A plat Geiss…

Interview avec l’illustrateur et caricaturiste Yannick Lefrançois sur son nouveau livre, qui retrace la gestation de la Région Grand Est et ses tribulations avec son crayon – et un talent incroyable !

Yannick Lefrançois avec son nouveau livre "A plat Geiss". Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Yannick Lefrançois est dessinateur, illustrateur, caricaturiste, auteur et – grand observateur de la politique régionale et locale. Yannick, c’est un peu comme la « Choucrouterie » de Roger Siffer : les responsables politiques craignent deux choses – de faire l’objet d’une des caricatures de Yannick et de ne pas faire l’objet d’une de ses caricatures. Car faire l’objet d’une telle caricature, ça peut carrément piquer; mais ne pas être dessiné par Yannick, ça signifie qu’on ne pèse pas dans la politique régionale et locale… Interview.

Yannick, est-tu de droite ou de gauche ?

Yannick Lefrançois : (rit) L’opposition droite-gauche n’est qu’un combat d’arrière-garde. Etre de droite ou de gauche, cela ne veut plus rien dire de nos jours. Et sincèrement, je ne me suis jamais senti aussi éloigné de ce débat droite-gauche qu’aujourd’hui.

Tu retraces toute la gestation de la Région Grand Est avec ton crayon. Quelles sont les réactions des uns et des autres à tes caricatures ?

YL : Bon, les personnes concernées rient, mais souvent, ils rient un peu jaune. Au fond, ça ne rigole pas vraiment. C’est compréhensible – les gens ont l’impression d’avoir été « roulés » dans la mise en œuvre de cette nouvelle région, on ne les a pas écoutés et respectés, on les a littéralement écrasés. Ce n’est pas pour rien que la couverture montre cet engin qui aplatit tout. Les gens ont l’impression d’avoir été « écrasés ». Sinon, je reçois beaucoup de réactions, par exemple par Facebook, et généralement, ces réactions sont positives et encourageantes.

On peut parfois suivre tes discussions avec Robert Grossmann qui comptait parmi les personnages que tu as le plus souvent dessinés. Et on dirait que vous vous entendez plutôt bien ?

YL : Franchement, quand Robert Grossmann était encore en fonction, je ne l’ai pas vraiment épargné. Mais effectivement, nos échanges sont très sympathiques et il s’agit d’un personnage qui mérite d’être connu !

Donc, pas d’animosité suite à quelques caricatures « hard » ?

YL : Non, du tout. Robert Grossmann est même propriétaire d’une de mes planches…

En vue des discussions autour de la Région Grand Est, il y a fort à parier qu’il y aura un Tome 2 de ton nouveau livre. Comment vois-tu la suite de ce débat ?

YL : En effet, le débat est tout sauf terminé. Il y a des gens qui ne lâcheront pas, comme les deux présidents des départements Frédéric Bierry et Brigitte Klinkert. Et quand on pense aux déclarations de Roland Ries qui parle d’une fusion des deux départements « dans un premier temps », on constate que ce dossier est loin d’être réglé. Le sentiment des Alsaciens est compréhensible : on favorise des régions comme la Bretagne ou la Corse, et pour l’Alsace, la situation devrait changer aussi. Quand on pense que les élus du Grand Est doivent se réunir à Paris pour pouvoir rentrer le soir en TGV, on constate qu’il y a vraiment des choses qui ne vont pas…

En même temps, ce sujet du Grand Est doit être une aubaine pour toi – tu ne risques pas d’être à court de sujets…

YL : Oh, il y a et il y aura plein d’autres sujets…

… comme la politique locale. Comment fais-tu pour rester dans l’actualité complexe de la politique strasbourgeoise ?

YL : C’est vrai, plus personne ne comprend rien au Conseil Municipal de Strasbourg. Mais tout ce remue-ménage au sein de l’exécutif strasbourgeois est une source de sujets permanente pour moi.

Tu produis aussi de merveilleux livres pour enfants. Est-ce qu’il y a un nouveau projet ?

YL : Tout à fait ! Début 2019, je publie un « Kamishibaï » aux éditions Callicéphale !

Un quoi ?

YL : Un « Kamishibaï », c’est un livre-théâtre en carton pour enfants. Quand on ouvre les pages, il y a une scène qui se dévoile aux yeux des enfants, et derrière, un adulte peut lire le texte qui est imprimé sur le dos des installations en carton. C’est idéal pour que des adultes lisent des histoires aux enfants qui eux, peuvent suivre en voyant la scène se dérouler devant leurs yeux.

Cela doit te changer des dessins politiques…

YL : En effet, dans le monde des enfants, je suis loin de la politique, mais au cœur de ce que j’aime faire. C’est carrément un équilibre par rapport aux sujets assez lourds que je traite normalement. Là, je suis dans mon élément. J’écris l’histoire et je la dessine, avec une attention extrême et sans compter les heures de travail.

Bon, on essaye encore une fois – Yannick, es-tu de droite ou de gauche ?

YL : (rit) Je suis radical. Radicalement contre l’absurdité. Et cette absurdité, elle naît à droite comme elle naît à gauche. Question suivante…

Il n’y en a plus. Merci beaucoup pour cet entretien !

« A plat Geiss » de Yannick Lefrançois
Editions La Nuée Bleue
ISBN 978-2-7165-0860-5

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