Avant l’EURO 2016 en France, la peur s’installe

Si une catastrophe encore plus meurtrière a pu être évitée au Stade de France vendredi soir, on se demande comment sécuriser de grandes manifestations populaires. Et la question urge.

Il faudra trouver des solutions pour ne jamais plus devoir assister à ce genre de scène comme au Stade de France vendredi. Foto: ScS EJ

(KL) – Il paraît de plus en plus clairement que le Stade de France aurait pu être la scène d’une catastrophe apocalyptique vendredi soir. L’un des terroristes, muni d’un billet d’entrée pour le match France – Allemagne, cherchait, selon des informations de la presse anglaise, à entrer au stade quinze minutes après le coup d’envoi. Avec sa ceinture d’explosifs, le terroriste n’aurait pas seulement tué un grand nombre de spectateurs au stade, mais il aurait également déclenché un mouvement de panique qui lui, aurait également occasionné de nombreuses victimes. C’est grâce à la vigilance d’un stadier que cette ceinture d’explosifs a été découverte et le terroriste l’a fait exploser en essayant de prendre la fuite – ce qui était l’explosion que le monde entier entendait à 21h16 vendredi soir. On ne peut que féliciter les services de l’ordre et les responsables d’avoir agi et réagi comme ils l’ont fait. Non seulement, ils ont pu éviter un carnage encore plus meurtrier, mais ils ont pris que de bonnes décisions, comme celle de se laisser poursuivre le match pour éviter un mouvement de panique, comme celle d’organiser avec discernement l’évacuation du stade sécurisée après le match. Bravo aux services impliqués d’avoir sauvé probablement de centaines, de milliers de vies !

Mais comment peut-on gérer désormais les grandes manifestations populaires qui constituent une cible pour ces terroristes ? A l’approche des fêtes de fin de l’année, cette question se pose de manière pressante. D’une part, nous ne devons pas céder à ce sentiment de la peur qui est la conséquence naturelle des attentats de Paris. Nous ne pourrons pas nous laisser dicter notre mode de vie par des terroristes qui cherchent justement à semer cette peur parmi nous. Mais d’autre part, force est de constater qu’il faille trouver des solutions et ce, rapidement.

Dans quelques jours, les marchés de Noël commencent un peu partout, dont le plus grand à Strasbourg, avec 2 millions de visiteurs qui viennent chaque année à ce Marché de Noël qui se trouve dans tout le centre-ville de Strasbourg et qui est impossible à contrôler. Et quid d’autres manifestations, comme les matchs de foot, les concerts, les conférences comme la COP21 ? Le «Plan Vigipirate», comme tout autre plan, ne peut pas empêcher des terroristes déterminés à commettre leurs crimes. Les services secrets, en toute occurrence, ne sont pas en mesure d’éviter le passage à l’acte de terroristes, même pas de ceux qui figurent déjà sur leurs listes. Alors, quoi faire ?

Qu’on le veuille ou pas, le terrorisme ne peut être combattu qu’à ses racines. Nous ne pourrons plus continuer à mener cette politique des dernières décennies et pour la changer, il faut du courage. Par exemple le courage de lancer des initiatives qui mettent un terme à l’industrie de l’armement et ce, au niveau mondial. Tant que nous profitons financièrement des guerres en cours, en Syrie, en Irak, en Afghanistan et ailleurs, ces guerres ne se termineront jamais. Tant que nous soutenons des dictateurs et des régimes belliqueux, ces guerres continueront et la spirale de la violence continue à tourner. Mais quel responsable politique aurait le courage de se présenter devant ses électeurs en annonçant que l’usine d’armement dans sa circonscription sera fermée, causant quelque pertes d’emplois ?

Le challenge pour la politique est donc double. D’une part, il faut des mesures immédiates et d’autre part, il faut -enfin!- commencer à agir sur les racines des conflits qui bouleversent actuellement le monde. Ceux qui veulent se limiter à quelques mesures «cosmétiques» et populistes (comme la réintroduction de la peine de mort proposée par Marine Le Pen), devront se rendre à l’évidence – ces attaques continueront aussi longtemps que nous ne changeons pas profondément notre manière de gérer le monde. Mais malheureusement, après le deuil, ce sera comme après les attentats sur «Charlie Hebdo» au mois de janvier – on injectera un peu plus d’argent dans les services secrets, on augmentera la présence militaire dans nos ville, on introduira quelques mesures répressives supplémentaires, et on ne changera rien au fond du problème.

Pourvu qu’on réussisse à réagir autrement que les Etats-Unis en 2001 – sinon, il faudra se préparer à une escalade encore plus terrible de la violence.

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