Les cahiers au feu, les notes au milieu

Point de cahiers ni même de trousses dans les cartables de mes filles. Elles nous rapportent en revanche moult oeuvres d’art pour lesquelles je peine à trouver une place dans l’appart : maisons de poupées en carton, sculptures (?) indéterminées, branches d’arbres dorées, couronnes en papier (au moins huit à ce jour, doit-on y voir un rappel que nous vivons dans une monarchie ?)

Les devoirs, donnés le vendredi pour le mercredi afin que les familles mieux organisées que nous puissent répartir la charge de travail sur le week-end et le début de semaine, sont des feuilles volantes rangées dans une pochette transparentes. Une fois faits et corrigés, ils repartent à l’école, où je suppose qu’ils sont classés quelque part ? Mystère pour l’instant sur ce point. Une autre pochette sert à transporter le petit livre de lecture, 16 pages pour Cadette et 32 pour Fille Aînée en ce moment, qui est changé deux fois par semaine. C’est tout. Point de listes de fournitures non plus (la rentrée gagne en agrément !), tout appartient à l’école et reste sur place. Le cartable est donc très léger. Un peu frustrant pour les parents cependant : on voit très peu ce qui est fait en classe. Si on veut en savoir plus, il faut demander un RDV à l’enseignant.

Pas de notes non plus,  mais des appréciations, toujours positives ou encourageantes. ça peut aller de « Amazing Homework this week, well done » à « Well done, but where is your numeracy homework, Fille aînée ? » lorsque ladite Fille Aînée avait malencontreusement oublié de faire ses exercices de maths. D’après mon expérience et celle de mes amies, il me semble que le système est beaucoup moins formel qu’en France, davantage inspirée des pédagogies comme Montessori qui insistent sur le respect du rythme de chaque enfant. Positif ne veut pas dire laxiste et il est déjà arrivé à l’une d’elles de devoir rester un midi pendant la récréation pour terminer des exercices qui avaient été un peu délaissés au profit de longues séances de bavardage avec sa «  »best friend ever ». Sauf qu’on n’insiste pas sur l’aspect punition de la chose ou son côté humiliant mais on fait ce simple constat : tu n’as pas fini tes exercices parce que tu as préféré bavarder, eh bien tu resteras pendant la récré de midi pour les faire.

Pas de notes donc mais une progression suivie et individualisée grâce à des groupes de niveaux en maths et en anglais, et un cheminement individuel divisé en 11 « levels » pour l’apprentissage de la lecture.

Très populaires aussi, les « teampoints », des points que l’enfant gagne pour son travail individuel mais qui sont reversés au pot commun de l’équipe, exactement comme dans Harry Potter : « 3 points pour Gryffondor ! », ce qui me fait supposer qu’il s’agit d’une pratique courante en Angleterre. En plus de ces points d’équipe, l’enfant reçoit aussi des autocollants et autres bons points qui s’accumulent selon un système que je n’ai pas encore tout à fait compris, et qui donnent droit à des « certificates« , sortes de « Prix », qui sont ensuite décernés par le directeur de l’école, lors d’un rassemblement de plusieurs classes. La différence avec les Prix tels qu’ils étaient conçus autrefois en France, c’est qu’on constate un niveau atteint par l’élève ou une réalisation particulièrement intéressante, mais sans notion de concours.

D’où cette magnifique citation franglaise de Cadette : Maman, il ne me manque plus que un sticker sur mon award-card et j’aurai mon certificate !

7 réflexions au sujet de “Les cahiers au feu, les notes au milieu”

  1. Je te rassure, la progression est tout de même suivie par un système assez complets d’objectifs à atteindre, mais dans notre école, nous ne voyons de « bulletin » à proprement parler qu’à la fin de l’année.
    Pour les petites classes, il s’agit de rubriques type « Dispositions and attitudes », 3Emotional development », « Language fir Communication and Thinking », « Linking Sounds and letters », « Reading » etc… avec une phrase qui résume le niveau de l’enfant pour chaque rubrique, du type : « I can describe solid and flat shapes with maths words ».
    Pour les plus grands, la progression est tout de même « chiffrée ». Je n’ai plus le bulletin de Fille Aînée sous la main mais c’est du style : niveau 2A en maths, 5F en ceci, sachant que le niveau à atteindre pour l’année est… et à la fin du cycle…
    Donc voilà une note tout de même, mais qui sanctionne un niveau global.

  2. Oui pas vraiment de note mais une forte compétition quand même. Comme tu dis, le système d’équipes est super, l’idée de bien faire à plusieurs, c’est quelque chose de très différent de notre système français très individualiste.
    Mais au bout d’un moment ici, on se rend compte qu’en école publique (celles où on n’a pas de cartables et très peu de devoirs, des stickers et des certificates), les enfants ont très tôt des cours en privé, des tuteurs…Pour pourvoir entrer dans des bons collèges.
    Alors le côté « fun » et non compétitif de l’école primaire publique, je me demande s’il est vraiment très juste, pour tous les enfants…

    1. Claire je me suis rendu compte après coup que mon billet est sans doute très naïf. Comme tu t’en doutes, je n’ai pas la prétention de juger le système anglais dans son intégralité ni de la comparer au système français à la seule lumière de notre expérience.
      Un point très négatif dans notre école : nous ne voyons presque jamais passer aucun cahier ni travail fait en classe.
      Toutefois à l’âge qu’ont mes enfants, le faible niveau de l’école d’un point de vue purement académique est encore largement compensé par ce qu’on peut faire à la maison, la lecture, les sorties au musée, la curiosité naturelle etc… Je suis persuadée que des enfants ayant les mêmes capacités (et environnement familial malheureusement) réussiront de la même manière au collège, quelle que soit l’école primaire où ils étaient. Après évidemment ça se gâte…

      Je ne savais pas que beaucoup d’enfants prenaient des cours particuliers (peut-être dans des écoles plus « posh » que la mienne). C’est vrai que pour nous il y a toujours le recours de les faire réintégrer le système français plus tôt que prévu.

      Après, est-ce qu’il est plus important pour réussir dans la vie de savoir faire un commentaire composé ou une dissert en trois parties, ou d’avoir confiance en soi et être habitué à prendre la parole devant les autres et travailler en équipe, le débat est ouvert…

      Bon c’est pas tout ça, il faut que je parte faire une randonnée dans le froid…

  3. brrrrrr… elle est réchauffée ta fille sur la photo !
    Très bon résumé, avec toi j’apprends toujours des choses comme les 11 levels pour l’apprentissage de la lecture. Ce ne serait peut-être pas bête de s’en inspirer en France, quand on voit le nombre d’enfants de CM1-CM2 qui pataugent en lecture et n’ont pas les mécanismes de base (et vont chez l’orthophoniste hi hi !). Mais on ne sait pas trop non plus comment concrètement l’enseignant de 3O enfants peut gérer ce cheminement individuel… j’ai l’impression qu’ils ont beaucoup plus de personnel en plus ou même parents qui aident. Chez moi par contre les homeworks corrigés reviennent le w-end suivant et se perdent dans tous les recoins de la chambre (peut-être que seuls les mauvais reviennent, et que chez moi c’est toutes les semaines !)

    1. Tu as raison Séverine, en fait les homeworks reviennent corrigés et ils ne repartent pas, contrairement à ce que je croyais, ma fille les avait bien rangés dans une pochette.
      Oui la photo date un peu…
      Pour la lecture, ils demandent en effet à certains parents de venir faire lire les enfants et ils se reposent aussi sur le travail à la maison. De plus il y a une « teacher assistant » à plein temps en reception, mi-temps en Year 1 et ensuite moins présente.
      Je ne me rends pas compte exactement de la manière dont tout cela est géré et si ça fonctionne bien pour les élèves en difficulté mais pour mes filles qui débutaient en anglais, cette progression individuelle était géniale. Et j’ai oublié de dire qu’à partir d’un certain niveau, chaque lecture doit être accompagnée d’une activité, au choix, recherche de vocabulaire, commentaire de texte, critique etc…
      Sur certaines choses, le travail à l’école est assez léger. Par exemple pour l’écriture, j’ai eu la surprise l’an dernier que la maîtresse nous donne un petit cahier avec toutes les lettres de l’alphabet et quelques mots, en nous demandant de faire écrire l’enfant à la maison (en soi, ça ne me pose pas de problème) mais sur un laps de temps très court : la semaine de vacances de juin.
      Sur d’autres, le programme est assez proche de celui de la France. (Fille Cadette apprend en ce moment la structure du conte).
      Ce qui est rigolo aussi, c’est l’histoire du point de vue anglais. Fille Aînée est passionnée par les Tudor, Anne de Boleyn & co…
      Bref, de quoi écrire encore d’autres posts à ce sujet…

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