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Ciao

1
Elles sont encore
dans les oreilles
les paroles
ne faisant qu’un
avec ton bâillement indifférent.

Elles sont collés aux ombres
suspendues au milieu des reflets,
des lumières jaunes,
des rectangles des vitrines,
des murs abîmés,
des miroirs gelés.

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2
Elles sont encore ici
tes paroles
me brûlant dans les yeux.

Avec elles je m’accoude
sur la scène au ralenti
où les adieux se promènent
où des gueules quelconques
glissent une à une
contre l’écran flou
des miroirs gelés
des murs abîmés
des rectangles des vitrines
des lumières jaunes.

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3
Je dois dire « ciao »
depuis ces rails des tramways
au-dessous des fils noirs
se croisant dans le ciel
tandis que sur les marches
d’où nous sommes montés
des lueurs opaques
clignotent encore,
échos de lumières d’or
prêts à s’éteindre
dans un instant.

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4
Je dois dire « ciao »
et répéter « je t’aimais »
au milieu d’une rue sans nom
adressant de nouveau la parole
à ton froid imperméable :
« Attends, reste, ne pars pas ».

Sur la montée
de gravier et de terre
nos deux misères
— ô combien petites ! —
savourent dans un baiser
qui sera le dernier
d’éclaboussures de peur.

« Je suis un homme timide
qui se tait, attendant
une parole.
Toi, tu es une ombre
— ô combien subtile ! —
qui rêve indifférente. »

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5
Elles sont encore
dans les oreilles
tes paroles
à la silhouette subtile
se sauvant
dans les angles obscurs,
devant
les rectangles des vitrines,
sur les murs abîmés.

Ils sont encore ici
leurs souffles
chauds et piquants.
« Je t’aimais »
susurrent les fils dans le ciel.
« Attends, reste, ne pars pas ».

Giovanni Merloni

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