Subvention à la Mosquée Eyyub Sultan : une polémique sur une toile de faits

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, s’est expliquée en conférence de presse au sujet de la -très discutée- subvention accordée à la nouvelle mosquée pour sa construction. Retour sur ce projet et explications.

Conférence de presse à la Place de l'Etoile au sujet de la subvention accordée au projet de la nouvelle mosquée. Foto: Marine Dumény / CC-BY-SA 4.0int

(Marine Dumény) – Afin de mieux saisir la naissance de cette polémique, il faut rappeler l’existence du Concordat de l’historique Alsace-Moselle. Petit point de droit.

Le Concordat, dont la validité est entérinée en 2013 par le Conseil Constitutionnel, concerne 4 cultes : catholique, protestant (luthérien et réformé) et culte israélite. En 1989, le Conseil municipal de Strasbourg vote des modalités de financement de ces cultes concordataires. Dix ans plus tard, par souci d’égalité, ces modalités sont étendues au culte musulman. À savoir, entre autres, un financement de maximum 10% du coût total des chantiers.

Un projet déjà ancien – Les bases énoncées, passons aux pierres. La première de cette construction est posée en octobre 2017, en présence de Roland Ries (PS), alors maire de Strasbourg, de représentants du département et de la région et de l’ancienne maire Fabienne Keller (UDF puis UMP). Si au moment de l’obtention du permis de construire, en 2015, le montant mentionné par l’association CIMG (affiliée au mouvement Millî Görüş) s’élève à 17 millions d’euros, il double presque deux ans plus tard pour atteindre 32 millions. En cause, l’emploi d’entreprise alsaciennes plutôt que turques, pour la réalisation du chantier. La possibilité d’une demande de subvention, sur la base des 10% sus-expliqués, est alors évoquée par l’adjoint au maire en charge des relations aux cultes en place, Olivier Bitz. Elle ne sera pas demandée.

Une subvention en cours de travaux – C’est ici que la polémique prend racine. La subvention, auparavant non sollicitée, l’est aujourd’hui. Les raisons ? Le coût des travaux. 32 millions, dont 25,6 millions pour la mosquée en elle-même. Mais surtout le retrait du financement du gouvernement turque. Cet arrêt de l’approvisionnement financier marque une pause dans les travaux, entre 2017 et fin 2020. Après avoir sollicité le Qatar et le Koweït, Millî Görüş entre en relation avec les collectivités locales. En plus des 2,56 millions en discussion avec la Ville de Strasbourg, la Région Grand-Est et le département devraient contribuer pour atteindre 6 millions au total.

tweet darmanin

Polémique et politique – Alors, quand Gérald Darmanin twitte, Jeanne Barseghian répond. « Avant le tweet publié ce matin par le Ministre de l’Intérieur, l’Etat n’avait formulé jusqu’ici aucune contre-indication sur ce projet, ni aucune alerte sur ses porteurs. Si le Ministre questionne aujourd’hui le financement de ce lieu de culte en particulier, il doit prendre ses responsabilités et nous transmettre tous les éléments en sa possession », pose la maire EELV.

La question de l’absence de Millî Görüş pour la ratification de la charte des principes de l’islam en France a été traitée « directement avec les intéressés et si le CFCM (ndlr: Conseil Français du Culte Musulman) n’existe plus aujourd’hui, ils sont prêts à trouver un accord », mentionne Jean Werlen, conseiller municipal délégué aux relations avec les cultes.

L’idée, dans cette polémique, selon laquelle Jeanne Barseghian ferait preuve d’une largesse politique à l’égard de Millî Görüş revêt un caractère ironique. En effet, Sarkis Barseghian, l’arrière-arrière-grand-père de l’actuelle maire de Strasbourg, est tristement connu des amphithéâtres de facs d’Histoire pour être une des premières victimes du génocide arménien.

Depuis 2015, les autorités avaient amplement le temps de contester ce projet et/ou ses porteurs. Ce sujet, aurait-il fait autant de vagues si nous n’étions pas en pleine discussion sur le communautarisme, avec la loi sur le séparatisme ?

1 Kommentar zu Subvention à la Mosquée Eyyub Sultan : une polémique sur une toile de faits

  1. Barbara Pompili, la ministre de la Transition ecologique, s est demarquee des positions du reste du gouvernement et d une partie de la majorite sur la question du « menu sans viande » impose dans les cantines lyonnaises. En toile de fond, un enjeu electoral fort autour de l ecologie.

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