CINEMA: « FRANKIE » :  un puzzle sentimental !

Ira Sachs réalise un film de virtuose autour des adieux à sa famille d’une star vaincue par la maladie.
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Drôle de film que ce « Frankie » avec son rôle-titre endossé par Isabelle Huppert. Ira Sachs l’a écrit pour elle.
Une Isabelle Huppert qui interprète… une actrice au bout de sa vie …au cinéma !  Diva jusqu’au bout de ses talons aiguille et de ses lunettes noires, elle apparait sur un nuage dès une  première scène au bord de la piscine d’un hôtel de luxe.
Se sachant condamnée, elle réunit ses proches pour un ultime  séjour de vacances, en forme d’adieux, à Sintra, un village portugais au décor de carte postale. Ira Sachs, figure majeure du cinéma indépendant new-yorkais, a construit ce puzzle sentimental où Frankie joue avec son mari (Brendan Gleeson), leurs enfants (Jérémie Reinier et Sennia Nanua) et leurs amis (Marisa Tomei, Pascal Greggory, Greg Kinnear…)
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Frankie explore tous les recoins de sa vie autour d’improbables personnages tentant de régler leurs problèmes. Frankie tente de mettre tout sous contrôle, de racommoder les liens et de tirer les ficelles dans l’antichambre de sa mort.
Un rendez- vous familial crépusculaire, teinté de nostalgie où Ira Sachs relate par petites touches comment chacun vit ce séjour, à partir de ses affinités particulières; il privilégie les relations en petit comité à celles en groupe. Frankie passe de l’un à l’autre, s’attardant avec son fils. Mais Il faudra attendre les derniers plans du film pour les voir, le dernier soir, tous réunis autour d’elle, lors d’un pèlerinage, au soleil couchant au sommet d’une falaise auquel elle les a conviés.
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                Affres affectives
Les sous-intrigues et nombreux points de vue sont autant de méandres d’un  film aux accents tchékhoviens. Avec une Isabelle Huppert tragédienne et bouleversante en mère, épouse ou amie, en fin de vie. Mais star toujours
 quand elle répond à la petite fille de son mari qui la met en garde, au début du film contre d’éventuels paparazzi : « Ce n’est pas grave, je suis photogénique » ! 
Avec « Frankie », on est autant au théâtre des affres affectives qu’au cinéma de Bergman.
Son décor aux demi-teintes, souvent en sur-exposition, alterne au gré des plans, de sublimes paysages tels les saisons d’une vie.
QOL