C’est la journée de la femme ! Hommage à une femme écrivain, Françoise Sagan

Sur la proposition de Sophie, Des bavardages de Sophie, plusieurs blogueuses ont décidé d’évoquer l’œuvre d’une femme écrivain, à l’occasion de la journée internationale de la femme. Pour ma part, j’ai choisi de vous parler de Françoise Sagan.

J’ai découvert cette auteur il y a peu, l’été dernier, grâce à Delphine qui m’avait prêté Un sang d’aquarelle. Par la suite, j’ai lu Château en Suède. Deux très bonnes lectures.

Il y a un mois, j’ai assisté à une soirée hommage, à l’occasion de la rétrospective Littérature et Cinéma à la Filmothèque du Quartier Latin (Paris VIe). Elle était composée d’une lecture de textes de Sagan, du visionnage d’un de ses courts-métrages, Encore un hiver, et de son seul long-métrage, Les fougères bleues, adapté d’une de ses nouvelles. De plus, un débat était prévu avec son fils, Denis Westhoff, fondateur du Prix Françoise Sagan, de l’association qui porte son nom, et gestionnaire des affaires de sa mère.

C’était une soirée passionnante et complète, qui a renforcé mon intérêt pour cette auteur souvent considérée comme légère (ce que d’ailleurs elle disait d’elle-même aussi) dans son comportement et dans son écriture. Ne la connaissant pas, j’avais été étonnée d’apprendre ça, car les deux livres que j’ai lu ne m’ont pas paru légers, et son écriture, très dynamique, est agréable. Il me semble que c’est sa vie tumultueuse qui la poursuit et l’empêche de rejoindre le panthéon des grands écrivains de la seconde moitié du XXe siècle, alors qu’elle est pourtant déjà étudiée dans les écoles.

Je vais donc revenir brièvement sur sa vie et son œuvre, pour lui rendre hommage aujourd’hui.

Sa vie

Françoise Quoirez est née en 1935.

Souvent considérée comme faisant partie de la Nouvelle Vague, alors que la chronique mondaine dépeint « un charmant petit monstre » à la tête du « monde saganesque », elle a principalement été remarquée pour la « petite musique » mélancolique au ton nonchalant de ses œuvres, aux thèmes romantiques, mettant en scène la bourgeoisie riche et désabusée, comme dans son roman le plus célèbre, Bonjour tristesse (1954). Ce titre a été emprunté à un vers d’Eluard « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse… ». Elle a alors 19 ans, et son père ne veut pas qu’elle publie le livre sous son nom. Françoise Quoirez devient alors Françoise Sagan en référence à un personnage de Proust (Hélie de Talleyrand Périgord, prince de Sagan). Le roman obtient le Prix des Critiques, connaît un succès de librairie immédiat (un an après sa publication, 850 000 exemplaires ont été vendus), doublé d’un scandale quant au sujet traité, considéré comme décadent, qui crée la légende Sagan.

Interrogée quelques années plus tard sur ce sujet, elle répond : « En fait, j’ai été très surprise du scandale que ce livre a suscité. Pour les trois quarts des gens, le scandale de ce roman, c’était qu’une jeune femme puisse coucher avec un homme sans se retrouver enceinte, sans devoir se marier. Pour moi, le scandale dans cette histoire, c’était qu’un personnage puisse amener par inconscience, par égoïsme, quelqu’un à se tuer. » (interview donnée à Alain Louyot et publiée dans L’Express le 27/09/2004).

Son deuxième roman connaissant le succès, elle se laisse gagner par l’ivresse de l’argent et dépense sans compter dans le jeu et les affaires de luxe.

Enfant gâtée, elle restera toute sa vie insouciante, disséminant l’argent et les cigarettes sur son passage. Mais tout au long de sa vie, le spectre de la solitude et du mal-être la poursuivra. Elle n’est jamais satisfaite d’elle-même, ni de ce qu’elle écrit, alors que ce besoin d’écrire la taraude sans cesse : « Écrire est la seule vérification que j’ai de moi-même… J’ai toujours l’impression d’aller à un échec relatif. C’est à la fois fichu et gagné. Désespérant et excitant. »

En 1995, elle défraie la chronique avec des problèmes de drogue, puis de fraude fiscale. Elle en sort ruinée. Démunie, elle cesse d’écrire, avant de tomber gravement malade et de mourir d’une embolie pulmonaire en 2004.

Elle rédigea elle-même son épitaphe en 1998 : « Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »

Son œuvre

  • Romans

1954 – Bonjour tristesse
1956 – Un certain sourire
1957 – Dans un mois, dans un an
1959 – Aimez-vous Brahms…
1961 – Les Merveilleux Nuages
1965 – La Chamade
1968 – Le Garde du cœur
1969 – Un peu de soleil dans l’eau froide
1972 – Des bleus à l’âme
1974 – Un Profil perdu
1977 – Le Lit défait
1980 – Le Chien couchant
1981 – La Femme fardée
1983 – Un Orage immobile
1985 – De guerre lasse
1987 – Un Sang d’aquarelle
1989 – La Laisse
1991 – Les Faux-Fuyants
1993 – Un Chagrin de passage
1996 – Le Miroir égaré

  • Théâtre

1958 – Le Rendez-vous manqué
1960 – Château en Suède = très grand succès, prix du Brigadier
1961 – Les Violons parfois = échec retentissant
1963 – La Robe mauve de Valentine
1964 – Bonheur, impair et passe
1966 – Le Cheval évanoui
1970 – L’Écharde
1970 – Un piano dans l’herbe
1978 – Il fait beau jour et nuit
1987 – L’Excès contraire

  • Nouvelles

1975 – Des yeux de soie
1981 – Musiques de scènes, nouvelles
1985 – La maison de Raquel Vega

  • Mémoires, journal et entretiens

1964 – Toxiques, journal
1973 – Il est des parfums (avec Guillaume Hanoteau).
1975 – Réponses, entretiens
1984 – Avec mon meilleur souvenir, mémoires
1988 – Au marbre, chroniques 1952-1962
1992 – Répliques, entretiens
1993 – ...Et toute ma sympathie, mémoires
1998 – Derrière l’épaule, mémoires

  • Films

1963 : Landru scénario et dialogues (film réalisé par Claude Chabrol)
1970 : Le Bal du comte d’Orgel dialogues (film réalisé par Marc Allégret, d’après le roman de Raymond Radiguet)
1974 : Encore un hiver, court-métrage, scénario et réalisation = un film court et bouleversant
1977 : Les Borgia ou le sang doré co-scénariste, (téléfilm ou feuilleton télévisé réalisé par Alain Dhenault)
1977 : Les Fougères bleues réalisation et adaptation (d’après sa nouvelle Les Fougères bleues, contenue dans le recueil Des yeux de soie) = un échec commercial total, mais au final un film que je n’ai pas détesté …

En 1990, elle ne participera pas à l’adaptation de son roman La femme fardée. Ce travail sera effectué par Frédéric H. Fajardie, Jacques Cortal, Jean-Jacques Pauvert, Lou Inglebert et José Pinheiro, réalisateur du film.

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