Le four alchimique de Winterthur et le testament de Fulcanelli

Emblème XV, Michel Maier Atalans Fugens

Ce four ou calorifère se fit connaitre à l’attention du public en 1902 par la publication d’un petit livre intitulé « Esquisse hermétique du Tout Universel » sous la plume d’un certain Jacob. Nous savons qu’il s’agit en réalité de Jean-Jacques Bourcart, riche  industriel originaire de Mulhouse qui joua divers rôles à l’époque comme celui du financement du mouvement martiniste de Papus mais tel n’est pas notre propos.

En réalité ce qui pose question c’est comment un poêle aussi modeste dans ses ambitions de simple outil à chauffer a t’il pu être déchiffré, d’ailleurs est-ce bien à Bourcart qu’il faut en attribuer le mérite ? L’explication des panneaux n’intervient qu’à la fin du livre et sous forme d’une planche en tiré à part. En réalité Bourcart a fait adjoindre à la fin de son ouvrage cette planche avec l’explication des 16 carreaux mais il n’en est nullement l’auteur. Aujourd’hui et pour avoir suivi pas à pas la vie de l’Adepte afin d’en délivrer l’état civil sans lequel aucune compréhension de son œuvre n’est possible, nous savons qui a su déchiffrer cette ultime demeure philosophale et comment l’adepte en a été averti. Soulevons juste un coin du voile et osons dire qu’il s’agit d’une  connexion suisse sinon alsacienne et germanique. On trouvera en premier lieu le grand ami de Fulcanelli à savoir l’homme qui prit le nom de Gustave Eiffel (en réalité Alexandre Bonickhausen), un dijonnais d’adoption comme lui, puis son entourage immédiat. Quand à l’homme qui déchiffra et comprit l’importance hermétique des carreaux nous en dévoilons pour la première fois l’identité car il s’agit d’un personnage ayant le même profil que celui de l’Adepte qui fut à la fois immensément connu, dans la lumière et sur le plan opératif d’une discrétion exemplaire.  Bourcart n’avait pas le niveau suffisant pour effectuer l’herméneutique du poêle. Nous expliquons tout ceci dans notre ouvrage accompagné de nombreuses planches en couleur. Incluant aussi l’art du Potier de Piccolpasso et une étude sur l’histoire de la porcelaine en rapport avec l’alchimie, etc .. Il va sans dire que ce dernier travail concernant Fulcanelli met un terme définitif aux cuistreries (orbe goasguenienne par exemple) circulant ici ou là parmi les « fumistes ».

Porcelaine en terre rouge

Le rôle de l’alchimie dans la découverte de la porcelaine constitue le cou­ronnement des relations qu’elle entretint de tous temps avec «l’art du potier». Ce lien que justifient des raisons techniques, était tellement étroit que cet art fut considéré comme un symbole du grand-œuvre. Michael Maier le fit repré­senter dans l’emblème XV de son Atalanta fugiens. «De même que notre glo­be, écrivit-il, a pris la forme d’un corps rond par l’effet de l’union étroite de la terre et de l’eau, ainsi l’œuvre du potier paraît tout particulièrement com­posée des mêmes éléments, le sec et l’humide, de manière que l’un soit tem­péré par l’autre… De semblable manière le potier mélange du limon à l’eau pour en faire une masse propre à l’air pour qu’elle se dessèche peu à peu. Puis il la soumet à l’ardeur du feu afin que ses vases acquièrent une dureté convenable… Les philosophes attestent que l’on procède de la sorte dans l’œuvre naturelle et qu’il faut prendre exemple sur les potiers».

L’intérêt des alchimistes pour la céramique tenait au fait qu’ils devaient fa­briquer toutes sortes de vases, dont des creusets qui devaient résister à de très hautes températures lorsqu’ils y fondaient les métaux. Leurs connaissan­ces en verrerie s’expliquent de la même manière. Elles leur permirent de com­poser des glaçures et émaux qui remédiaient à la porosité des terres mais contribuaient aussi à l’embellissement de la céramique en général.

D’après Lanzi, le procédé de glaçure nous serait venu de Chine où les alchi­mistes fabriquaient ce liu-li sans lequel la porcelaine n’eût jamais existé.  Le procédé aurait été transmis à l’Italie par les artisans hispano-mauresques, qui l’exploitaient à Majorque notamment. La majolique, qui est une céramique à glaçure, tire d’ailleurs son nom de ce centre d’où elle aurait été transmise à l’Italie. En fait, il ne s’agit là que d’une technique de glaçure particulière prati­quée par les Arabes qui conservaient les antiques procédés des alchimistes gréco-égyptiens. Il n’est pas exclu cependant que grâce aux échanges commer­ciaux, l’un ou l’autre secret chinois se soit greffé sur cette tradition technique issue de la lointaine Égypte.

Histoire de la glaçure stannifère …

Vasari rapporta qu’on attribuait l’invention de la glaçure stannifère à Lucca della Robbia. Cette glaçure aurait été composée avec de l’étain, de la litharge et de l’antimoine.  Que Lucca della Robbia ait amélioré un procédé d’émail stannifère, la chose est admissible mais il ne l’a certainement pas inventé. Le couvent Saint-Paul à Leipzig, achevé en 1207, contenait des briques re­couvertes d’un émail stannifère. Le tombeau d’Henri IV de Silésie, qui fut réalisé en 1290, fut lui aussi recouvert d’un émail à base d’étain. Cette sorte d’émail était d’ailleurs connue des alchimistes pour lesquels l’étain, dont il était en partie composé, n’avait pas de secret. Ainsi, lit-on dans le traité Pretiosa Margarita que Petrus Bonus rédigea en 1330 : «Tu découvriras, lorsque le plomb et l’étain auront été calcinés et brûlés, qu’ils sont parfaitement conver­tis en verre. C’est ainsi qu’opèrent ceux qui recouvrent d’un vernis vitreux les vases de terre».

  • « Wie kraussen auch die sachen sindt,
  • Weissheit, doch Weg und Mittel findt,
  • Weist allwegen fort zu kommen,
  • Schaffet Rath und Hülff den Frommen

Traduction : Comme aussi les choses sont sans ordre, La Sagesse, quand même, trouve moyen et Chemin pour toujours avancer, Et prodiguer conseil au pieux qu’elle aide.

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