Guillaume le Conquérant et le Cotentin au XIe siècle

« Si le règne de Guillaume le Conquérant eut naturellement une importance considérable pour l’ensemble de la chrétienté médiévale, il se traduisit en Cotentin par des bouleversements et des évolutions particulièrement déterminantes.

Jusqu’au début du XI^e siècle, le pouvoir ducal et les autorités religieuses étaient restés relativement en retrait de ce « Far West » armoricain. Dès qu’il parvient au titre de duc, à la mort de son père, le jeune duc Guillaume s’implique en revanche très étroitement dans l’administration de
nos territoires. La révolte des barons, qui éclate à Valognes en 1046 et qui faillit lui être fatale, traduit les réticences de l’aristocratie locale face à cette affirmation du nouveau « comte de Rouen ».

La victoire remportée contre les révoltés lors de la bataille du Val-ès-Dunes, lui donnera le prétexte et les moyens d’une profonde refonte des cadres politiques et religieux de cette région. D’immenses domaines, fraîchement confisqués aux insurgés, sont redistribués au profit de familles seigneuriales proches du pouvoir ducal et insérées dans le cadre d’une nouvelle hiérarchie féodale.

Les ordres monastiques, jusqu’alors demeurés étrangers au Cotentin, viennent s’établir à Lessay, puis à Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Montebourg. Le grand mouvement de donations d’églises et de terres qui s’opère alors au profit des moines bénédictins constitue, pour les seigneurs donateurs, une forme de légitimation de leur autorité et de leurs possessions.

L’action de Guillaume constitue ainsi une étape décisive dans l’intégration du Cotentin au duché de Normandie et, à mon sens, préfigure assez nettement ce que fut, après 1066, la politique menée dans l’Angleterre conquise.

Ce qui est très net également est que l’ouverture nouvelle sur la Grande-Bretagne permettra, au lendemain de la Conquête de 1066, un essor considérable de l’économie locale. Durant le siècle et demi qui précède le rattachement de la Normandie au royaume de France, le Cotentin n’apparaît plus comme une région de marge un peu secondaire, mais devient une plaque tournante des échanges avec l’Angleterre ».

Renseignements : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin

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