Les livres dont je n’ai pas parlé en novembre … : Pascal Quignard, Michèle Lesbre et Eric Poindron

Tous les matins du monde (1991) / Pascal Quignard

Ce roman a été adapté au cinéma l’année de sa parution par Alain Corneau. Il est largement inspiré du précédent roman de Quignard, La Leçon de musique (qui est un véritable traité de musique), et des faits historiques de la vie de ses deux personnages principaux, M. de Sainte-Colombe et Marin Marais, deux violistes du XVIIe siècle. C’est donc plutôt un roman-scénario. C’est peut-être pour cela que je ne suis pas vraiment rentrée dans cette œuvre, qui est plutôt une longue nouvelle, d’une grande sobriété de ton et de style, au service d’une histoire peut-être un peu trop précipitée. Mais cela m’intéresse de voir le film !

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Un lac immense et blanc – Michèle Lesbre

Présentation de l’éditeur

« Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers, mais c’est tout de même ma vraie vie. Peut-être que cette journée est un cadeau plutôt qu’un empêchement et un rendez-vous manqué. J’attendais l’Italien, c’est Antoine qui est venu, dans le silence de la ville qui est une autre ville, lointaine et familière à la fois. » M. L.
Par un matin de neige, la narratrice attend dans une gare un homme qu’elle ne connaît pas : elle a envie de parler de Ferrare avec cet étranger qui, tous les mercredis matin, dans ce Café lunaire où ils ont leurs habitudes, évoque inlassablement sa ville d’origine. Elle a pris sa journée, mais l’homme n’arrive pas par le train habituel.
Dès lors le temps s’étire, en autant de fondus enchaînés que favorise la blancheur environnante : les grilles du Jardin des Plantes s’estompent, laissant place au « lac immense et blanc », noyé sous la neige de l’Aubrac, où Édith Arnaud vécut ses premières amours et ses premiers combats politiques. Elle n’a jamais revu Antoine, le jeune homme en colère qui, à l’aube des années soixante, voulait changer le monde. Sa silhouette traverse le récit et bientôt se superpose à celle de l’Italien du delta du Pô, dont les brumes hantent le paysage mental de cette femme rompue à l’usage du monde.
Le temps qui passe, la perte des illusions et les rendez-vous manqués ont pourtant éveillé en elle une joyeuse mélancolie. Témoin ses dialogues loufoques avec le corbeau freux du Jardin des Plantes… Dans le silence et la blancheur de cette journée particulière, la solitude a moins que jamais le goût des renoncements.
Entrelaçant fiction et expérience intime, Michèle Lesbre est, dans ce récit lumineux, au plus près d’elle-même.

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De l’égarement à travers les livres – Eric Poindron

« Vous êtes atteint d’un étrange syndrome communément appelé bibliopathonomadie. Ce qui signifie « de l’égarement à travers les livres ». Un vieil de ma connaissance disait : « qui lit trop devient fou ». Nous confondons la littérature et la vie ».

Atteint d’un étrange syndrome au nom barbare qui signifie « De l’égarement à travers les livres« , le narrateur est contacté par une société secrète, Le Cénacle troglodyte, afin de devenir « détective littéraire ». Derrière l’histoire de la littérature, il existe une autre histoire que l’on ignore. Entre fiction et fantastique, c’est une littérature des coulisses qui est peu à peu dévoilée.

Le début était pourtant bien parti : un homme est contacté par une société mystérieuse et apprend qu’il est atteint d’une maladie liée à une trop grande pratique de la lecture. Puis, le récit change et l’on se perd dans des élucubrations intellectuelles, l’évocation successive d’auteurs inconnus, la narration d’histoires sans lieu entre elles et non contextualisées. Au final, j’ai décroché : l’ensemble est trop décousu pour que j’ai pu y prendre du plaisir, ou même y apprendre quelque chose. Une vraie déception.

Eric Poindron vit dans la Montagne de Reims, au coeur des vignobles de Champagne. Editeur, écrivain (Actes Sud, Flammarion, L’Epure…), animateur d’ateliers d’écriture et critique littéraire, il se passionne notamment pour les auteurs dédaignés et les littératures méconnues.

5 commentaires

  1. J’avais beaucoup aimé le roman de Quignard lu l’an dernier, j’ai aimé ce style épuré, et comme je l’ai un peu travaillé, parce que le roman était au programme des Term L, je me suis rendue compte que sous une certaine simplicité, on trouve des références variées, et le roman prend alors plus d’ampleur!

  2. Beaucoup aimé aussi le roman de Quignard, je te conseille le film où la concision est effectivement peut-être plus acceptable.
    Quand je l’ai lu, j’ai retrouvé les phrases du film et c’était un vrai bonheur, j’avais aussi la musique dans les oreilles, mais je comprends ce que tu veux dire.

    @ George : est-ce qu’il existe un profil de l’oeuvre, ou quelque chose comme ça ?

    1. Je vais essayer de trouver ce film alors ! c’est vrai que les romans courts ou les nouvelles, je les verrai souvent bien adaptés en films, contrairement aux gros romans qui y perdent un peu de leur âme souvent …

  3. Voilà une belle publicité vous ces livres dont vous ne parlez pas, que d’en parler. Pour m’être égarée parmi les livres en suivant M.Poindron, à la différence de vous j’y ai trouvé mon chemin. Et j’attends la suite, pour actualiser mon GPS.

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