Les guides, suivis de leurs groupes de touristes, se succèdent dans la galerie Vivienne. Tous y vont de leur anecdote, de leur haut savoir historique concernant les lieux. Moi, depuis ma boutique, j’entends pas mal de « faussetés »… Ce n’est point très grave car les touristes ne se laissent pas ensuquer par ces discours. Ils sont tellement charmés par les lieux.
Tiens donc, et pourquoi ? se demande madame la marchande de jouets de la galerie Vivienne. Et si elle posait la question à l’intéressée ? Et voilà qu’elle s’y colle !
Interview de la galerie Vivienne
C’est quoi ton nom ?
Vivienne
Galerie et non passage, pourquoi ?
Je ne suis pas née (date de naissance : 1823) pour juste servir de raccourci pour passer d’une rue à une autre. Moi je suis une galerie chic qui a été éduquée pour bien accueillir le flâneur.
Chez toi on ne rencontre donc pas de Parisiens pressés ?
Bien sûr qu’on en rencontre ! Mais je vois très souvent les gens changer d’allure quand ils entrent dans mon « chez moi ». Tu en as qui marchent comme des gamins sur les entrelacs de mon sol de mosaïques, d’autres, conquis par l’ambiance d’antan mêlée à la VIE-vivante de mes « échoppes chics », se mettent carrément à traîner !
J’ai l’impression que tu as toujours mot « chic » à la bouche ! Tu as toujours été une galerie qui recevait du beau monde ?
Euh pas toujours… J’ai assisté à pas de magouilles quand Vidocq, mi-policier, mi-voleur, habitait au 13. Bouh il me faisait flipper quand il passait dans mon passage secret qui relie la galerie au Palais Royal (oui il existe toujours !). Mais je préfère oublier ça pour me souvenir de Colette qui venait bouquiner, acheter des livres dans ma librairie.
Aujourd’hui c’est au tour de Johnny Depp, de Robert De Niro, de Madonna de faire leur shopping… j’avoue ne plus compter les célébrités…
Ouh, tu es « rien qu’un peu » vantarde !
Moi ? Non, à peine ! Je te dis juste ce que je vois et ce que j’entends. On dit que je suis un lieu insolite dans Paris. Vivante sans être bruyante. Belle sans être glacée. Avec une vraie « french touch » et une ambiance village en plein centre de LE-GRAND-PARIS. Du pas banal quoi… qui plaît au beau monde !
Tu as une vraie différence, quelque chose dont tu es particulièrement fière ?
Oui, ma famille de magasineurs, restaurateurs et galéristes ! Tous m’aiment à la folie, me protègent. Ca se sent ! Je fais même une envieuse, ma pauvre endormie de voisine, la galerie Colbert !
Quel est ton point fort ?
Je suis placée si près du Louvre et des jardins du Palais Royal qu’on peut faire tout un trajet à pied sans rencontrer de voitures ou presque. Une situation qui permet une belle balade. On peut aussi poursuivre par une visite des passages parisiens. Tous sont très proches de chez moi.
Bon je suis sûre qu’un portrait à la façon de Marcel Proust, pour clore l’interview, ça va te plaire ?
C’est parti !
Ton trait de caractère préféré ?
Ma douceur.
Ce que tu apprécies le plus chez tes amis visiteurs ?
Leur calme.
Ton rêve de bonheur ?
Rester toujours la même.
Tes amis favoris ?
Les VRAIS, qui m’ont permis de rester la Vivienne quand j’étais dans les années 70 en grosse déprime : Doisneau et ses photos, la surréaliste et folle Huguette Spengler, Kenzo (qui a laissé une fresque secrète quelque part, chut c’est intime… ).
Quel est ton état esprit actuel ?
Je suis amusée par mon succès.
Quelle est ta devise ?
Qui m’aime me suive !
Alors voilà que la marchande de jouets, elle se dit qu’en effet la Vivienne faut l’aimer, un peu, beaucoup, à la folie et ENCORE PLUS !
J’ai adoré lire votre article madame la marchande.
Comment elle se la pète Dame Vivienne quand elle nous parle de ses illustres visiteurs !
Et elle a de quoi en effet.
Avec ou sans ses visiteurs ce lieu est magnifique!
merci j’aime l’appellation Dame Vivienne, désormais je l’adopte!
Avec plaisir !
Pour moi c’est la plus belle! Bon, il y a aussi la galerie Véro-Dodat que j’aime beaucoup.