue mais pourtant lourde de conséquences de contrôle des naissances par un régime dictatorial prêt à tout au nom d’une idéologie discutable. Le témoignage est par ailleurs très touchant du fait d’une imprégnation familiale forte et d’un retour aux sources fort de rencontres qui ressemblent à des retrouvailles.

***

Il y avait deux programmes nazis secrets : le premier avait pour but d’exterminer les juifs dans des camps, le second de faire naître des aryens dans des maternités.

album·Docu·Prix littéraire

Balade en Fromagie (2023)

Auteur.es : Bernard Friot & Aurore Paillusson

Illustrateurices : Thomas Baas & Charlotte Fréreau

Editeur : Milan jeunesse

Pages : 104

Sélection Prix Sorcières 2024 – Carrément Sorcières Non-Fiction

Voilà un album que j’attendais avec impatience, un album qui raconte le fromage à travers les âges et les départements. Car oui, le fromage fait partie intégrante du patrimoine gastronomique français et même si certains Sont produits au-delà de nos frontières, ils n’en reste pas moins que la plupart trouve ses origines sur nos terroirs.

Balade en Fromagie est né de la coopération entre l’écrivain et poète Bernard Friot et la crémière et fromagère Aurore Paillusson, propriétaire de la fromagerie Le Trou de Souris à Besançon. Album documentaire original, il invite à l’exploration du monde du fromage entre informations, activités ludiques, recettes de cuisine et poésies, le tout servi sur un plateau d’humour frais et divertissant.

Découpé en 7 parties, ce documentaire propose une véritable immersion dans l’Histoire du Fromage en passant par les secrets de sa fabrication, son impact sur notre santé et, sur l’économie et l’écologie de notre pays. Riche en informations, le texte reste accessible aux lecteurs dès 6/7 ans car toujours délivré avec humour et un aspect ludique qui montre toute la passion de ses auteurs pour le fromage… et les bons mots !

La collaboration se retrouve dans les illustrations, ponctuées de photos piochées dans des banques d’images. Thomas Baas réalise de très belles illustrations qui viennent dynamiser le texte dans des « affiches » colorées, le rendre plus fluide aussi. On y retrouve des références publicitaires ou culturelles dessinées avec une pointe d’humour toujours appréciable. De son côté, Charlotte Fréreau vient animer les textes de pictogrammes rigolos, mais propose également des diagrammes et des planches de BD amusantes pour mettre en scène des interviews.

Balade en Fromagie est un album gourmand et généreux à déguster en famille !

Un livre sur le fromage éclectique et généreux, où alternent informations documentaires très sérieuses, mots d’humour, petites activités ludiques, recettes de cuisine, poésies, devinettes, interviews sous forme de BD… Pour un public d’amateurs de 7 à 77 ans et plus large encore…