Au guet-apens

4eme de couverture : Certains ont été blessés, violentés. D’autres ont volé, tué, séquestré. Victimes ou coupables supposés, les voici au tribunal. Pour les plus vulnérables comme pour les plus frustres, c’est l’un des seuls lieux où la parole leur soit donnée. Du récit cocasse de sa première plaidoirie à celui, terrifiant, d’actes de torture commis sur un sans-abri, Maître Mô nous livre d’inoubliables chroniques judiciaires.

Mon avis : le premier avocat blogueur que j’ai connu, c’est Maître Eolas. Maître Mô, je l’ai connu bien plus tard, quand j’ai commencé à me mettre sur twitter (enfin, surtout quand j’ai commencé à comprendre comment ça fonctionnait).

Tout de suite  séduite par l’humour de ses tweets, judiciaires ou non par ailleurs,  je me ruée sur son blog.

J’avais hâte que son livre sorte en poche. J’aime bien les livres, surtout quand ils sont petits et tiennent dans mon sac !

Ce livre, je dois le dire, je l’ai dévoré. D’emblée, les mô du maître nous emballent, nous transportent, nous font vibrer, pleurer, hurler, peur, sourire voire rire etc. Bref ! On passe par toute un éventail de sentiments. Seuls les vrais conteurs peuvent nous faire ressentir cela. Assurément, cet avocat est un conteur. S’il plaide comme il écrit, ça doit être un plaisir de rester des heures en audience…

Mais, au delà de nous faire parfois pleurer dans les chaumières, Maître Mô nous fait prendre conscience que la Justice n’est pas si simple que ça. Dès lors que les sentiments humains entrent en jeu, il est difficile d’avoir un avis si net et tranché sur les faits, la personnalité d’un criminel. Les jurés ayant eu à juger de l’affaire de Noël (la plus éprouvante à mes yeux) ne me contrediront pas. Et même lui commet des erreurs d’interprétation. Comment penser qu’une victime puisse devenir un jour un bourreau ? Comment deviner, malgré les éléments du dossier et les aveux, qu’une personne a réellement commis un crime ? Rien n’est joué d’avance…

Maître Mô a aussi le mérite, en décrivant cette justice de l’intérieur, de la désacraliser, de la rendre plus humaine. Mais aussi, il nous la rend plus accessible. Cet ouvrage a aussi une dimension pédagogique indéniable : cette machine judiciaire est vulgarisée (dans le bon sens du terme). Je ne sais pas si des néophytes trouveront Au guet-apens aussi accessible que moi (j’ai la faiblesse de le croire).

Cependant, parce qu’il faut bien un petit bémol, il peut se montrer un peu critique envers les magistrats qui discutent souvent en « off » de l’orientation de telle ou telle affaire au détriment des règles procédurales en vigueur. Ca existe, c’est certain. Et on ne peut reprocher à un avocat, pénaleux qui plus est, de s’indigner contre cette pratique…

 

2 commentaires sur « Au guet-apens »

  1. N’hésite surtout pas, qui plus est si tu es juriste ;-). J’ai particulièrement apprécié qu’il n’oublie personne dans le monde judiciaire, y compris les greffiers !

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