Pygmalion (1913) / Bernard Shaw

L’auteur

Bernard Shaw (1856-1950) est Irlandais et auteur de célèbres pièces de théâtre dont beaucoup ont été adaptées en film. Acerbe et provocateur, pacifiste et anticonformiste, il obtint le prix Nobel de littérature en 1925. Sa verve humoristique, parfaitement adaptée au théâtre, en fait l’un des plus grands représentants anglophone. Pygmalion, écrit en 1913, est souvent considéré comme l’un de ses chefs-d’œuvre.

Le livre

Le professeur Higgins est un phonéticien réputé, mais également un grand misanthrope. Rencontrant par hasard une jeune vendeuse de fleurs, il se vante de pouvoir la faire passer pour une duchesse à la cour royale en 6 mois, uniquement en lui faisant perdre son accent populaire et en l’éduquant. La jeune vendeuse, Eliza, le prend au mot et le retrouve pour lui rappeler sa proposition. Seulement, il n’est pas anodin de tirer une jeune femme de la pauvreté, et de lui offrir à rêver au-dessus de sa condition, il faut également savoir qu’en faire ensuite …

Ce que j’en ai pensé

J’ai découvert Bernard Shaw lorsque j’étais en stage à la médiathèque du Centre culturel irlandais à Paris (dont je vous recommande la visite, leur fonds est très bien fourni et intéressant !) et je m’étais promis de lire au moins Pygmalion, qui paraissait être son oeuvre la plus importante. Mieux vaut tard que jamais ! Et je regrette par ailleurs de ne pas l’avoir fait avant !

C’est une pièce de théâtre incontournable d’après moi ! J’y ai trouvé un quelque chose de tellement différent de ce qu’est le théâtre traditionnel. Dans le même genre que Brecht, Shaw renouvelle le théâtre et la littérature en y apportant sa verve, la critique acerbe d’une société bourgeoise où prévaut le conformisme. En l’occurrence, il prouve que les bonnes manières, la noblesse et la délicatesse ne découlent pas d’une quelconque richesse ou titre mais de l’éducation. Certes, on peut douter qu’en lui faisant simplement perdre son accent, Higgins ait fait d’Eliza une princesse. Mais il montre que c’est justement en éduquant des gens pauvres, coincés à la place qui les a vu naître, sans avenir, que l’on crée une véritable noblesse car elle viendra d’une transformation, d’un véritable effort sur soi-même et non pas de sa richesse ou autre. Une valorisation du mérite en somme, qu’il développe d’une certaine façon dans une fin … étonnante !

Le personnage de Higgins est à la fois savoureux et détestable : savoureux par son misanthropisme et sa misogynie qui lui donne un cynisme assez drôle; détestable par son attitude envers Eliza, et ce jusqu’au bout !

Eliza est par contre très attachante : petite vendeuse de fleurs à qui l’on donne sa chance et qui en profite. Mais j’ai souffert avec elle de l’attitude d’Higgins tout au long, prévoyant la catastrophe au moment où Higgins l’abandonne, comme un jouet cassé …

Bref à découvrir ou à redécouvrir pour mettre un peu de fraîcheur dans votre conception du théâtre …

Incursions dans le texte

« Qu’est-ce que la vie sinon une suite de folies inspirées ? Le difficile, c’est d’en trouver l’occasion »

« Vous n’avez pas idée à quel point ce peut être terriblement passionnant de prendre un être humain et d’en faire un autre être totalement différent en lui façonnant un autre langage. C’est combler le gouffre le plus profond qui sépare les unes des autres les classes et les âmes. »

« La différence entre une lady et une vendeuse de fleurs n’est pas dans la manière dont elles se conduisent mais dans la manière dont elles sont traitées. »

« Mais admirer un être fort et vivre sous sa poigne sont deux choses très différentes. »

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