Mercadona verse des primes, mais…

La chaîne de supermarchés espagnols récompense ses salariés, mais certains choix de la direction posent question...

Mercadona à Cádiz (Cadix), sous le ciel de l’Andalousie. Foto: Er nu wieder / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – La chaîne de supermarchés « Mercadona », dont nous avons évoqué ici quelques « innovations », ainsi qu’un certain plagiat dont elle est victime, fait à nouveau parler d’elle dans la presse espagnole. Contrairement à d’autres enseignes, sa direction tire un bilan plutôt positif de l’année écoulée.

En clair, la pandémie de Covid-19, n’aura pas abattu la chaîne valencienne forte de plus 1.600 supermarchés, crée en 1977 par Juan Roig qui la dirige encore aujourd’hui. Mieux que cela, ses 90.000 salariés ont, en signe de reconnaissance pour les efforts fournis, bénéficié en 2020 de 409 millions € de prime. Ce qui représente en moyenne un peu plus de 4.500€ par personne.

Chaque 1er mars depuis maintenant vingt ans, les salariés bénéficient d’une prime, et pour l’exercice comptable 2020, la direction n’a pas saisi le prétexte de la pandémie pour s’y soustraire. Comme dans les autres pays européens, il a ici été également démontré que ce sont les salariés les moins bien payés qui ont le plus largement contribué à maintenir les services, malgré la pandémie de Covid-19. Ainsi est-il juste de les en remercier, notamment par l’attribution d’une prime.

Depuis 2001, Mercadona a versé 4.200 millions € de primes annuelles à ses salariés. Pour l’année 2020, c’est un peu spécial, car à la prime annuelle d’atteinte des objectifs, se chiffrant en l’occurrence à 366 millions €, la direction a ajouté 43 millions € « en reconnaissance de l’engagement et des efforts extraordinaires manifestés au début de la crise sanitaire que traverse le pays » (sic). Ce qui somme toute, équivaut à un bonus d’environ 12%, mais cela n’a rien de négligeable.

A Mercadona, les salariés de base gagnent, selon ce que rapporte « El País », 1.800€ net par mois, toutes primes confondues. Depuis août 2020, ils sont passés à la semaine de 5 jours, avec 8 longs week-ends (samedi-dimanche-lundi) par an. Si la chaîne semble se porter plutôt bien et n’a pas l’air de maltraiter son personnel, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. En septembre, elle a vendu, pour 180 millions €, 27 magasins à la société d’investissement étatsunienne LCN Capital, et négocie actuellement avec le fond israélien MDSR Investments, la cession de 30 autres supermarchés.

La direction justifie ses ventes par la nécessité de s’engager dans la transformation numérique. Processus pour lequel, à l’horizon 2023, elle aura investi 12.000 millions €, selon « El País Economíca ». L’idée est de procéder à un désinvestissement du portefeuille immobilier de la société, pour devenir locataire des locaux qu’elle a construit. Reste à voir quelles conséquences aura, directement ou indirectement, cette politique sur les salariés, car les fonds d’investissements ne sont jamais des œuvres de bienfaisance…

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