Jeff Homère (FLO)

Deux passagers à bord d’un avion bavardent de tout et de rien.

— Dis, connais-tu Ottawa?
— Ottawa? Bien oui, c’est la capitale… c’est une ville ennuyeuse; pleine de fonctionnaires. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça?
— Bien… j’ai entendu dire qu’Ottawa avait… un son.
— Un son?
— Oui! Même plus que ça. La capitale est une ville branchée avec son identité culturelle, sa musique et son énergie. Il y a une scène artistique en ébullition.
— OK, je t’écoute. Présente-moi un artiste Ottawa.

* * *

À Ottawa il y a du talent à revendre et comme le dit si bien la devise de la province, tant à découvrir. Par exemple, depuis une décennie le FLO, né Jeff Homère, charme les auditeurs, les poussent à réfléchir et même à se déhancher sur les pistes de danse. En effet, cet artiste d’origine haïtienne a su dès un jeune âge qu’il souhaitait poursuivre une carrière musicale. Il crédite en particulier l’un de ses enseignants de 12e année, Jean-François Thibodeau, pour lui avoir fait découvrir qu’il est important d’avoir des rêves, d’y croire et de les mener à terme. Ce rêve c’était de créer de la musique en français.

La musique coule dans les veines de FLO. De nombreux groupes et chanteurs solos de la Compagnie créole à Micheal Jackson ont permis de le former. À 12 ans il reçoit l’appel musical, ce rythme mythique qu’il ne put ignorer. À 14 ans il se lance pour de vrai après qu’un copain l’introduise au hip-hop. C’est le coup de foudre. Il dévore les disques compacts.

En 2005 il forme le duo RenESSENCE avec YAO. Dès lors on s’intéresse à lui. Le rythme, la créativité et la verve de ce duo étaient un pas important dans la création de l’identité de ces deux artistes.

Souhaitant œuvrer dans le monde musical, sous toutes ses formes, il fait école en prise de son chez Fat Dog Productions à Ottawa. Autodidacte, il découvre le monde musical sur le tas. Sans oublier qu’il devint pisteur radio et travailleur culturel au sein de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). Dans tous ces boulots, et davantage en tant que chanteur, compositeur, interprète, ce qui importe c’est le fil conducteur de la musique. Qu’il bosse en groupe ou en solo, l’artiste trouve toujours une énergie qui l’anime. Que ça soit de lancer des idées avec un ami de longue date pour une collaboration, ou écrire seul avec ses émotions, FLO a ce désir de communiquer par le biais des paroles et des mélodies. Ce sont des histoires qu’il raconte, fruit de son inspiration qui le frappe à des moments improbables. Puisant dans le monde qui l’entoure, des bribes de conversations qu’il entend et son vécu, FLO exhibe ses rêves, ses tracas, ses amours… bref : sa vie.

Son inspiration le mène à lancer l’album Partir pour revenir (2012). La première partie d’une trilogie musicale qui a servi à le présenter à une foule de mélomanes. Après une longue pause, il frappe à nouveau avec un second titre: Bâtir pour établir (2014). L’année 2015 fut marquante dû à sa nomination comme découverte au gala des prix Trille Or. Cette soirée haute en couleur confirme qu’il se trouve à œuvrer dans le bon domaine et qu’il persévérera.

Une fois de plus, FLO témoigne de sa polyvalence avec le troisième volet de son opus qui marque un renouveau. En effet, l’album qui paraîtra à l’automne 2016 offrira des collaborations excitantes avec le réalisateur Sonny Black (derrière des succès de Corneille et K-Maro) ainsi que des artistes de jazz, de rap, de folk et bien entendu de hip-hop. Julie Kim des Chiclettes, Le R, Kristine St-Pierre et son collaborateur de longue date, YAO, insuffleront un mélange hétéroclite de sons à cet album longuement attendu qui promet de montrer une évolution rafraîchissante d’un artiste qui mise sur son authenticité.

D’ici là, le tube Good Times de Riddim Park, un artiste français, le met en vedette. C’est impossible d’être indifférent à cette chanson qui invite à la danse dans les boîtes de nuit ou de hausser le tempo lorsque l’on fait du cardio au gym!

FLO, c’est la fierté, la loyauté et l’originalité. FLO, c’est suivre sa légende personnelle et sa passion, peu importe les obstacles. C’est participer à la vitalité linguistique d’un groupe minoritaire et être des notes ineffaçables dans la portée du son ottavien.

Un portrait signé Pierre-Luc Bélanger